N’ayant pour ainsi dire pas quitté Paris cet été, j’ai pu observer jour après jour le nouveau train-train de la ville.
(…)
Paris n’est jamais plus triste que la nuit, aux heures où, en temps de paix, il rutile de toutes les lumières de sa fantastique vie nocturne. Pendant les premiers mois, les cafés fermaient à huit heures, plus tard ils purent rester ouverts jusqu’à dix heures et demie. La peur des Zeppelins fait qu’on met des stores aux fenêtres, aux lampes des abat-jour de couleur, si bien que, sur les terrasses, les clients sont assis dans une demi-obscurité. Chez les particuliers, on baisse les stores tous les soirs en dépit de l’atmosphère irrespirable. Le nez en l’air, les policiers en patrouille prennent note des fenêtres allumées, et les concierges montent les escaliers quatre à quatre pour sonner, pleines de terreur, aux portes des locataires contrevenants.
(…)
Les incomparables monuments de Paris n’en demeurent que plus fermes à leur place. Ils sont innombrables et confèrent une inexprimable noblesse à cette vieille cité splendide et sale. L’esprit de liberté s’élance, silhouette reconnaissable, au-dessus de nous, place de la Bastille. La République occupe fermement sa Place. Les pigeons ont laissé sur la tête et la main de Danton des traces, depuis longtemps ineffaçables, de leur intimité avec le tribun révolutionnaire. Auguste Comte, en face de la Sorbonne, est noirci par la poussière et la suie. Charlemagne et ses deux fils se détachent, plus propres que d’autres, sur leur fond de verdure en face de Notre-Dame. Devant le Louvre se dresse le monument à la gloire de Gambetta, d’un style pompeusement compliqué et sans âme, de même que le monument à WaldeckRousseau aux Tuileries, et, d’une manière générale toute la statuaire de la Troisième République. Inviolable, Notre-Dame vous remplit d’admiration chaque fois que vous apercevez » par hasard » cette création des mains de l’homme. Marinetti, le braillard futuriste italien, veut débarrasser la surface de la terre de toutes les cathédrales et de tous les musées, afin de préparer la voie aux nouvelles formes d’art de l’avenir. L’artillerie est en train de réaliser une partie de ce programme de démolition. Il ne fait aucun doute qu’après cette liquidation, qui n’est toutefois pas menée selon les principes de l’esthétique futuriste, va commencer un nouveau chapitre de l’histoire humaine, et, par suite, un nouveau chapitre de l’histoire de l’art, l’art n’ayant jamais eu de nouveaux chapitres indépendants. La distance historique qui séparera l’humanité de l’avenir, lorsqu’elle se retournera sur elle-même après la guerre, et ce Moyen Age qui a trouvé une expression si parfaite dans les arches de Notre-Dame, se sera accrue, sans conteste, infiniment. En dépit, ou plutôt à cause de cela, l’humanité, capable de créer de nouvelles formes de vie et d’art, pansera toutes les plaies supportées par les vieilles cathédrales et les vieux musées… Il est bon que Notre-Dame existe.
Pour le texte dans son intégralité voir :Léon Trotsky, Extrait d’un vieux Carnet
. https://www.revolutionpermanente.fr/Leon-Trotsky-Il-est-bon-que-Notre-Dame-existe
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hello, je mets le lien vers les propos de Michel Onfray qui me semblent assez pertinents.
https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/content-notre-dame-et-les-miserables?mode=video
Ressentant au plus profond cette « unité organique » de l’Histoire ,et notre appartenance à cet Être universel, j’ai immédiatement ce coup porté au Grand Corps du monument.
Des mots , peut-être du verbiage, et pourtant ce fut ce soir le silence des mots qui me manquaient.Avec la douleur, la peur devant les flammes qui toujours plus haute laissaient présager, on ne sait, pire encore .
Et la colère à l’écoute du fleuve criard d’âneries et d’ignorance des pitres médiatiques .
Et par dessus tout comme un coup de grâce la prestation du pitre en chef….
Rate jamais une occasion d’être mauvais celui là
j’ai eu très peur pour la rosace, les cloches et évidemment les orgues. A l’annonce du feu dans la tour nord…
Bonjour Furtif, à Asinus, à Lapa et à tous
superbe duo
Philippe JAROUSSKY & Julia LEZHNEVA _ Pergolesi: « Stabat Mater dolorosa »
Excusez je pensais être au jardin 😳
Je ne comprends rien aux « Explications en images » du Monde 🙄
https://www.lemonde.fr/incendie-de-notre-dame/video/2019/04/26/incendie-de-notre-dame-pourquoi-ces-videos-ne-prouvent-rien-sur-les-origines-du-feu_5455546_5450561.html
Dans son explication, le chercheur de Cnrs dit comment le bois prend feu mais ne précise le temps (très court de cet incendie)
Pas étonnant
Le but n’est pas d’être compris ni même de présenter un soupçon de début d’analyse sérieuse…
mais mais mais …
…
Nous en avons eu un représentant , il y a deux semaines, du genre acharné Maboulien…..
…
Les analystes de vidéo représentent un créneau que même le Monde ne peut se permettre d’ignorer….
Alors , même si c’est pour les contredire , on leur offre un os à ronger….
Notre-Dame : trois inquiétudes venues d’Allemagne Gabi Dolff-Bonekämper est professeur de conservation et de patrimoine urbain à l’Université Technique de Berlin. Elle a envoyé le texte suivant, écrit directement en français. Vendredi 26 avril 2019 D’abord les éléments de la « forêt » brûlée : ces arbres, coupés et mis en place autour de l’an 1200, ont, même brûlés, une grande valeur historique, scientifique et affective. (…) Ensuite la flèche. Celle-ci fut l’œuvre de trois grands maîtres – Viollet-le Duc, le connaisseur et restaurateur de l’architecture médiévale, Geoffroy-Dechaume le sculpteur qui, avec son atelier, créa la nouvelle galerie des rois et le beau Dieu du portail central de Notre Dame et beaucoup plus, et du compagnon charpentier du Devoir de Liberté, M. Georges, Angevin, l’Enfant du Génie qui inventa la construction en bois, haute et audacieuse. (…) Pour finir, un mot sur la rhétorique des hommes politiques : le Président de la République a annoncé, avec une voix forte et en première réaction au choc de l’incendie, qu’on allait reconstruire « plus beau qu’avant » et cela en cinq ans. La flèche, pour lui ne faisait pas partie du monument. Il s’agit certes d’un geste politique immédiat, pour vite consoler le peuple et se placer à la tête d’un mouvement réparateur. Même dans un tel moment, on ne peut pourtant ignorer la recherche de l’histoire de l’art et oublier les détails d’une législation, pourtant de longue tradition, sur la protection des monuments historiques en France, pour laquelle œuvrait, d’ailleurs, entre autres, Victor Hugo avec sa polémique de 1825 (« guerre aux démolisseurs ») et avec son roman Notre-Dame de Paris que tout le monde semble relire ces jours-ci. Mais ensuite, et plus sérieusement, le Premier ministre a annoncé déjà un concours d’architecture pour une nouvelle flèche, qui ferait signe et symbole de XXIe siècle ! Et, il a vite nommé un général cinq étoiles chef du projet de reconstruction de Notre Dame au lieu de demander, auparavant, l’expertise et le soutien des services du patrimoine de l’État et des historiens de l’art notables des universités parisiennes. Je déplore ce grand écart entre l’État et ses ministres, et les administrations et institutions expertes pour le patrimoine qui œuvrent, pourtant, pour l’État. Serait-ce une suite collatérale de la décentralisation des services du patrimoine au profit des régions, réalisé depuis bientôt vingt ans ? Elle a certainement rapproché les agents du patrimoine du… Lire la suite »
Photos au début de l’incendie
première : 18 h 55’ 15″
https://www.latribunedelart.com/des-images-du-debut-de-l-incendie-de-notre-dame
François Baudequin habite boulevard Saint-Germain, près de Maubert-Mutualité, et il a été un des premiers à voir le feu démarrer à Notre-Dame
« J’habite en face de Notre-Dame qui, pour moi, est au nord, légèrement à l’est. En rentrant chez moi lundi dernier, vers 18 h 30, 18 h 35, j’ai une vue très dégagée sur les toits de Notre-Dame et notamment la flèche. J’ai vu qu’il y avait un peu de fumée mais qui me paraissait être une fumée pas très importante comme je ne sais pas un cageot qui brûle ou un barbecue, je trouvais ça curieux mais sans y prêter beaucoup d’attention. La fumée était au niveau du plateau de l’échafaudage et au sud-est de la flèche, très près de la flèche. Je ne voyais pas de flamme, que de la fumée qui sortait.
…
Article intéressant
https://www.marianne.net/societe/notre-dame-de-paris-nous-avions-alerte-le-cnrs-sur-les-risques-d-incendie
Comme nous ne sommes plus dans la précipitation complotiste…
On peut se permettre de poser quelques questions simples.
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*Pourquoi Notre Dame n’était-elle pas dotée de systèmes anti incendies de qualité….
*Si il y en avait
*Pourquoi n’ont-ils pas été efficaces