Wynton Kelly est des ces pianistes de jazz qui savent vous mettre cosy un jour de grisaille. J’aime ce swing primesautier qui vous donne l’illusion d’être le monsieur élégant et racé qui se tape un southern comfort-tonic devant la piscine d’un Palace…, vous savez celle qui voit des centaines de biftons remonter lentement avec les bulles.
Longtemps étiqueté sideman de talent, il est de ceux que l’on compare à Erroll Garner. Pourquoi faut-il d’ailleurs toujours chercher à comparer s’agissant des seconds couteaux ?
Pourquoi ne pas lui reconnaître tout simplement d’être Wynton Kelly, ce petit gars de Brooklin né de parents antillais de la Jamaïque qui possède ce style bien à lui, marqué par une attaque franche sur le clavier et de petites sautes facétieuses qui confèrent à son jeu de élégance, du pimpant, même dans registre lent.
Très jeune, attiré par la musique afro-américaine et le Rythm’n’Blues, il fait ses gammes dans de petits orchestres et accompagne la diva du blues de l’époque, Dinah Washington.
Il ne tarde pas à se faire remarquer et c’est ainsi qu’il se retrouve en studio aux côté de Lester Young, Dizzy Gillespie et Oscar Pettiford pour graver quelques titres au label Blue note, bien connu des amateurs.
Une brève collaboration avec Charlie Mingus lui vaudra se soigner sa réputation, tout autant que son répertoire. De 1958 à 1963, il enregistrera en effet beaucoup sous son propre nom.
La période d’avec Paul Chambers, pour ainsi dire un frère, et Jimmy Cobb est considérée par les puristes comme son apogée musicale.
(Jimmy Cobb, Wynton Kelly et Paul Chambers)
Miles Davis le prendra ensuite à ses côtés, considérant qu’il était parfait pour un soliste comme lui, car capable de jouer presque tout.
Très demandé, il se produira ensuite au côté des meilleurs, John Coltrane, Coleman Hawkins, Kenny Burell, Gene Ammons, Dexter Gordon, Wes Montgomery, Sonny Rollins et j’en passe…
Comme beaucoup d’autres jazzmen de l’époque, il cèdera à son tour aux attraits de l’alcool, surtout après la disparition de son ami Paul Chambers. Il meurt avant l’âge de quarante ans dans une chambre d’hôtel de Toronto, sans qu’on sache trop de quoi.
C’est un fait, l’histoire du jazz fait la part belle aux génies créatifs qui inventent, composent et improvisent, mais n’oublions pas que ceux là ne seraient rien sans des Sonny Stitt, des Wynton Kelly, ces piliers indispensables qui dans l’ombre subliment et assoient créations et partitions…
…et qui partent trop souvent trop vite et sur la pointe des pieds.
Il serait temps de se rendre compte à quel point ce genre de sidemen manquent au jazz d’aujourd’hui.
Bonjour Yohan,
En vérité je connais très peu le jazz. Là j’écoute la vidéo proposé et c’est agréable à écouter.
(pas trop d’amateurs de jazz sur Disons ❓ )
Je passe juste pour saluer Yohan, vu que le Jazz c’est vraiment pas ma tasse de thé à quelques exceptions près. Euh… ben c’est tout !
Je crois l’avoir déjà dit , mais on s’en fout. Je n’y connais rien au Jazz mais les articles de Yohan quand il en parle, alors là j’en redemande.
salut à tous
Je vous propose d’écouter ce morceau. Je sors juste de chez mon disquaire de jazz très content d’avoir pu y dénicher ce double CD de Wynton Kelly d’occase avec Paul Chambers et Jimmy Cobb que je desespérais de trouver, du jazz qui plait en général même à ceux qui n’y connaissent rien
Salut tout le monde. C’est vraiment une vidéo qui m’a plu, en effet, Yohan a raison, c’est bien du jazz qui plait à tout le monde, même à un néophyte comme moi.
Je reviens par ici, juste pour vous proposer Nina, parce que je l’aime bien 😀
http://www.youtube.com/watch?v=eyNKNawrJKA&feature=related
Ouh merci Causette.
Je n’entends pas grand-chose au jazz, mais là ce sont mes jambes qui me disent que c’est bon ! 😉
Causette
Très bon choix
Ah, oui, je dirais même plus : choix excellent !
Moi je suis fan de Brad Mehldau. C’est limite du jazz et méprisé par exemple par Momo et les puristes, mais j’adore. Ca par exemple, c’est de toute beauté.
Ou ça : http://www.youtube.com/watch?v=X7fVnvJSRb4&feature=related
Oui, ça c’est sympa. Mais dans le premier, pourquoi dériver vers une sorte de « free jazz » qui AMHA n’a aucun intérêt ni rythmique ni mélodique ?
C’est toi qui le dis, que cela n’a aucun intérêt « ni mélodique, ni rythmique »…
Oui, c’est moi ;-), et j’ai précisé AMHA.
Je ne comprends jamais l’intérêt de ces longs phrasés sans ligne mélodique apparente (pour moi), qui me semblent exprimer plus une virtuosité gratuite qu’une création artistique. Navré, mais j’ai parfois l’impression que le bassiste ou le batteur font n’importe quoi.
Par exemple dans ceci, de 2’30 à 4′ environ, je suis saisi d’un ennui profond comme des tombeaux… 😉
C’est de l’impro, certes, mais très loin d’être n’importe quoi. Ennui ? faut écouter attentivement… chercher les variantes, les redites, les modulations harmoniques. Comme pour n’importe quel morceau de jazz.
« les variantes, les redites, les modulations harmoniques. »
Désolé, Léon, je trouve que celles-là n’ont pas d’intérêt autre qu’une certaine virtuosité.