Les errances criminelles des dirigeants chinois ._ Les Cent Fleurs

Les Communes populaires , les Cent fleurs, le Grand Bond en Avant, la Révolution culturelle , le printemps de Tian’AnMen , la méthode est éprouvée depuis longtemps. Pour résoudre ses rivalités internes ( on appelle ça des contradictions) la bureaucratie chinoise se donne des airs de démocratie et invite ouvertement ou à mi voix les masses à exprimer leur mécontentement, proposer des réformes et prendre en main son destin.

Comme à chaque fois, la vague déclenchée est bien  plus énorme que prévue, les rivaux se réconcilient alors et décident d’un massacre quitte à livrer

Prisonniers retournant dans la prison de Jiangbei après leur journée de travail dans des champs de coton – 27 04 1998 © Reuters

quelques boucs émissaires à la vindicte populaire .

La République populaire de Chine proclamée le ler octobre 1949, la sanglante dictature de Tchang KaïTchek  balayée,  les immenses propriétés foncières et les principaux secteurs du capitalisme sont expropriés . C’en est fini de l’âge d’Or des trafics et des « concessions » impérialistes . Fini les canonnières du fleuve Bleu

La révolution chinoise est l’événement majeur du lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Cette puissante révolution a un caractère bien particulier .

Elle n’est pas le fruit d’un soulèvement populaire de millions de paysans chinois encadrés par une avant garde historiquement issue de ses rangs, mais conduits sous un  embrigadement militaire ancien aux ordres du PC chinois  . Les masses ne furent pas dépossédées de leurs organes autonomes de pouvoir ( conseils, assemblées) , elles furent dès l’origine sous contrôle d’un appareil militaire et politique bâti à l’image Russo-Stalinienne .

Il en résulta immédiatement de multiples problèmes, très graves à l’échelle d’un pays de 500 millions d’habitants.

L’objectif affirmé/proclamé par la direction du PC chinois depuis son congrès du début de 1956 était de « rattraper et dépasser les pays capitalistes avancés ». Perspective qui ne pouvait s’appuyer sur aucune base économique préalable et réelle et qui était vouée à l’aventure et à l’échec. Ce fut immédiatement le cas avec l’expérience désastreuse des « communes populaires », qui prétendait organiser la collectivisation de la production agricole à marche forcée.

Rien n’avait été préparé pour ; la masse des paysans du pays était dans l’incapacité de la mettre en œuvre et allait en souffrir durement. Matériels , semences, formation agronomique . Tout manquait. Plusieurs secteurs significatifs de l’industrie du pays n’avaient été que partiellement étatisés et des segments des anciennes classes dominantes y conservaient encore des intérêts.

Bien sûr au plan mondial Le camp d’en face lui, ne restait pas inactif et organisait son dispositif de combat avec toute l’expérience acquise contre la Révolution Russe, voire celle plus ancienne de l’éradication des expériences utopistes du XIXè siècle

Non seulement les impérialismes installent un blocus économique féroce de la toute jeune République populaire, mais ils essaient de s’accrocher aux vestiges de l’ancien pouvoir de Tchang, qui s’était réfugié à Taïwan pour conserver plusieurs points d’ancrage avec le continent.

Tout cela aboutissait à une situation chaotique, dangereuse pour le pays comme pour sa bureaucratie au pouvoir.

Il s’ensuivit ce que Mao nomma dans son langage inimitable des « contradictions non antagoniques », dont on pouvait supposer qu’elles étaient, dans l’esprit de Mao, entre le peuple et la direction du Parti. Il pensait la jouer fine

Craignant certainement que ces fameuses contradictions passent de « non antagoniques » à antagoniques, effrayés aussi par les explosions anti-bureaucratiques de Pologne et de Hongrie au même moment, les dirigeants chinois estiment qu’elles pouvaient être réglées par la « voie pacifique » non répressive, qu’il fallait ouvrir une vaste discussion avec « les secteurs les plus avancés» de la société chinoise, particulièrement les intellectuels, les étudiants et les cadres intermédiaires du Parti.

Mao lança personnellement cette campagne dans un article tonitruant du Quotidien du peuple du 2 mai 1956 :

Il fallait dire ce que l’on pensait de la politique du pays, ne pas renoncer aux critiques de la direction du Parti, voire de « ses abus », faire des propositions.

Ni Mao ni le noyau des dirigeants staliniens du Parti ne pensèrent qu’ils ouvraient là une formidable « boite de Pandore », que l’appel à la démocratie et aux réformes allait se remplir très vite d’un contenu clairement révolutionnaire. Mao avait lancé dans son article de mai 1956 la formule imagée « Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent ! »

Cela ne fut pas long,

. Les « Cent Fleurs » fleurirent donc très vite et révélèrent de profondes et réelles contradictions.

D’une part il était évident que les racines de la division en classes n’avaient nullement été extirpées et que subsistaient en Chine des points d’appuis solides — dans le cadre de cette économie de pénurie et d’une société dominée par une bureaucratie toute puissante et déjà parasitaire —   Pénurie générale d’une part et ostentation parasitaire des bureaucrates d’autre part,  les conditions étaient réunies pour le succès des partis dits « démocratiques » de la petite bourgeoisie relevant la tête et démontrant qu’ils avaient une audience réelle

Évidemment Le Parti Communiste eut beau jeu de les caractériser comme des « droitiers » en mettant en avant leurs revendications les plus réactionnaires. Il jouèrent dans un premier temps le rôle de bouc émissaires et furent désignés comme les seuls coupables de la situation économique catastrophique

Mais….

L’appel à la démocratie et aux réformes allait se remplir très vite d’un contenu clairement révolutionnaire.

Mais, et c’est là le fait le plus important de la Révolution chinoise depuis 1949, des étudiants, des enseignants, des journalistes, des militants dont la plupart étaient membres du PC chinois depuis des années entreprenaient la critique du régime et mettaient en question la couche de nouveaux privilégiés issus de l’appareil, dénonçaient la caste bureaucratique et la transformation du parti en un appareil répressif.  Chaque jour plus nombreux , ils réclamaient l’instauration d’une véritable démocratie ouvrière.

Ainsi, le journaliste Liu Pun-Van, membre du PC depuis 1944, critiquait publiquement les cadres du parti, « classe privilégiée» disait-il, dans laquelle ne régnait aucune démocratie et « où l’élection n’était que pure formalité » : « Ces dernières années, disait-il, le parti s’est considérablement éloigné des masses, la plupart de ceux qui l’ont rejoint étaient des opportunistes et des béni-oui-oui. » .

On voit alors des étudiants, dont certains sont malgré leur jeune âge des vétérans de la guerre de libération,  poser les véritables problèmes politiques : Lin Hsi-Ling, étudiante de 21 ans de l’université Peita de Pékin, et plusieurs de ses camarades tentent de créer une organisation à l’échelle nationale et ébauchent publiquement dans leur presse un programme proprement révolutionnaire, un programme de révolution politique. Ils dénoncent dans le système existant en Union soviétique comme en Chine l’absence de démocratie alors que le « vrai socialisme » est « très démocratique », ne peut être que démocratique.  Ce groupe qualifie le régime social de l’Union soviétique et de la Chine de « socialisme construit sur la base du féodalisme ». Ses membres condamnent comme « insuffisants » les mouvements de « rectification » du parti, les « méthodes réformistes et les légères concessions faites au peuple ».

Ils affirment : « Les masses populaires ne sont pas stupides, il faut résoudre les problèmes, vaincre effectivement les difficultés et, pour ce faire, il n’existe qu’un moyen, la mobilisation et le soulèvement des masses. »

Le soulèvement des masses ? mais quelle idée saugrenue !

Lin et ses camarades qualifient simplement ce programme de révolution politique de « Nouvelle Révolution ». S’appuyant sur les écrits d’Engels et de Lénine pour démontrer l’impossibilité de la construction du socialisme dans un seul pays, ils tracent la perspective de cette nouvelle révolution en ces termes : « Nous devons chercher à réaliser le socialisme véritable. ….. »

C’est toute une génération qui accédait au premier plan , des militants sincères choisis par les masses qui exprimaient les aspirations réelles du peuple en étant sous son contrôle et en le revendiquant comme méthode de gouvernement.

Lancée par Mao dans le but de se débarrasser des cadres qui lui faisait de l’ombre en se servant du mécontentement populaire, la vague risquait maintenant de les emporter tous ___ et lui avec.

Le coup d’arrêt est brutal.

.

En espérant que l’on ne gardera pas trop en mémoire ses activités de thuriféraire de la « pensée Maotsetoung » ni de ses

Simo,n Leys

campagnes de dénigrement et de calomnies ordurières contre Simon Leys auteur de « Les habits neufs du Président Mao

Jean Luc Domenach dans la revue Histoire explique comment ça se passe.

https://issuu.com/maglhistoire/docs/la-chine-1912-2012-d-un-empire-a-l-autre

Les communistes n’ont pas seulement su se maintenir puis vaincre militairement, ils ont fait leurs classes dans les zones de guérilla, puis dans les zones libérées ; ils ont appris à établir leur pouvoir en s’appuyant sur les élites locales, avant de les liquider progressivement. Et les dirigeants, Mao en tête, se sont révélés d’une extrême lucidité et d’une grande habileté tactique.

..[……]

En 1942-1943, il a lancé à l’intérieur du Parti un mouvement de rectification, conduit par Kang Sheng, chef du « département social », l’équivalent du KGB. Une esquisse de ce que seront les grandes campagnes d’épuration. Mais cela ne l’empêche pas de s’entourer de gens de qualité qui ne lui avaient pas été toujours favorables, comme Zhou Enlai, ou qui ne lui ressemblaient pas, comme Liu Shaoqi.

En revanche, l’inexpérience économique des dirigeants communistes et leur absence de programme précis les contraignent à se tourner exclusivement vers le modèle soviétique. Ce qui rend les choses très dangereuses, c’est qu’ils arrivent au pouvoir dans une atmosphère sociale d’enthousiasme qui tourne vite à la peur.

Puisque je vous tiens :

Réservez donc un moment pour prendre connaissance des méfaits de la fine fleur Maoiste de France

Moins d’un an après le lancement de la campagne des Cent-Fleurs, les dirigeants du PC chinois l’interrompent brutalement — après le discours de Mao et un décret du bureau politique du 4 juin 1957— et engagent de suite une répression féroce contre tous ses tenants. On n’allait pas courir le risque que les ouvriers qui avaient tant à reprocher à la direction bureaucratique de l’économie  débordent  le mouvement pour le moment contenu aux rands de la jeunesse et des intellectuels. Une sorte de préfiguration de 1989.   Une énergique chasse aux sorcières fait disparaître les opposants des universités et des villes. Les Laogai se multiplient.  De nombreux journaux sont interdits. On n’entendra plus jamais parler de la militante communiste Lin Hsi-Ling. C’est dans la foulée de cette répression qu’est entreprise une aventure plus irréaliste encore que celle des communes populaires, « le Grand Bond en avant ». Il s’agit de rattraper sans délai la production industrielle des principaux pays capitalistes avancés, sans qu’aucune base économique ne le permette. Ordre est intimé aux paysans de cesser immédiatement le travail des champs, de construire partout des hauts-fourneaux de village et d’y fondre tout ce qui est métallique, des petites cuillères aux parties métalliques des outils agricoles ! C’est une double et terrible catastrophe. D’abord, les aciers ainsi fondus sont d’une si mauvaise qualité que pratiquement aucun ne va pouvoir être utilisé ; surtout, la production agricole chute de façon vertigineuse, ce qui entraîne des famines successives dans tout le pays.

Le bilan du « Grand Bond en avant » se chiffre en millions de morts.

 

Nartic librement inspiré d’un texte de François Péricard , Informations Ouvrières N°458

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4 Commentaires
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robert Lavigue
robert Lavigue
2 juillet 2017 21 h 56 min

Simon Leys !
On peut le retrouver dans cette vidéo où il passe M-A. Macchiocchi à la moulinette… Et avec un accent merveilleux !

snoopy86
Membre
snoopy86
3 juillet 2017 20 h 56 min

Pour l’anecdote, Simon Leys ( de son vrai nom Pierre Ryckmans ) s’était exilé en Australie où il enseignait à l’ANU de Canberra .

Il côtoyait au département de linguistique un français diplômé de Langues O qui avait fui notre université post soixante-huitarde, sujet brillant mais complétement allumé qui recut le Crawford Prize plus haute distinction universitaire australienne …

Spécialiste du décryptage, on lui doit quelques travaux sur le manuscrit de Voynich ou les rongo rongo de l’ïle de Pâques

Les anciens de Maboul se souviennent de lui comme celui qui rendait Morice fou sous son pseudo de Rapetout

Violemment viré avec menaces judiciaires, il est toujours revenu. Ses derniers passages ont été effectués sous ce pseudo

Spécialiste du language artificiel, il était le « père » de Juche Girl qui « commentait » à la gloire des Kim de Corée du Nord

snoopy86
Membre
snoopy86
3 juillet 2017 20 h 58 min

Me voilà aux cagoinces 😈