Pourquoi accueillir les réfugiés

arrivée de migrants/réfugiés/immigrants/chances/déplacé on ne sait pus

Des années d’esquives

 

La question ne peut plus être esquivée. Les flux ne peuvent non plus être cachés ou seulement limités à quelques îles aux frontières de l’Europe, nous permettant de détourner les yeux en pensant à autre chose.  Il y a un flot de réfugiés qui arrive chaque jour en Europe et ce flot ne se contentera pas de déclarations d’intention, de manifestation ou de règlement temporaire.

La première difficulté est sans doute là: pour une rare fois, peut être la première depuis qu’ils sont au pouvoir, nos décideurs sont en face d’options dont le résultat est immédiatement remarquable et quantifiable,  impactant tous les citoyens. Ça en dit long sur ce qu’est devenue la politique: une liste de promesses, de vagues projets de lois (retoqués la plupart du temps ou dont le décret d’application ne parait pas), de déclaration affirmées et d’indignations fortuites. Mais en aucun cas, non jamais, l’action en elle-même n’entraînait rapidement des conséquences et un bilan chiffrable. En cela, on peut dire que nos responsables sont novices en la matière et peu habitués à porter la responsabilité immédiate de leur pouvoir longtemps sous traité à des groupes de réflexion et dont le bilan de toute façon ne s’effectue jamais publiquement. Il reste le désaveu politique mais nous savons pertinemment que, le jeu de l’alternance aidant, une défaite cinglante leur promet certes  un lendemain douloureux mais  quand même un après-demain qui chante.

 

La deuxième difficulté, c’est la manière dont a été traitée les déplacements des personnes depuis 40 ans en Europe et en France en particulier. Toute d’abord le regroupement familial qui, au lieu de permettre l’assimilation de toute une famille dans la société républicaine a été détourné pour créer des enclaves communautaristes et importer des coutumes exogènes. Déjà là, on ne considérait pas l’immigrant comme une main d’œuvre permettant de faire vivre sa famille au pays mais bien comme un apport que l’on souhaite obtenir pour construire notre société future. Ce sont les fameuses » chances pour la France ». Ce loup là a été dénoncé en son temps par le parti communiste qui s’est éteint à ce sujet, laissant la critique au seul FN, une évidence telle de l’échec qu’on se demande encore sérieusement pourquoi ça n’a pas été abrogé. On voue aux gémonies ceux qui parlent de grand remplacement et de repeuplement mais il faut reconnaître que tout semble avoir été fait pour leur donner raison. Dois-je épiloguer sur le droit du sol? On est d’autant plus méfiant envers un arrivant quand on sait que les portes sont grandes ouvertes pour une somme considérable d’avantages (et dans le monde actuel, soyons réaliste, obtenir la nationalité française pour ses enfants est un espoir hors norme de vie meilleure pour beaucoup) sans  aucune contrainte d’intégration dans la société, ni même de respect de ses valeurs.

 

Ensuite vient le problème de Schengen sur lequel vient se greffer celui du droit d’asile et l’immigration clandestine. Quelles sont les conséquences? Nous sommes en pleine confusion mentale au sujet des flux migratoires puisque c’est une partie de souveraineté nationale  confiée au bidule européen; qui, ajouté aux tabous liés au racisme et la repentance coloniale fait qu’on mélange absolument tout: le tri et la discrimination (au sens scientifique, permettant l’analyse et l’action) ne sont pas possibles (sinon ça hurle au loup) et pèle mêle on aura l’immigration économique, l’immigration clandestine, l’immigration climatique, les migrants, les réfugiés politiques , les réfugiés de guerre…etc…

 

Pour l’extrême droite tout cela est la même chose: ce sont des étrangers qui sucent nos prestations sociales. Pour la gauche moralisatrice, ce sont tous des apports culturels respectables (ie: non bourgeois catholiques) et l’espoir de futurs électeurs, pour la droite c’est un moyen de mettre la pression sur les salaires des ouvriers français (s’il en reste), ou permettre la sous traitance de rang n à moindre coût en louant le dynamisme économique qu’ils induisent.

 

Le besoin de discriminer

 

Mais de quoi parle-t-on au fait? D’êtres humains. De situations complexes. De réseaux et trafics.

Alors à partir de là il y a deux solutions:

Soit on considère que nous avons le devoir moral d’aider et d’accueillir toute personne voulant s’installer dans notre pays. Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi on devrait faire une distinction entre un clandestin, un immigré tentant sa chance à cause de sa situation économique, un réfugié qui fuit des combats ou une personne qui a la police politique à ses trousses. Cette position a l’avantage du confort moral en ignorant superbement les conséquences induites rendant cette politique intenable.

Soit on évite le relativiste humaniste (tout étranger se vaut, toutes les situations se valent car ce sont intrinsèquement et par nature nos frères humains) et dans ce cas il est nécessaire de discriminer, de manière générale on peut dire que la question de « combien » même chez les plus ouverts, rend la première considération caduque.

Dans le sens premier scientifique la discrimination est quelque chose d’essentiel pour obtenir une analyse ou une vérité. Le terme est devenu péjoratif par le biais de l’usage (à tel point qu’on a dû lui adjoindre le terme « positive » pour pouvoir en parler sans subir les foudres) mais à la base, discriminer c’est au contraire agrandir ses connaissance et la compréhension des choses, bref faire acte d’intelligence. En astronomie par exemple,  c’est la discrimination qui permet de séparer une étoile en deux étoiles proches; en mathématiques, le discriminant permet de résoudre les équations dans le domaines des polynômes…etc… Il convient donc de classer les cas rencontrés. Dans le cadre d’une immigration économique, il est pertinent de se poser la question du besoin du pays d’accueil.  Est ce indigne de se demander si nous avons plus besoin d’ingénieurs, de médecins ou d’entrepreneurs que de personnes sans qualification? Il s’agit juste de pragmatisme. De même dans le cadre d’un asile politique, il convient de s’assurer du bien fondé de la demande tout en favorisant les personnes en réel danger de mort pour leurs opinions politiques.

 

Or ces questions-là sont interdites en France sous peine de tomber dans le cliché fascisant. Si déjà nous ne sommes pas sereins avec ces deux types de flux qui sont les plus faciles à gérer en théorie, il est évident que nous sommes mal embarqués pour la suite!

 

Personne ne parle d’immigration

 

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais le mot immigration a été banni de toute activité médiatico-politique entourant ces événements. On parle de migrants mais plus d’immigrants. Histoire de faire croire qu’ils sont juste ici en transit, entre nulle part et ailleurs, dans le cloud quoi, loin du réel et de la vie quotidienne des gens.  Immigrant possède cette connotation  de l’irréversibilité du trajet qui acte un point de départ et un d’arrivée physiquement chez nous avec une installation. Un terme très employé par le FN pour tout et n’importe quoi et bizarrement absent dans les autres bouches. Bref ce sont tous des migrants ce qui favorise la méfiance de notre population puisque lui est présenté sous le terme migrants à peu près tout et n’importe qui.

 

Il est aisé de comprendre pourquoi. L’échec ressenti de la politique d’immigration depuis 40 ans en France dont les résultats sont de moins en moins masquables, avec en primeur des troisièmes générations qu’on n’a toujours pas assimilées dans la société française (mais dans la société de consommation par contre, si). On ne va pas vous vendre de l’immigration actuellement, les français sont idiots mais quand même, ils risqueraient de se dire qu’ils seront dans un beau bordel supplémentaire dans quelques années.

 

Revenons à nos Syriens et autres populations fuyant les zones de combats…  ce sont simplement des réfugiés.

 

 

Et peu parlent de réfugiés…

 

Mais bon sang pourquoi ne pas parler des réfugiés?

 

Qui voudrait interdire l’accueil de réfugiés de guerre? Nous qui en Europe avons connu ces flux pour en avoir fait partie il y a moins d’un siècle?

 

Quel est le problème?

 

Peut-être qu’un réfugié ça s’accueille dans des camps dédiés, peut être qu’un réfugié n’est pas là pour construire notre société future mais pour échapper à la guerre dans son pays et y retourner une fois la guerre finie. Peut être qu’un réfugié, on ne va pas l’utiliser en esclavage comme sous employé sans vacances dans les entreprises friandes de main d’œuvre non déclarée (voire l’exemple en Irlande récemment).

 

Avec des réfugiés on met de côté son idéologie ultralibérale (pression sur les salaires et pseudo dynamisme économique ) et gauchisante (remplacement de population avec coutumes respectables) car on n’attend rien de ces population en terme idéologique, rien d’autre que les aider temporairement.

 

 

Et si on pouvait clairement s’engager là dessus? Et si l’état pouvait jouer enfin un rôle un peu fort sans sombrer dans les fantasmes idéologiques (*) des uns et des autres?

 

Ces réfugiés ne sont ni notre avenir ni notre fin, ils ne sont ni meilleurs ni pires que nous.

 

Ils sont juste là pour fuir une guerre.

 

Tiens au fait, et si nous gagnions la guerre?

 

 

——–

 

(*) Quand on sort par exemple que les migrants sont une chance pour la France, alors qu’en toute objectivité, c’est justement la France qui est une chance pour ces migrants, nous sommes dans le discours idéologique, de droite ou de gauche, et plus dans le réel.

 

 

quelques liens qui donnent une idée sur la couverture des événements:

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/11/11/97001-20151111FILWWW00186-lagarde-appelle-a-accueillir-plus-de-migrants.php  (idéologie ultralibérale)

http://www.europe1.fr/international/turquie-18-migrants-noyes-lors-de-deux-naufrages-2618803 (moins d’effet qu’un gamin)

http://www.parismatch.com/Actu/Societe/Nouveaux-heurts-a-Calais-862755 (mais je croyait qu’on devait en accueillir plus?)

http://information.tv5monde.com/info/riches-et-armes-les-trafiquants-de-migrants-menacent-de-plus-en-plus-les-etats-africains-66560  (favoriser le trafic d’humains?)

http://www.rfi.fr/emission/20151111-afrique-union-europeenne-poids-economique-migrants (on en parle peu)

http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/09/migrants-en-finir-avec-les-fantasmes-d-invasion_4805918_3232.html (idéologie fantasmée de l’apport respectable)

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13 Commentaires
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Leon
Administrateur
Leon
12 novembre 2015 8 h 59 min

Globalement tout à fait d’accord avec cet article. La seule chose qui, à mon avis, manque est la question incontournable des « devoirs » de ceux que l’on accueille, quelle qu’en soit la raison. Elle est essentielle car c’est elle qui entraîne l’acceptation ou le rejet de ces nouveaux venus par la population autochtone. Or, il existe un obstacle majeur à ne serait-ce que poser le problème, c’est le relativisme culturel. Ou trouver la légitimité de ces devoirs dès lors que l’on considère que la culture du nouvel arrivant vaut la sienne ?

Dora
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Dora
13 novembre 2015 22 h 36 min
Reply to  Leon

b’soir Léon,
Le mot « autochtone » me renvoie aux amérindiens, que j’ai côtoyés à plusieurs reprises, des Hurons, des Montagnais ou Inus. Du coup j’ai relu ton post en les imaginant à notre place. « …la question incontournable des « devoirs » de ceux que l’on accueille, quelle qu’en soit la raison » or, les Français et/ou les Anglais leur ont confisqué leurs terres, les ont parqués dans des réserves. Si certains ont pu poursuivre les études, nombre d’entre eux ne savent pas lire ou écrire. Ils ont une législation à part.

Dora
Membre
Dora
13 novembre 2015 22 h 42 min
Reply to  Dora
Dora
Membre
Dora
13 novembre 2015 22 h 44 min
Reply to  Dora

Dans les premiers « arrivages », les français et les Anglais n’étaient ni des migrants, ni des réfugiés.

Leon
Administrateur
Leon
12 novembre 2015 9 h 00 min

Au fait, Lapa tu as un mail de ma part .

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
12 novembre 2015 13 h 35 min

Article transgressif qui s’autorise à poser des questions que l’idéologie dominante interdit…;

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
12 novembre 2015 13 h 41 min

La prétendue extrême gauche d’aujourd’hui
et le patronat de toujours
.

    1. Lorsqu’en 1846 Auguste Mimerel, filateur à Roubaix, crée la première organisation patronale française, les deux grands principes dont il se réclame sont les suivants :
      1. « 1) Il faut qu’une permanente menace de chômage pèse sur l’ouvrier pour contenir ses revendications.
        2) Il faut laisser entrer en France la main-d’œuvre étrangère pour contenir le niveau des salaires. »
D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
12 novembre 2015 13 h 43 min
Reply to  D. Furtif

Les infos ne manquent pas
Une autre
.

  1. En 1973, peu de temps avant sa mort, le président Pompidou reconnaissait avoir ouvert les vannes de l’immigration à la demande d’un certain nombre de grands patrons, tel Francis Bouygues, désireux de bénéficier d’une main-d’œuvre docile, bon marché, dépourvue de conscience de classe et de toute tradition de luttes sociales. Ces grands patrons, soulignait-il, en « veulent toujours plus ».
D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
12 novembre 2015 13 h 44 min
Reply to  D. Furtif

Réseaux mafieux, passeurs d’hommes et de marchandises, grands patrons, militants « humanitaires », employeurs « au noir » : tous militent pour l’abolition des frontières. Olivier Besancenot, Laurence Parisot : même combat ! Par conséquent, qui critique l’immigration mais ne dit rien du capitalisme ferait mieux de se taire.

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
12 novembre 2015 13 h 46 min
Reply to  D. Furtif

Une immigration peu qualifiée et faiblement( voire pas du tout ) syndiquée permet aux employeurs de se soustraire aux contraintes croissantes du droit du travail afin d’exercer une pression à la baisse sur les salaires des travailleurs français. C’est bien pourquoi le capitalisme cherche à mettre en concurrence la force de travail autochtone, non seulement avec les mains-d’œuvre misérables du tiers-monde, mais avec ces armées de réserve salariales que sont les populations issues de l’immigration

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
12 novembre 2015 22 h 28 min

C’est curieux comme les humanitaires du multiculturalisme n’ont rien à opposer aux simples évidences économiques et donc politiques.
Houhou les MASTUVU islamocompatibles ❗
On n’a rien d’autre à dire que des Allaouh Akbar

ranta
ranta
14 novembre 2015 12 h 05 min

Mardi soir j’ai suivi un débat sur public sénat.

arthuis, un député PS dont j’ai oublié le nom mais qui se dit frondeur sans l’être se définissant plutôt comme socialiste authentique, et un journaliste de libé un certain Maurel.

résultat : à l’unanimité Shengen, c’est plus de souveraineté, c’est l’obligation d’ avoir des papiers d’identité en cas de contrôle, et de mettre en avant que c’est la raison du refus du RU de l’intégrer. Et de poursuivre en affirmant que cette crise est l’occasion pour plus d’Europe, car selon les trois rigolos, les institutions de l’UE ont parfaitement fonctionné à propos de cette crise mais que c’est l’égoïsme des pays membres qui bloquent l’accueil des réfugiés.

Prendre les gens pour dez cons à ce point c’est un art.