…. où comment couler un bateau mité en quelques mois ?
Les agents de Pôle emploi ont débrayé ce mardi 9 novembre.
Motif, les 1800 contrats supplémentaires créés pour faire face à la crise arrivent à leur terme. Les finances de la maison n’étant pas extensibles à l’infini, ces contrats ne devraient pas être prolongés, la lettre de cadrage budgétaire étant claire et nette sur ce point.
Chacun devine que ces personnels d’appoint, déjà peu formés et passablement discrédités voire démotivés, vont connaître – mais cette fois-ci de l’autre côté de la barrière – le sort habituellement réservé aux clients de l’agence.
Mince revanche pour ceux qui sont tombés entre leurs mains ces derniers mois.
Accumuler les erreurs de casting en si peu de temps est un exploit peu commun.
Quand on sait qu’un nombre important de structures associatives agissant depuis de nombreuses années dans l’accompagnement des demandeurs d’emploi ont été écartées des marchés publics au profit de grosses officines pratiquant une forme d’abattage industriel encouragé par un cahier des charges inepte, on peut s’interroger sur les motifs qui dictent ce genre de chavirage « stratégique ».
La perte de sens est le terme fréquemment avancé par l’UROF, une organisation représentative des structures d’accompagnement, qui plaide pour un dialogue franc et constructif avec Pôle emploi et qui l’attend toujours.
Pour les agents soumis eux-mêmes à rude épreuve et qui vivent au quotidien cette perte de sens, le cahier de doléance ne retient que les conditions de travail qui se dégradent, les cadences qui explosent, les formations au rabais pour eux-mêmes autant que pour les demandeurs d’emploi, et fait nouveau, le management par la pression du chiffre et le stress qui en résulte. Comme chez les Télécoms, les agents craquent et pas qu’un peu.
Cette difficulté à communiquer n’est pas nouvelle et plutôt que de reconnaître des difficultés financières et managériales, la direction de Pôle emploi s’enfonce dans la langue de bois, avec des communiqués (un robinet d’eau tiède) de plus en plus alambiqués, qui masquent difficilement l’absence de conviction du porteur du message.
Perte de sens, voilà le mal et c’est un mal qui s’infiltre dans tous les étages de la maison, du sol au plafond.
Plus la direction de Pôle emploi tente de se persuader de l’efficacité de sa mission, plus elle s’enfonce.
Le patron, Christian Charpy peut dire ce qu’il veut, son argumentation tient plus de la méthode Coué que d’une analyse objective de la situation, laquelle devrait logiquement conclure à un naufrage de la maison.
Car objectivement, la question que se posent beaucoup de personnes, c’est à quoi sert Pôle emploi en ce moment ?
Si la partie dédiée au calcul des droits fonctionne à peu près normalement, le reste ne suit pas, sauf les promesses.
Dans les grands centres urbains, l’emploi est rare et ne se trouve plus guère que dans le fameux marché caché. Les offres mises en ligne sur le site www.pole-emploi.fr sont trop souvent de piètre qualité et très mal actualisées.
Certains demandeurs d’emploi finissent par se croire obligés de faire le pitre sur un clip vidéo pour se faire remarquer.
Pâle emploi, oui c’est le mot.
Puisque Pôle emploi délègue de plus en plus ses services à des prestataires externes, agences d’intérim en tête, nous nous acheminons lentement mais sûrement vers une réalité plausible, la future privatisation de l’agence.
Le monde du travail a évolué, internet est aujourd’hui une réalité et trouver un emploi grâce à Pôle emploi relève presque de l’exceptionnel. Chacun pourrait vite apprendre à s’en passer, s’il n’y avait pas cette obligation administrative…
Si l’agence ne peut être tenue pour responsable de la dégradation de l’emploi, elle a , devant l’opinion, failli au service minimum attendu, à savoir : l’empathie.
http://www.dailymotion.com/video/x91fxp_stivostin-je-veux-travailler_music (à voir pour se détendre)
Lectures :8347
Comment un pouvoir peut-il soutenir sérieusement qu’il lutte contre le chômage en réduisant les effectifs de l’agence d’Etat chargée des reclassements ? Qui peut croire un tel mensonge ?
Merci de cet article, Yohan. Une fois de plus, après la Poste et la SNCF entre autres, nous assistons à la dégradation volontaire d’un service public afin de justifier sa privatisation, c’est bien clair maintenant.
Bonjour,
Effectivement c’est tout le service public qui est attaqué sciemment.
Ex-agent du RSI, j’ai vécu ces regroupements bien orchestrés. On mélange (commerçants, artisans, caisses maladie, urssaf)dans un shaker (sans alccol)on secoue et on laisse mariner.
Les problèmes sont traités au coup par coup, comme plus haut…
Les adhérents sont à couteaux tirés avec les employés qui n’en peuvent mais…
En Décembre 2009, dans mon service, nous avons été 4 à partir en retraite, sur 9, non remplacés bien sûr
Si ce n’est pas pour empêcher la continuité du contact et du service entre l’organisme et ses adhérents, c’est quoi? 👿
La dégradation volontaire d’un service public ? 😆
Les agents de l’ex-ANPE ont-ils jamais trouvé d’autres emplois que les leurs ?
Tous les agents du service public ne sont pas des « planqués ».
Beaucoup ont conscience de leur rôle à tenir dans la société, encore faut-il qu’on leur en donne les moyens. Quand je dis moyens, je ne parle pas de salaire, mais -effectifs, logistique, informatique, soutien des cadres dans leur démarche-
Au lieu de celà, on pourrit systématiquement la vie du « service » et du « public ».
Ayant jamais eu affaire à Paul Emploi je peux rien dire . Par contre un jour , pour me mettre en conformité avec Urssaf j’ ai donné une quinzaine de coups de téléphone dans la journée et jamais jamais jamais personne n’ a décroché . Vous avez dit bizarre ?
Non ce n’est pas bizarre, c’est insupportable. Des plateformes téléphoniques sont installées partout. Complètement submergées, avec au bout, très souvent des agents mal ou non formés. Ces plateformes empêchent d’avoir un accès direct avec une personne qui traite les dossiers et serait à même de renseigner utilement. Cherchez l’erreur.
C’est tragique, mais même avec la meilleure volonté du monde pour créer une agence de l’emploi aussi performante et humaine que possible, cela ne changerait rien sur le fond : le sous-emploi est là pour très très longtemps, à la fois à cause du dumping social et fiscal de la mondialisation délocalisatrice et de l’évolution des sciences et techniques. Va falloir tout revoir de A à Z bien en amont de Pôle Emploi, et pas qu’en France.
Marsu
Justement, c’est justement lorsque l’emploi est rare que les usagers ont besoin d’information à haute valeur ajoutée. L’illusion de Pôle emploi, est de penser que tout le monde a besoin d’elle. Or, bon nombre de chômeurs savent parfaitement se débrouiller sans eux, mais le système actuel oblige à les suivre une fois par mois ce qui est une équation impossible qui nécessite d’énormes volumes d’embauche. Actuellement, je dirai qu’on fout l’argent par les fenêtres en s’y prenant comme on le fait actuellement et de plus l’info délivrée par les agents de Popol n’a quasiment pas de valeur ajoutée. Voilà le problème à force de vouloir trop faire elle ne fait rien de bon.
Il suffirait que Pôle emploi consacre ses efforts aux moins autonomes, à ceux qui notamment ne disposent pas des outils (internet)ni des réseaux.
Avec un peu d’intelligence, on pourrait faire de Pôle emploi un outil performant. c’est possible, encore faut-il casser les hierarchies pesantes et sclérosantes et moderniser la boutique avec des ordis modernes et des professionnels compétents.
@ Yohan
Bien sûr que Pôle Emploi est un service géré en dépit du bon sens et dans le plus total mépris de son personnel et des chômeurs, et qu’il faut y remédier, mais ça ne change rien sur le fond, c’est ce que je voulais dire dans mon commentaire. Pour le reste Léon a raison dans son commentaire ci-dessous : « il ne faut pas s’illusionner, le seul chômage pour lequel ces organismes peuvent faire quelque chose est le chômage frictionnel celui qui résulte de la non rencontre des offres et des demandes d’emploi. Mais les pôles emploi ne créent pas les emplois. S’il n’y en a pas ils seront toujours considérés comme inefficaces ».
On est d’accord
Salut CVaptain,
Effectivement, c’est un coup de maître des administrations qui ont trouvé le moyen de ne plus communiquer avec l’usager : les serveurs vocaux sont une plaie, taper 1, 2 3 4 5 6 et au bout de cinq minutes « désolé, par suite d’encombrement…veuillez renouveler votre appel ». Idem pour Pôle emploi, personne ne peut plus joindre son conseiller, pas plus que les partenaires de Pôle emploi. Pour l’AFPA idem, trouver un interlocuteur pour une formation précise est devenu mission impossible. Plus on parle de communication, moins on communique. Les portables c’est la plaie. Avant on téléphonait, la personne répondait et basta..aujourd’hui plus personne ou presque ne décroche immédiatement. Certains font en sorte de ne plus répondre aux « importuns ». Moralité, retour un bon vieux courrier postal pour rappeler un client indélicat.
Dites un coup de maître des directeurs des administrations et du gouvernement qui prennent en « otage », désolée pour cette expression si galvaudée, les agents et les administrés. Lorsque on arrive, après bien des péripéties, à rencontrer un adhérent, un assuré, quelque soit son nom, les problèmes peuvent être réglés, justement par la rencontre, la discussion, et la recherche de la solution en commun.
C’est malheureusement ce qui n’est plus d’actualité. L’agent est là pour faire ce qu’on lui dit, sans état d’âme et l’autre, puisqu’en tant qu’usager nous sommes considérés comme l’autre,subir, payer et se taire.
On sait que pour que l’accompagnement des chômeurs soit efficace, un agent ne doit pas en suivre plus d’une vingtaine à la fois. Avec plus de 100 chômeurs par agent, il est clair qu’on ne fait que brasser de l’air. Enfin, il ne faut pas s’illusionner, le seul chômage pour lequel ces organismes peuvent faire quelque chose est le chômage frictionnel celui qui résulte de la non rencontre des offres et des demandes d’emploi. Mais les pôles emploi ne créent pas les emplois. S’il n’y en a pas ils seront toujours considérés comme inefficaces.
L’article est vraiment bon, il évoque ce que vivent pas mal de demandeurs d’emplois.
A une époque, j’ai eu la « chance » de passer par un des sous-traitants qu’évoque si justement Yohan, c’était une catastrophe. On m’avait déjà diagnostiqué mais je n’avais pas encore de reconnaissance officielle de travailleur handicapé, et il était visible que le dit cabinet ne savait pas quoi faire de moi.
Maintenant, je dépends de Cap Emploi pour le volet de la recherche d’emploi, et même s’il n’y a pas de miracle (je travaille quand même pour le moment), ça se passe mieux. Par contre, le problème du « marché caché » est très difficile à résoudre quand on est dépourvu de réseau.
Salut Wald
Je ne sais pas où tu résides mais il y a sur Paris un organisme qui propose pas mal d’emplois réservés aux handicapés : GROUPE LB DEVELOPPEMENT
131, boulevard de Sébastopol 75002 – Paris
Tel : 01 48 01 81 81 http://www.lbdeveloppement.com
Salut Yohan,
Merci du renseignement pour commencer.
Je verrai sur leur site tout à l’heure. Je suis lyonnais mais il y aura peut-être des choses qui pourraient m’intéresser.
demander Madame Bourgeois
Cette réforme sarkozyste du pôle emploi est typique de tout ce qu’il fait : de la comm. C’est une réforme disons, logique sur le papier mais qui, dépourvue de moyens n’a produit que des difficultés supplémentaires pour le personnel et si la gestion des dossiers d’indemnisation n’est ni pire ni meilleure qu’avant, le volet aide à la recherche d’emploi, faute de moyens est un échec lamentable.
D’après Colre, pour la réforme de l’autonomie des universités, c’est pareil.
Précisément, Léon.
Je suis en mesure d’effectuer une révélation historique, capitale: le président connu sous le nom de Nicolas Sarkozy n’existe pas. C’est une personne créée de toutes pièces par la comm’, à laquelle un acteur, mauvais du reste, prête un visage peu avenant.
Cette imposture explique bien toutes les bévues de l’acteur, qu’un véritable président n’aurait jamais commises.
Philippe,
je me disais bien aussi… 😆 mais quelle erreur de casting 😯 🙄 ❗
Ce sont les banquiers qui ont trouvé le système. Mais tu connais les banquiers, en matière de théâtre il leur manque pas mal de choses. Aussi ont-ils raté leur marionnette. N’est pas Guignol qui veut. 😀
Mais c ‘est bien sûr , si Sarko n’ existe pas c’ est pour ça que les orgasmes de Carla ne dépassent pas le murmure du son ….
Non, non, c’est feint. Et fin.
Bonsoir Yohan
Lu sur le site pole-emploi : Les deux tiers des usagers de Pôle emploi satisfaits du service (…) Près de deux ans après sa création, Pôle emploi a su trouver sa place.
Bon, il ne faut pas se leurrer, ce sont des boîtes privées internationales qui ont pris le marché de l’emploi. Par exemple, OI Parteners inc. (Chicago) s’est implanté dans 40 pays et dans tous les pays européens : Belgique, France, Allemagne, Italie…Russie…etc. BPI Group is the unique representative in Europe for OI Partners Inc.
– Réussir les restructurations
– Renforcer la performance
– Valoriser le capital humain… que du bonheur!
Intéressant leur réseau & partenariats
Cette boîte américaine s’est également spécialisée dans la restructuration des services publics et leurs « services » coûtent très chers à l’Etat français.
voilà voilà pour compléter
Accompagnement des réformes et des transformations dans les entreprises et organismes publics
BERNARD BRUNHES CONSULTANTS EST LA SOCIETE DU GROUPE BPI DEDIEE AU SECTEUR PUBLIC
Accompagnement des réformes ah! le langage du businessman c’est un peu comme le langage du Panda, faut avoir le BON dictionnaire
Causette
Satisfaits de quels services ??? évidemment si on mixe les services de calcul des droits à celui de l’accompagnement c’est biaisé. Un sondage maison j’imagine
Bien sûr que ce sont des messages « maison ». Le premier suicide chez pole-emploi c’était il y a environ deux ans.
Merci Yohan pour ton article . Une de mes nombreux beauf a préféré partir de l’ANPE, au prix de loures pertes en échelons, salaires et et annuités.
L’ersatz pole emploi qui a pris la place était mort né à sa création … Ce qui n’était pas une surprise pour ses « créateurs »