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Attendez vous à affronter le plus incohérent de mes (abusivement nommés) articles. Vous vous y noierez d’abord dans des considérations générales sur l’Antiquité, la psychologie et la mentalité supposées des hommes de ce temps là.Il est pour une grande part le fruit d’une lecture bouleversante
__ La route de la soie ou les empires du mirage de E. & F-B HUYGHE__
__ d’une gageure stupide : vous donner des éclaircissements sur une ânerie à succès typique de Maboul Vox ,
et , d’une lecture supplémentaire
__ Les Grecs ont-ils cru à leur Mythes _ de Paul VEYNE.
Si le premier m’a étourdi par la multiplicité des questions auxquelles il apportait des réponses, le second m’a laissé dans un grand désarroi . Il m’a montré que la question, que je m’étais imprudemment posée , réclamait une érudition et une réflexion , que je n’avais pas ,pour l’une , et à peine entamée , pour l’autre.
Et puis….
Et puis , c’est prostré , dans ce que le spectateur pourrait nommer de la nonchalance de feignasse , qu’il m’a fallu attendre , comme toujours, que tout ça se décante et devienne mon histoire. Car pour moi l’appropriation/réflexion a toujours consisté en une sorte de digestion où rien de volontaire n’intervenait…C’est ainsi que des dizaines d’articles ont sombré dans les méandres de cette????activité cérébrale ???
Vérité et Foi
L’historien contemporain qui ,les interpellant, demanderait aux anciens de faire le partage entre science et croyance intenterait un faux procès à des hommes qui ne différenciaient pas encore l’une de l’autre.
Tout était contenu dans un savoir lui même réservé à une mince couche de lettrés . Il leur venait de très loin ,d’avant le néolithique. Acquis empiriquement et transmis sans cesse, la hache , le feu, l’arc le propulseur, l’aiguille à chas , la taille puis le polissage des pierres dures , la roue … constituaient un bagage fait essentiellement de mise en œuvre. Dans une sorte de filiation / transmission, des prêtres , architectes, mages de l’Égypte pré pharaonique aux géomètres grecs de Didyme tout le savoir était plus ou moins indifférencié et porté par une population plus que réduite.
L’astronomie était le support d’un conception du monde , source de mathématiques et matière à réflexion morale et construction religieuse. Savoir concret, superstitions, animisme et idéalisme étaient mêlés si étroitement que le méridien d’Erasthotène quasiment exact cohabitait avec la théologie , l’ésotérisme le plus frénétique, le goût des miracle et l’Espérance salutiste quand l’Antiquité accoucha de cette idéologie. Le tri/ évaluation/comparaison de l’observation scientifique n’en était qu’à ses balbutiements.
Qui, d’ailleurs aurait pu remettre en cause les affirmations péremptoires sur le respect dû à Athéna quand celui qui les professait avait présidé ou participé à la construction du temple. Qui aurait pu se moquer des rites farfelus du prêtre docteur d’ Épidaure ou des borborygmes des oracles ou de la Pythie . Pour s’y être risqué Socrate y perdit la vie. Pour, protéger , conserver et perpétuer ces fariboles mythologiques , il n’y avait pas que des tribunaux athéniens à la recherche de boucs émissaires. Six siècle plus tard la marche à l’envers d’ Elagabal d’Homs/Emese => à Rome provoquait bien des éclats de rire …… mais pas trop ouvertement.
Qui aurait pu avoir la certitude au point d’aller se planter face au pitre et lui dire Stop ? Même si on parvenait à se moquer des mages et devins , on les craignait. La Masse indifférente ou méfiante laissait faire.
Kepler produisait régulièrement des horoscopes pour son Empereur protecteur et , il n’y a pas si longtemps , une certaine Élisabeth soutint en Sorbonne une thèse dont le corpus n’était pas essentiellement sur papier.
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Comment trancher entre les fariboles et les certitudes . Encore eut-il fallu poser la question ? . Tout venait des anciens , répété , compilé. Les anciens n’étaient-ils pas respectables ?. Et…La respectabilité du jour ne tenait-elle pas à une scrupuleuse reproduction de leur enseignement. Quelques grands sages se distinguaient en se hissant un peu plus haut, mais cette notoriété ne venait-elle pas d’un fils de Prince acceptant , dans une humilité politique de suivre la leçon d’un maître à la mode ? N’était-ce pas par un effet de réclame . Une sorte d’effet de mode déjà. Car quand on avait suivi les leçons de Machin de Millet, Bozo d’Alexandrie ou Tartempion d’Ephèse on le faisait savoir , on le mettait sur sa plaque ( pour ainsi dire)
Sur le podium des célébrités ,un cran au dessus des philosophes on rencontrait les mages , astrologue, devins et oracles . Ceux là avaient tant de succès qu’ils devaient à proprement parler : refuser du monde. Ne cherchez pas , hier comme aujourd’hui le meilleur des filtres était le tarif….Quand Septime Sévère général Libyen entama la carrière qui devait le conduite à l’Empire, il passa par Emese/Ohms dont il épousa la fille du Grand Prêtre. La légende familiale voulait que l’ancêtre ait été littéralement frappé par la foudre en ayant embrassé une météorite au
moment de l’impact….Les Bassianus étaient une des plus grosses fortunes d’Orient.. En général la prospérité de leur art ne tenait pas à la plus grand efficacité de leur « industrie » mais au fait qu’il s’adressait à la plus vaste clientèle qui soit. Des Esclaves aux Princes ils ratissaient tout, même la ridiculement mince couche des lettrés .
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Mais le savoir; le vrai, le philosophique n’était transmis que par l’écriture. En vérité ce que l’on prisait par dessus tout était un bon vieux conteurs d’histoires., les récits de voyages. On peut affirmer sans risque que le récit de voyage est le genre qui eut le plus de succès à travers les âges jusqu’à l’avènement du Roman au XVIIè , sa gloire du XIXè et encore….
Car les hommes bougent et quand ils n’osent partir , ils sont avides d’entendre les autres parler de leurs voyages. Et pour voyager, ils ont voyagé et là nous avons des preuves. Car ils ne partaient pas les mains vides . Des silex, des lingots d’étain, du jade , de l’ambre , des pierres précieuses, de la soie, des hommes …….Sur des milliers de km.
Par delà les siècles il y eut des peuples de voyageurs . Mais il y eut aussi le quasi peuple des raconteurs . Le succès était tel que l’on pouvait en vivre . Leurs histoires / récits/ savoirs étaient transmis/répétés dans une compilation généralisée . Inventées loin d’ici vers l’Est elles se retrouvaient loin là bas vers l’Ouest . Ces voyages en caravanes ne concernaient pas quelques individus mais de très vastes groupes allant jusqu’à plusieurs milliers. Depuis la plus haute antiquité voire bien avant. Le site archéologique de Gögeckli Tepe et les concentrations humaines qu’il implique viennent valider cette hypothèse.
Ce même site valide à mon sens l’hypothèse personnelle du Déluge par ouverture de la mer de Marmara sur la Mer Noire . ___ événement postérieur à Göblecki Tepe __
Combien de centaines de milliers en entendirent-ils parler du Nord au Sud. Combien en conservèrent-ils les techniques sur aussi loin . De tels prodiges ne pouvaient être le fruit que de la Bienveillance divine. Ceux qui l’avaient fait, ceux qui avaient appris à le faire et ceux qui en conservaient le souvenir baignaient dans la même atmosphère .Le même monde mental . Évoquer tous ces anciens participait du rite et de la formation à la fois tout en rendant un culte aux Dieux. Le conteur/ poète, le prêtre, le mécanicien géomètre faisaient le lien entre le monde terrestre et le céleste.. Orphée Le Poète mythique faisait pleurer les pierres , Imhotep ou bien plus tard ( plus de 2000 ans) le chef de Chantier du temple d’Apollon de Didymes traçant les demi gabarits des tambours des colonnes courbes , l’arpenteur , le médecin ; tous sont du même Cosmos.
….Après cette tentative de présentation du paradigme mental de la période il ne faut pas manquer d’y apporter un correctif. Que nous restions interloqués devant l’inconsistance des croyances de l’Antiquité, ne doit pas pour autant nous faire prendre l’Homo Anticus pour un Neuneu prêt à tout gober. Pendant des millénaires la foi en des Dieux quels qu’ils soient et les rites soutenaient les fondements des protos états , des royaumes, des cités.Les institutions terrestres prétendaient être le reflet des articulations cosmiques.
Peut-on dire objectivement que cela ait beaucoup changé depuis ?
On est amenés à faire un constat : les érudits, entre eux, évitaient de se contredire ou se nuire. Les compilateurs entre eux étaient plutôt du genre à se passer les plats. La Vérité étant d’ordre divin , les anciens de qui on la tenait étaient forcément sages. En apparence on était plutôt du genre « Toutes les cultures de valent » avec le correctif très importants que les rapports économico militaires conduisaient à l’esclavage . Ce léger détail vient abattre les beaux édifices de ceux qui voient l’Antiquité comme un Age d’or proche de la Nature . On en serait encore là si les géomètres, les arpenteurs, les artisans, commerçants peseurs de denrées et les voyageurs n’étaient venus mettre une salutaire panique dans cet Ordre du Monde Idyllique.
Sauf que cet « esprit arpenteur mécanicien » n’avait aucune considération sociale dans un monde antique qui résolvait tout par le recours à la main d’œuvre servile.
La chute de l’Empire Romain n’ouvrit pas les portes aux arpenteurs mécaniciens au contraire elle en diminua les commanditaires , la nécessité d’y avoir recours . Le béton marin, le feu grégeois , les aqueducs et les itinéraires vers l’Orient tombèrent dans l’oubli. La chape chrétienne fit l’inventaire qu’elle put. Les pertes étaient immenses. Quelques bribes d’œuvres notables furent sauvées , recopiées , parfois dénaturées. D’autres s’accaparèrent le fond à leurs profit( les Arabes) Certains stockèrent des trésors mais les stérilisèrent par leur non emploi. Le monde se rétrécissait . L’occasion du 1er 2ème siècle , brève période où les capitales chinoises et romaines se connaissaient ( se savaient) avait été ratée.
Les annales chinoises du « Heou Han Chéou » en font foi : « en la neuvième année de la période Yên-Hi (i. e : en l’an 166 de notre ère), sous le règne de l’empereur Houan’ti, à cette époque, An-toun (i. e : notre Marc-Aurèle), souverain du Ta-Tsin (i. e : Empire de Rome), ( prononcer Datchine) envoya des ambassadeurs au Fils du ciel, lesquels arrivèrent par le Fou-nam et le Champa (i. e : le Cambodge et l’Annam), après avoir fait le grand tour. Ils offrirent à l’empereur des défenses d’éléphant, des cornes de rhinocéros et des écailles de tortue. Alors commencèrent les relations directes avec cette contrée ».
Une autre légende qui n’en peut-être pas une : Les romains de Crassus capturés par les Parthes à Carrhae, ( 53 av JC) auraient été contraints d’aller tenir garnison dans une satrapie tout à l’Est aux pieds des Pamirs. Là, capturés par les chinois il se seraient retrouvés implantés dans le Ganzu où….. On chercherait aujourd’hui dans l’ADN des populations la confirmation de la rumeur et l’explication d’un taux incongru de leucodermes aux yeux bleus ou de blonds.
Les contacts cités plus haut ont sans doute été l’œuvre de marchands navigateurs ayant pris la route Sud. Erythrée ⇒ Trabopane, ⇒Sumatra ⇒ Champa ( région de Da Nang/ Hué)
Les Hioung Nou ( peut-être « nos »Huns) d’une part et les Goths de l’autre avaient rompu le fil en deux endroits. Puis, en un seul siècle le surgissement arabe emporta tout de Gibraltar à Antioche et à Talas.
Nous rencontrons ici un thème très en faveur à notre époque =L’armée perdue . À ma connaissance de l’Antiquité à notre époque il resta en jachère . Sa réapparition fut le fruit incongru d’une rencontre inattendue entre l’historien Homer H. Dubs dans une thèse de 1941 avec un « art » ultra contemporain : la Bande Dessinée . Sa reprise par le cinéma n’est que postérieure….J’ai bien vu une dizaine de films qui reprenait le motif quasi à l’identique des brumes d’Ecosse au steppes désolées du Ganzu. Un fait ,assez rare pour être noté, mérite qu’on s’y arrête . Ni Alexandre , ni son armée ne sont à l’origine, cette fois ci , de ce thème mythique. Il s’agirait d’une armée du roi des Perses Cambyse ,deux siècles avant les exploits d’Alexandre, qui serait allée se perdre dans le désert de Libye.
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Sur l’écume du naufrage généralisé de la civilisation flottaient des épaves de légendes aux formes bizarres. Parfois intactes parfois méconnaissables. On ne les trouvait pas selon l’ordre de leur apparition chronologique ou géographique mais dispersées au vent des mémoires qui les avaient conservées.
On conserva les îles flottantes de Néarque ,amiral d’Alexandre ( les baleines ) du 3è siècle av JC et on les retrouva chez Soleyman marchand de Bagdad au IX siècle après JC et bien plus à l’Ouest dans les légendes irlandaises de Saint Brendan.
Les Griffons de Pline ( Livre 7 – 2-2) étaient-ils de la famille des harpies grecques, du dragon chinois , de l’oiseau ROKH arabe , des dragons germaniques ? On en conserva précieusement le souvenir.
On peut ricaner bêtement mais ces élucubrations appartiennent aux fondements de notre civilisation.
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La très authentique et véridique histoire de la Terre Creuse_1_
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La très authentique et véridique Terre Creuse _2 _
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………..Savoir concret, superstitions, animisme et idéalisme étaient mêlés si étroitement que le méridien d’Erasthotène quasiment exact cohabitait avec la théologie , l’ésotérisme le plus frénétique, le goût des miracle et l’Espérance salutiste quand l’Antiquité accoucha de cette idéologie…..
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……….. La chape chrétienne fit l’inventaire qu’elle put. Les pertes étaient immenses…….
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« Le monothéisme judéo-chrétien est le stalinisme de l’Antiquité. »
(Emile – Michel Cioran / 1911-1995 / Carnets 1957-1972)
Les histoires et les légendes viennent de partout et appartiennent à tous…
Peintures murales sogdienne préislamiques
Le Lion et le lièvre
La chasse au loup à sept têtes
La canne aux oeufs d’or
http://www.persee.fr/doc/arasi_0004-3958_1971_num_23_1_1026#arasi_0004-3958_1971_num_23_1_T1_0035_0000
tiré de
L’art de Piandjikent à l’Est de Samarkand pas loin
Pour illustrer la conservation des mythes et légendes par delà l’espace et le temps….
Une amie brillante prof de Français avait cette formule.
« Tout a été écrit »
Un moine chinois au temps des Tang
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Ainsi, de façon étonnante, ils racontent le même miracle que l’un attribue au dieu Vaiçravana et l’autre à saint Thomas.
Pour Hivan-tsang, le khan des Turcs a envahi un couvent bouddhiste à Bactres. Le khan s’apprêtait à le piller quand, dans son sommeil, le Dieu lui est apparu et l’a frappé d’une lance dont il est mort.
Pour le Vénitien l’affaire se passe dans la province de Malabar où les Sarrasins profanent les églises ; le saint apparaît dans le songe du soudard musulman pour le menacer avec une fourche. La comparaison avec Marco Polo se justifie surtout par ce que nous pourrions appeler leur postérité mythique.
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La route de la soie ou les empires du mirage de E. & F-B HUYGHE__ page 184