C’est un mystère qui durait depuis un peu trop longtemps ( presque deux siècles) Heureusement la SCIENCE a de ces vaillants et intrépides héros qui ne reculant devant aucun sacrifice se dévouent et libèrent l’humanité souffrante des affres des ténèbres de l’ignorance.
L’un d’entre eux s’appelle Claude Schopp , son champ de de bataille , sa mission, son étude, sont la vie et l’œuvre d‘Alexandre Dumas fils.
Vous le connaissez, le monde entier le connaît, mais il est injustement et assez curieusement sous évalué. C’est cette injustice que Claude Schopp tente de corriger.
C’est au détour de ses recherches infatigables en compulsant les documents manuscrits de la correspondance de Dumas, et , tout particulièrement celle qu’il entretenait avec Georges Sand que Schopp tombe sur un machin qui ne tient pas debout.
- « Mais c’est n’importe quoi !
- « mais qui a fait cette transcription ?
- « mais ça ne veut rien dire ….
- « Il y a quelque chose qui cloche là dedans …retournons au texte manuscrit »
Dans ce texte de la correspondance , pieusement conservé et publié dans/sur le site Gallica ( pour les chercheurs en herbe) on peut lire …
On peut lire si on trouve. Et comme bien souvent on ne trouve que si on sait . Pour les buses dans mon genre Gallica c’est l’aventure et bien trop souvent l’échec. On s’y perd , on s’y égare , on s’y épuise …. et on abandonne
Or donc , Alexandre fils fait mention d’une Dame , modèle de Courbet , et dans la connivence feinte d’une pruderie partagée avec Georges Sand , il s’étonne
« On ne peint pas de son pinceau le plus délicat et le plus sonore l’interview de Mlle Quéniaux pour le Turc qui s’y hébergeait de temps en temps…(…) Tout cela est ignoble »,
On peut sentir que Dumas n’appréciait pas trop Courbet qu’il qualifia une fois de « courge sonore et poilue »
Mais l’important est qu’il nous apprend que Constance était le modèle de Courbet .
Ah bon …..
Et avec son pinceau délicat et raffiné il lui a peint « l’interview »….
Mais c’est n’importe quoi !
Regardons mieux. … Non mais c’est pas possib ! Euréka !
Je certifie que C. S. , homme d’une grande culture a bien poussé ce cri qui le range dans la catégorie des grands découvreurs et par là des bienfaiteurs de l’humanité. Ce n’est pas interview mais INTERIEUR qu’il fallait lire !
On peut même se risquer à affirmer qu’il y a eu , depuis près de 2 siècles , un véritable complot pour ne pas voir ce qui crevait les yeux : intérieur . Pfff c’est vraiment n’importe quoi ! Ahhh qui dira les funestes dégâts de la pensée puritano /bourgeoise enveloppée dans l’écrin comparse de la chape germanoprato/stalinienne
De ce déclic jaillit la lumière , tout s’éclaire, même cet objet que la plupart conservent fâcheusement dans l’ombre. Ce qui est bien dommage vous en conviendrez.
Nous y sommes
À mots à peine voilés , Dumas nous apprend que Courbet a peint la chatte de Constance. Il nous apprend par ailleurs qu’un Turc a le bonheur d’y séjourner de temps en temps
Alors c’était elle !
La petite fille, orpheline de père, d’une pauvre ouvrière qui s’appelait Constance Quéniaux et non pas Queniault comme l’écrit Dumas
En leur temps Le Parisien , le Monde , Télérama , le Soir.be, ont fait état de cette découverte…Bien d’autres ont dû se joindre à eux. J’ai gardé le souvenir d’un vague écho au Journal Télévisé .
Merci au défricheur de ténèbres , à ce découvreur de pistes, à ce trappeur de vérités, merci à Claude Schopp.
Engagée à l’Opéra de Paris en 1857, elle y apparut dans quelques seconds rôles jusqu’à ce qu’une blessure au genou ne mette prématurément un terme à sa carrière de danseuse. Mais sous le Second Empire, l’Opéra n’était pas qu’un temple de la danse, c’était aussi là que des messieurs fortunés venaient reluquer des jeunes filles en petite tenue. Dès 1848, Théophile Gautier écrivait : « La jeune ballerine est à la fois corrompue comme un vieux diplomate et naïve comme un bon sauvage. » Donc, comme beaucoup de ses camarades de ballet, la jeune Constance se reconvertit en femme entretenue. Elle y montra tant de talent qu’en une dizaine d’années, elle devint riche. Elle faisait partie de la « haute bicherie » de l’époque.
Elle devint ainsi la maîtresse de Khalil-Bey, ambassadeur de Turquie en France, grand amateur de belles femmes et de jeu. Comme la belle Constance lui portait chance aux cartes, il souhaita l’avoir toujours près de lui. Aussi, demanda-t-il à son ami Gustave Courbet de lui réaliser un portrait très intime de sa muse. C’est ainsi que naquit « L’Origine du monde« . Femme d’affaires avisée, Constance investit dans l’immobilier à Paris et à Cabourg ce qui lui assura une vieillesse heureuse en rentière riche et respectée.
Merci à Michel Koppera
http://michel-koppera.over-blog.com/
Pas du tout accessoirement on peut remercier Nadar de nous avoir transmis des portraits de la Dame et de ses nombreux contemporains qui , sans doute, la connaissaient tous …intimement ou pas .
La lettre de Dumas fils à George Sand, ayant permis de remonter la piste jusqu’au modèle de « L’origine du monde » => https://bit.ly/2IfL3ps puis tournez une page
Au fil du temps, L’Origine du monde a été enfoui sous des couches successives de mystère . On peut assurer qu’à chaque fois il connaissait le même rituel . On le dégageait de son cache (un panneau peint) et on l’offrait à la contemplation suspecte d’un tout petit cercle de convives qui ne manquerait pas d’en faire état . C’est ainsi que Gambetta, dit-on , eut l’honneur de l’admirer.
Le dernier propriétaire privé sera le psychanalyste Jacques Lacan, qui l’acquit en 1955. Ses ayants droit choisirent de donner le tableau à l’État en 1993 en règlement des frais de succession. Deux ans plus tard, il est accroché pour la première fois en public, en France, dans les salles du musée d’Orsay, où il est toujours. Le mythe sulfureux éclate au grand jour, les fantasmes repartent de plus belle, L’Origine du monde continue d’être au musée l’attraction d’amateurs animés de pulsions uniquement artistiques . Qui pourrait en douter ?
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« Le Chateau de Blonay », l’un des tableaux qui ont servi de cache à « L’Origine du monde »
Lectures :9597
Quand la recherche est au service de l’art, cela donne des choses très intéressantes. merci pour ce récit.