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Il faut beaucoup d’inconscience pour poursuivre cette découverte de la Syrie. Pourquoi découverte et non pas histoire ? L’histoire on la transmet parce qu’on l’a apprise. C’est ce dont je n’ai jamais eu l’occasion et qu’il me restait est me reste à faire. De la Syrie l’école ne m’a rien dit, il ne me reste que de vagues images des actualités, de vieux journaux périmés et pas de télé . La mémoire ne fait pas qu’accumuler, elle décante , elle analyse et elle trie. Parfois elle sort tout le vieil attirail pour mieux le ranger. Au rayon Syrie il y avait un grand vide.
Je ne lui ai pas laissé beaucoup de temps.
Depuis quelques années nous ne manquons pas d’informations sur la Syrie…La plupart nous avons cessé de chercher à suivre tellement tout s’accumule et s’enchevêtre . C’est ce constat qui m’a incité à tout reprendre depuis le début et à entamer cette série. Si vous constatez des omissions ou des manques DISONS vous est ouvert : complétez les vides.
1 _ À l’intérieur c’est compliqué _ à l’extérieur c’est menaçant
Accéder à l’indépendance ou y revenir ? Sans refaire l’histoire il est périlleux de répondre à la question ? Qui en fait partie , qui n’en est pas ?
On peut accumuler les détails et les citations érudites , seul le contexte général peut les éclairer.
La Syrie comme ses voisins a vécu des siècles de grandeur arabe ravagés par les dissensions inter arabes. Saladin s’est imposé difficilement et par la force uniquement. Puis ce furent 3 siècles de dominations Ottomane , une guerre étrangère sur son sol , puis le couvercle Britannique au Sud et Français au Nord. Déjà en Arabie même les Saoud ne tardent pas à virer les Hachémites ( film Lawrence d’Arabie). D’entrée l’Unité arabe en a un méchant coup dans l’aile.
À plus petite échelle en interne les nouveaux pays Syrie Irak Jordanie connaissent des luttes entre les partis traditionnels obsolètes et les nouveaux . Elles ne peuvent se lire sans l’éclairage du déclin de l’influence Britannique et Française toujours présentes et de la nouvelle influence américaine et Russe. Jeu complexe et subtil dans lequel l’aventure de l’alliance avec Nasser a valeur de fuite en avant tout autant que de pari sur l’avenir…
Pari hasardeux car Damas est elle-même l’enjeu de rivalités entre le Caire et Bagdad…
Conjuratoire ou propitiatoire se tourner vers le Caire pourrait n’avoir été rien d’autre qu’une précaution contre la plus grande menace. La sincérité affichée et les craintes masquées qui président à cette première fusion influeront lourdement sur la suite des événements.
Dans le cadre général de la guerre froide il ne faut pas surinterpréter les facteurs internes . Les Arabes de Damas se sentent brimés par la politique de containment US qui vise Moscou mais les atteint en premier selon eux. Ils n’y voient que le masque d’une volonté hégémonique américaine qui s’est manifestée il y a peu en Iran.
La Déclaration tripartite USA GB France de 1950 invitant expressément à l’Égypte à reconnaître Israël est reçue à Damas comme un ultimatum la pressant de se soumettre aux aussi . Pourtant les accrochages permanents sur la ligne d’armistice et les travaux d’assèchement entrepris par Israël dans la région du lac Hûla ( au nord du lac Tibériade) montrent que le conflit est en passe d’éclater à nouveau. La situation en est au point où même les partis conservateurs évoquent la nécessité de trouver des armes . L’URSS totalement absente de la région ne représente localement aucune menace.
Un seul camp veut bien leur en fournir. Et n’est pas à l’Ouest.
Le camp occidental à cette époque voit partout des ennemis. La moindre velléité d’indépendance est considérée comme hostile. La conférence de Bandoeng (avril 1955) choque autant qu’un congrès des Soviet . Pourtant à l’époque se dégager de l’influence Britannique ou Française n’est pas accessoire.
On les retrouve partout ceux là.
– on les trouve derrière le putsch de Husni Za’îm en 1949
-dans création de l’Etat d’Israël
– dans l’alliance et la protection des monarchies Hachémites Irakienne et Jordanienne qui magouillent encore en Syrie
– Immixtion encore lors des crises de 1951 à 1954 -proposition anglaise de se joindre à l’alliance Irako Turque => Pacte de Bagdad
- -Opération Ajax en Iran en 1953 par les USA qui prennent la main dans la région
Y en a marre des Hachémites ! => Dénonciation conjointe par Damas et le Caire du pacte de Bagdad. On en arrive à utiliser l’arme du pétrole. « Des militaires » sabotent le pipe-line de l’Irak Petroleum Cy….Déjà vu en Iran ….C’est à cette époque que Kermit Roosevelt se distingue dans la région. Les USA prennent ouvertement la place de Londres , le président Eisenhower définit la région comme un champ de bataille où s’affrontent l’Est et l’Ouest. Le manque de servilité est déclaré comme hostilité.
N’oublions pas que pendant ce temps la CIA renverse Mossadegh en Iran Opération Ajax en août 1953
On est parti pour ¾ de siècle de conflits…..et ça dure toujours…
Pourtant , à l’extérieur, on ne manquait pas de problèmes.
Tout d’abord on avait
Les deux Hachémites d’Amman ( Hussein) et de Bagdad ( Fayçal) qui ne se contenteraient pas d’empiétements territoriaux mais d’une annexion pure et simple
Derrière les Hachémites on trouve les gros bâtons du Royaume Uni et de la France
Derrière ces deux là on trouve les USA
Oui mais il y a l’Iran …L’Iran qui réussit le prodige d’inquiéter pour son soi-disant flirt avec l’URSS et, désormais, pour la présence américaine ( Ajax)
L’expédition de Suez Mousquetaire et son avortement en octobre novembre 1956 est une bonne occasion de dénoncer l’activité des Anglais et des Français. Moscou menace Washington se montre conciliant.
En 1957 on déjoue un complot Irako américain . ( Le fameux Kermit) L’échec de la tentative de putsch nuit essentiellement aux modérés conciliateurs et aux PPS et Parti du Peuple qui sont gravement mouillés. Toute l’affaire n’a qu’un effet : rapprocher Damas et Moscou. Selon les apparences Moscou ne fait que répondre aux demandes de Damas.
Nasser ne disait-il pas alors : « Nous achetons des armes pas des idées »
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C’est ainsi qu’ à traité de coopération économique en matière d’irrigation , de transport et d’industrie est signé le 6 août 1957 . Évidemment la Presse occidentale fait feu de tout bois en dénonçant la collusion avec les rouges du pouvoir Syrien. L’époque n’était pas à la nuance.
Paradoxalement à Moscou on ne se réjouit pas trop de cette « conquête » On n’ y veut encore défendre qu’un pacifisme de coexistence pacifique et on y demeure empêtré dans un grave sous développement . Surtout pas d’aventure ! La révolte de Budapest suffit comme embarras octobre 1956
Si à Paris à Londres ou à Washington on parle d’ogre soviétique, à Moscou, les dirigeants affrontent les résultats piteux de leur agriculture et les factures de la reconstruction.
Alors pour la façade on fait donner les militants communistes syriens contre les traditions archaïques et on est très scrupuleux sur toutes les questions touchant à l’indépendance nationale. Ça ne mange pas de pain.
Tant pis pour les rêves des Hachémites de Bagdad !
On fait mousser un peu l’élection du secrétaire du Parti Communiste Syrien à la chambre et….on ne fait pas grand chose pour gêner le parti Ba’th. De son coté les Ba’thistes ne mettent pas trop l’accent sur ce qui les sépare des communistes tant qu’ils veulent bien servir de force d’appoint contre les partis Traditionnels ( Peuple et National). On se sert de l’agitation sociale et de la remise en cause des traditions archaïques du pays par le parti communiste. C’est toujours ça de pris.
Le but , l’idée nouvelle , le vent de l’histoire , l’illusion lyrique du moment c’est l’unité arabe .
Le Ba’th joue la carte à fond. N’oublions pas que nous avons affaire à une Unité fantasmée .
Du coté du Liban , pas question , la rupture de l’union douanière et le pro occidentalisme de Bichara al – Khuri puis de Camille Chamoun l’interdisent.
Du coté de Ammân, pas mieux, un débarquement britannique en 1957 met fin aux espoirs de bouleversement social en Jordanie .
À Bagdad les Hachémites son toujours là , pas question.
Reste plus que le Caire et Nasser….mais il navigue à des altitudes telles de popularité qu’il pourrait bien nous dévorer ……oui mais…heu … il pourrait bien aussi nous délivrer de la menace communiste et calmer les USA . Nasser c’est le Messie . Bien alors ? Qu’est-ce qu’on fait.
b) . Fonçons dans le brouillard . Unité totale dans la République arabe unie la R.A.U. Le rêve devient réalité
Tout le monde le sait les illusions politiques sont faites pour se fracasser contre la réalité. L’enthousiasme de février 1958 va se briser sur la déception de septembre 1961.
La rue arabe exulte mais au Yemen du Sud une violente intervention anglaise et au Liban la répression conduite par Camille Chamoun refroidissent
les espérances dans le sang.
La chute sanglante du Hachémite Fayçal à Bagdad décide les Anglais à venir soutenir Hussein à Amman en envoyant des parachutistes lui éviter le même sort que Fayçal., pendant que les Américains envoie les marines au Liban. À Bagdad le nouveau pouvoir du général Kassem choisira de s’éloigner peu à peu de Nasser au profit d’un resserrement avec Moscou.
Qu’y a-t-il de plus inconsistant et hétéroclite que les deux parties/territoires séparés de cette République prétendue unie. Même sans l’intervention américaine anti nassérienne au Liban , à ce qui aurait pu en être la charnière, on aurait eu du mal à unifier et homogénéiser cet agrégat hétéroclite. Sinon quel rêve ! Du temple d’Abu Simbel aux rives de l’Euphrate l’empire des Thoutmosis reconstitué. Une déception vient s’ajouter : le leader irakien sympathisant Qâsim/Kassem refuse de se joindre à eux…. ou …. Dans les tractations engagées , il fait trop monter les enchères
Alors à deux pays on ne fait plus qu’un . Mais qui commande ?
« Heu…..on dirait que ça serait moi le chef. »
Ça coince un peu quand les militaires syriens venant lui présenter leur pétition en faveur de la fusion, Nasser, les prend de haut et refroidit les enthousiasmes en leur rappelant que l’armée syrienne avait avant tout « à refaire son union » et retourner dans ses casernes. !!!
Aux politiques de la délégation il a aussi un petit mot « gentil » => dissolution de leurs partis au profit d’un seul mouvement politique pour les deux provinces . En Syrie l’enthousiasme n’est pas général. Le parti communiste Syrien , sachant comment Nasser traite ses communistes à lui, ne l’entend pas ainsi . Pour le Ba’th il n’y a pas de problème. OK nous nous dissolvons mais nous nous retrouvons dans le nouveau « Parti Unique de l’Union Nationale »
…
OK on signe mais …. Ça dure 5 mois. Le Ba’th est le Dindon de la dissolution. Les ministres syriens démissionnent du gouvernement unifié.Nasser fait régner l’ordre en Syrie avec ses partisans et sa police ( colonel Sarrâj) mais son pouvoir privé de base, hors l’unité arabe lancée comme un slogan vide, va voir s’effondrer son bel échafaudage .
Le nouvel Etat Syro Egyptien , la R;A.U. Institué par le référendum du 22 février 1958
Il est doté de pouvoir locaux dont les compétences son limitées aux affaires locales( pas plus). Le siège réel du pouvoir est au Caire , les Syriens se sont fait proprement escroquer. L’assemblée syrienne est transportée au Caire. Nasser « envahit » la Syrie d’une armée de fonctionnaires , cadres , militaires policiers et pas des moins corrompus ….En fait Nasser tient tout. Sarrâj son chef enquêteur poursuit les « réactionnaires » et les « provincialistes »…avec une police pas du tout socialiste mais à l’efficacité déjà très stalinienne.
Malgré leurs dissensions « les oppositions » trouvent un moment pour se réunir dans un mouvement séparatiste unifié .La Syrie retrouve son indépendance sans difficulté le 28 septembre 1961 .
Restauration des anciens partis,
Remise en place des institutions,
Constitution provisoire et
Assemblée constituante élue ….
Comme on a eu besoin de l’armée ……
Bin……elle est là maintenant. Elle est l’interlocuteur le plus puissant de la Nouvelle Syrie.
c) Les militaires ?Fallait pas les inviter .
En l’espace de quelques années, la plupart des pays arabes récemment indépendants sont passés d’un régime monarchique ou républicain parlementaire, hérité de l’époque coloniale, à une dictature militaire. La Syrie devient le prototype d’une manière de prendre le pouvoir. Le modèle en est comme officiellement dé posé par Husni Za’îm en 1949.
Quelques militaires se rebellent et déclenchent depuis une caserne pas trop éloignée, de préférence à l’aube , un putsch qui s’empare de points stratégiques de la capitale. Proclamation radiodiffusée, puis ralliement du reste de l’armée . En 48 h tout est réglé
Les perdants politiques passent la frontière . Pour les militaires perdants on trouve une ambassade ou parfois une prison. La population vaque comme d’hab.
Les dictateurs de 1949 sont tous trois colonels, tous trois ayant servi sous les Ottomans, puis sous les Français. Le premier et le troisième sont Kurdes ils en ont le caractère un peu expéditif. Coup d’état après coup d’état , revalorisation de la fonction après revalorisation le premier résultat est l’accroissement de la puissance des soldats dans la société syrienne . Les civils sont à leur merci. Paradoxalement bien que préoccupés de leurs seuls intérêts de caste , bravant l’impopularité , les dictateurs militaires ont réussi ce que les partis empêtrés dans le jeu des alliances et des conflits d’intérêt n’avaient même pas entamé. Des réformes touchant à l’ensemble de la vie politique , sociale et économique .
Code pénal
Code civil
Code commercial
Constitutions de 1950 et 1953
Droit de vote aux femmes alphabétisées
Abolition des passe droits réservés aux bédouins
Suppression de la mention de la religion sur les papiers d’identité
On peut leur attribuer aussi une modeste réforme agraire, la création d’une banque centrale, le renforcement du secteur public et une modernisation de l’État. En fait entre les réformes réalisées par les Ba’thistes des années 70 et les leurs il y a plus de continuité que de rupture.
Il ne faut toutefois pas oublier que ces avancées se paient du prix de la surveillance policière et de l’interdiction de l’expression politique. Lasse de toutes ces épurations c’est de l’armée elle même que viendront les forces qui les renverseront l’un après l’autre. Les couches de possédants complètement obsolètes et dépassées y perdent leur prééminence alors que la jeunesse éduquée y gagne une influence nouvelle. C’est dans le cadre de ce paradoxe que la République parlementaire glissera de 54 à 58 et de 61 à 63 vers ce qu’on appelle abusivement et inconsidérément « la gauche ».
Ils n’ont pas connu les Ottomans , ils sont d’une génération d’après le mandat français , ils sont éduqués , ils ont des idées parfois progressistes .Ce sont les nouveaux militaires Syriens. Ils deviennent des acteurs de la vie politique . Un caractère tout nouveau est en leur sein une plus grande représentation des minorités ethnico-religieuses : c’en est fini du monopole sunnite ; un autre leur appartenance à la classe moyenne voire populaire.
Mais l’armée n’est pas un corps hors sol , elle est divisée et traversée par des intérêts, des rivalités et des conflits font rage. Certaines têtes de file ont une cour de partisans, un coterie faite de renvois d’ascenseur et de carriérisme .
Ghassân Jadîd, appartient au PPS ; ‘
Adnân al-Malkî est sympathisant du Ba‘th ;
le chef d’état-major ‘Afif al-Bizrî réunit autour de lui un groupe d’officiers proches du Parti communiste ;
‘Abd al-Hâmid Sarrâj, fidèle de Nasser sous la RAU, est considéré comme le porte-parole des Ba‘thistes
tandis qu’Amîn al-Nafûrî conduit la clique des « indépendants » libéraux
Ces divisions anéantissent durablement toute velléité de leur part de prendre le pouvoir.
Quand la société est incapable de faire surgir de son sein un pouvoir stable, que les crises se répètent sans fin…. C’est l’armée en délégation qui impose en quelque sorte l’union avec l’Egypte en janvier 1958.
Las, Nasser, ne veut pas les avoir dans les pattes , il les renvoie à leurs casernes. Aucun parti , même le Ba’th n’est capable de forcer la décision de la rupture avec Nasser , l’armée est nécessaire mais…Elle est elle-même divisée et morcelée. Elle alimente le grotesque jeu politique et l’incite à reprendre de plus belle. Dans la confusion on voit ressortir un représentant du parti populiste de la région d’Alep pour remplacer un colonel Damas . Toujours le même jeu .L’armée réunie en congrès le 1er avril 1962 à Homs comme un vrai parti politique offre le spectacle pitoyable de ses divisions. La jeune République Syrienne est usée jusqu’à la corde. .
Mais à l’extérieur une éclaircie s’annonce. La guerre civile du Liban semble apaisée et en Irak la monarchie est renversée.
Alors le 8 mars 1963 l’armée syrienne s’empare du pouvoir en association au parti Ba’th.
Les temps changent.
Un Truc original typique et purement régional: le parti Ba’th . Syrie N° la suite
La Syrie c’est où ? « L’Orient compliqué » N°1
Les Croisades Syrie N° 2
De Saladin à Napoléon_ La Syrie N° 3
Le Wahhabisme une impasse historique _ La Syrie N°4
Mourir d’Orient. Des gens bien tranquilles . Syrie N° 5
1840 L’affaire des Juifs de Damas _ Syrie N° 6
N° 7 Au Choix :
Les affrontements Chrétiens Druzes
Le chemin de fer de Bagdad
La guerre de 14-18 dans le coin=> Sykes Picot
Le Mandat français
Fin de la 2è WW. Une Syrie enfin indépendante et unifiée? ( 8 a)
La Syrie (8 b) Oui mais c’est quoi la Syrie
La Syrie ( N° 9) est au four
La Syrie N°10 , oui je sais …, N°7 est manquant video
L’éclatement _ La Syrie N° 11 video
Lectures :9032
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