Je ne l’ai pas vu venir et je n’ai pas fait gaffe lorsqu’il s’est progressivement et insidieusement installé dans ma vision du monde. Faut dire qu’au début il ne mouftait pas, ne la ramenait pas, se rencognait dans une discrétion qui aurait confiné à l’inexistence s’il n’avait de temps en temps émis de discrets signaux auxquels je ne prenais pas garde. Il ne m’incitait pas à certaines lectures ou pensées, non, il me laissait dévorer tout ce qui passait à ma portée et s’amusait silencieusement lorsque l’adolescent que j’étais alors tombait sur un bouquin qui flirtait avec ses idées et qu’elles provoquaient un faible mais puissant écho en moi.
La haine du Rouge en héritage
Faut dire que le bagage idéologique que j’avais reçu en héritage familial n’était pas de gauche, mais alors pas du tout. Eduqué dans la haine du Rouge et du socialo, que j’ai été, et dès la plus tendre enfance. Dans mon arbre généalogique, il n’y avait que du militaire, de la paysannerie et de la flicaille de droite. Evidemment, j’ai tout gobé : j’avais pas le choix vu que je n’entendais aucune voix différente et que les bouquins qui auraient pu me la faire entendre étaient proscrits, censurés, interdits. L’Alien en a profité pour s’installer tranquillos dans mes réseaux neuroniques : les seules pensées discordantes auxquelles je pouvais avoir accès, et qui évidemment m’aimantaient, étaient celles de ceux dont je ne savais alors pas encore qu’on les appelait des “anars de droite”.
Puis vint le jour où des profs de gauche, exilés par la droite dans les lycées pour rejetons de militaires en Allemagne occupée (merci la droite !), commencèrent à semer en moi leurs perfides graines. Manque de bol pour l’héritage idéologique familial, ils étaient sympas, ouverts, attentifs. J’ai vite tilté. Leur discours contestataire de l’ordre gaulliste établi et de l’armée me bottait. L’Alien en moi restait discret. Il se contentait de se faire le complice objectif de l’héritage pour m’inciter à tester et contester les dires de mes nouveaux mentors qui me paraissaient pourtant de plus en plus convaincants. L’Alien-anar de droite (?) s’est petit à petit replié sur lui-même : là, il était dépassé, il savait qu’il ne pouvait que passer son tour.
Les bourrasques de mai 1968 finirent par atteindre les lycées-casernes d’outre-Rhin. Ce vent frais attisa les feux de la révolte dans mon cerveau rongé par l’acné de la contestation mais encore très partagé : au début, réflexe conditionné pavlovien, j’étais contre la “chienlit” mais très vite, titillé par les profs de gauche, j’ai commencé à foutre un peu de bordel dans mon lycée. La réaction jugulaire-jugulaire n’a pas traîné : mon vieux a été convoqué par ses supérieurs galonnés et sommé de faire rentrer son fiston dans le rang sous peine d’être muté à Petaouchnok dans les 48 heures. Je me suis pris une branlée qui m’a provisoirement calmé, une prof de gauche a été sanctionnée par une mutation-éclair et la chape de plomb de droite s’est réinstallée. Mais le mal était fait : j’étais devenu de gauche sans trop savoir encore ce que c’était, sinon que ce n’était pas ce qu’on m’avait toujours seriné, et mon Alien-anar de droite (?), dont je n’avais aucune conscience de l’existence, rasait les murs en attendant son heure.
Il avait bien raison, l’Alien, vu que c’était vraiment pas la sienne, d’heure, mais alors vraiment pas du tout. Des copains et copines me ramenaient de France des bouquins ou revues anarchistes, libertaires ou gauchistes. Ça rentrait dans mon cerveau comme dans du beurre. Je ne supportais plus mon environnement de droite encasernée. Les profs de gauche s’en donnaient à cœur joie, tout en me mettant en garde contre les dérives anarcho-libertaires, vu qu’ils étaient tous communistes ou trotskistes, mais tout ça, je n’en savais rien à l’époque. Un jour finalement, j’ai pris ma décision : j’allais définitivement foutre le camp en France, rejoindre ceux que je considérais comme étant les miens, les gens de gauche. Ce que j’ai fait, sac à dos et rêves de Grands Soirs en bandoulière. J’imagine que l’Alien devait observer ça d’un œil amusé et légèrement sarcastique.
Rencontres avec les gauches
Après quelques mois d’errances, je me suis retrouvé dans une grande ville française. J’avais envie de contre-culture, de gauche, de création, de métamorphoses. Très vite j’ai débarqué dans les milieux nourriciers qu’il me fallait, rencontrant toutes sortes de militants de cette gauche qui restait encore pour moi une terra incognita. Hébergé par ces militants, j’ai lu chez eux des tonnes de littérature théorique de gauche, anar, libertaire, situationniste, communiste, tout y passait dans l’émerveillement de la découverte et sans toujours bien comprendre ce que je lisais. Je percevais confusément les bisbilles idéologiques qui traversaient les différents courants et mouvances de cette gauche, mais sans m’y attarder. Je trouvais souvent chiants les discoureurs-théoriciens-prophètes du Grand Soir et de la Révolution, mais je mettais ça sur le compte de mon conditionnement de droite et de mon immaturité politique. Mon Alien-anar de droite (?) était en veilleuse, dépassé par les événements.
Avec des copains, évidemment de gauche, tendance plutôt anarcho-libertaire très allumée, on a monté une boîte d’édition pour diffuser nos opinions contestataires et, croyions-nous, visionnaires, par l’intermédiaire de revues, de bouquins et de plaquettes de poésie. Nos bureaux étaient un carrefour de rencontres de toutes les gauches possibles et imaginables. Et c’est là que j’ai commencé à déchanter un peu de la gauche extrême. Des militants trotskistes ont en effet jeté leur dévolu sur notre boîte pour y faire de l’entrisme révolutionnaire. C’étaient pas des marrants. Des doctrinaires purs et durs, des missionnaires exaltés, des intolérants de première envers ceux qu’ils considéraient comme des libertaires petits-bourgeois. Le fils d’adjudant-chef que j’étais n’en revenait pas de ces accusations, mais bon, ils m’expliquaient doctement que l’esprit petit-bourgeois envahissait tout, même les catégories sociales prolétaires, etc. J’étais prêt à l’admettre et je me suis mis à lire la littérature trotskiste qu’ils m’ont refilée. Particulièrement assommante, cette littérature, mais bon, je me disais qu’il fallait que je dépasse mes a priori.
Et puis j’étais tombé amoureux d’une belle militante qui ne jurait que par Saint Léon le martyr de Staline. Pour être à la hauteur de cet amour, fallait que je devienne un trotskiste pur et dur. J’ai alors assisté à quelques réunions de cellule et je suis tombé des nues en constatant que cet univers “de gauche” hiérarchisé et pourri d’ordre et de langue de bois ressemblait à s’y méprendre à celui, militaire et “de droite” que j’avais quitté. C’était tout bonnement insupportable, comme un retour en arrière. En plus, c’étaient tous des fils de bourges, des vrais, eux. Ils étaient d’un sectarisme et d’une intolérance sans bornes. J’ai vite compris ce qu’étaient l’entrisme trotskiste (une technique d’infiltration qui m’a bien servi dans d’autres domaines par la suite) et le gauchisme décérébré. Ça n’a pas plu à mon amoureuse, qui m’a plaqué pour un autre plus militant. A l’issue de ces mésaventures, j’étais définitivement vacciné contre le gauchisme. Mon Alien-anar de droite (?) reprenait du poil de la bête, mais dans la plus grande discrétion. Il se contentait de me suggérer furtivement que l’ordre de gauche n’était peut-être pas mieux que l’ordre de droite. Mais je n’écoutais pas ses murmures sporadiques. Je me disais que je n’étais pas tombé sur la bonne gauche, et qu’il me fallait chercher encore.
Ce que j’ai fait. Je me suis tourné du côté de l’anarchisme de gauche et du situationnisme. Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre, en côtoyant des gens qui s’en réclamaient, que l’anarchisme de gauche était une pure utopie idéaliste à la recherche d’un ordre collectif sans pouvoir organisateur central et/ou vertical, qui se traduisait pratiquement par les confuses luttes anarcho-syndicalistes en attendant le Grand Soir où des coiffeurs d’un jour (car on pratiquera alors la rotation obligatoire des tâches) raseraient gratis et où les êtres humains seraient enfin libres, à la fois pleinement individualisés et miraculeusement solidaires, égaux et libérés de toute tutelle capitalistique, religieuse et étatique. Et qu’en attendant, les anars de gauche que je rencontrais étaient guidés vers cette parousie laïque et athée par les individualités dominantes, comme dans n’importe quel groupe, qui avaient pris le pouvoir “anarchiste” parmi eux en étant les plus grandes gueules et les plus extrémistes.
Avec les situationnistes, c’était encore pire, en dépit du fait qu’ils étaient quand même plus marrants : des bavards grandiloquents qui pratiquaient à tour de bras l’exclusion idéologique dans leurs groupuscules avinés. Rideau. J’ai alors compris que la seule voie de gauche réaliste non sectaire et non intolérante était celle du socialisme et de la démocratie, que j’avais déjà approchée auprès de militants de “Socialisme ou barbarie” de Castoriadis qui fréquentaient les bureaux de notre boîte d’édition et que je trouvais à l’époque trop modérés. Alors moi qui n’avais jamais voté jusque là (“élections, pièges à cons”, etc.), je me suis mis à glisser des bulletins PS dans les urnes, définitivement dégrisé des utopies de gauche révolutionnaire. Mon Alien-anar de droite (?) riait sous cape tandis que mon rapport à la politique s’assagissait (?).
… et le rêve fraîchit…
L’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 m’a évidemment ravi… Mais très vite, comme tout ceux qui avaient cru monts et merveilles socialistes, j’ai déchanté. “Etait-ce donc ceci ? Et le rêve fraîchit”, comme disait ce cher Arthur embarqué sur son bateau ivre. C’était certes mieux que la droite, mais quand même, ces éminences roses qui se coulent si bien dans les moules du pouvoir en reniant presque tout de leurs promesses à part quelques mesures symboliques… Là, mon Alien-anar de droite (?) se fendait franchement la gueule, et cette fois, je ne pouvais plus l’ignorer quand il me sussurait suavement que finalement, rien ne changeait vraiment du côté du pouvoir et des puissances de l’argent. De quoi, par dépit, retourner à l’anarchisme, ouais. Mais pas l’anarchisme de gauche, j’avais déjà donné et c’était pour moi une voie sans issue.
Mon Alien-anar de droite (?) me faisait alors les yeux doux du fond de ma désespérance politique. Profitant de ce désarroi, il a agrandi son périmètre d’action mentale. Sans en rajouter mais avec insistance, il me rappelait que l’anarchisme de droite, lui, est beaucoup plus réaliste, voire cynique, que l’anarchisme de gauche. Il se caractérise, lui, par le refus systématique de toute adhésion à une société ou un système, le dédain absolu de la démocratie parlementaire qui n’est pour lui qu’une dictature de la majorité moutonnière, le rejet de tous les pouvoirs et la critique systématique de toutes les idées reçues et humanistes, surtout si elles sont de gauche. Certes, dans sa version la plus triviale, l’anarchiste de droite, considérant que les passions aveugles des masses et foules ne changeront jamais, est en fait un fieffé réactionnaire qui s’accommode très bien, pour peu qu’il reste individuellement libre dans leurs marges, de gouvernements de droite qui n’ont rien d’anarchiste ; mais dans sa version la plus sophistiquée, l’anarchiste de droite rejette absolument tous les pouvoirs, y compris ceux de l’argent ainsi que la morale bourgeoise des nantis et possédants. Celui qui s’en réclame est un aristocrate de l’Etre ennemi de tout égalitarisme mais qui jamais n’acceptera de faire partie de quelque caste aristocrate mercantiliste que ce soit – ce serait pour ce loup solitaire s’abaisser et, pire, se renier.
Il savait y faire, mon Alien-anar de droite (?). La désespérance de mes copains socialistes – moi, je n’ai jamais été encarté nulle part – nourrissait sa petite musique désenchantée et réaliste. Me reprenant en mains idéologiquement, j’ai quand même approché le PS de mon coin pour peut-être y adhérer et essayer de faire bouger les choses de l’intérieur. Mais à peine avais-je mis les pieds dans la permanence rose que j’ai aussitôt déchanté à nouveau : tout ce qui intéressait ces mini-éminences éléphantesques, c’était de savoir à quelle baronnie, euh, pardon, à quel “courant” je me rattachais. Rien d’autre. Aucune idée, aucun projet, aucune ambition collective sinon électoraliste, rien. J’ai tourné les talons, définitivement. Mon Alien-anar de droite (?) était plié en quatre, mort de rire, écroulé, la totale, et je ne pouvais que constater qu’il ne s’était que rarement trompé.
Mon Alien est-il vraiment un anar de droite ?
Mais au fait, pourquoi je vous parle d’anarchisme de droite à propos de cet Alien ? Tout simplement parce qu’il est d’usage de confondre l’anarchisme individualiste et l’anarchisme de droite, ce qui peut se comprendre puisqu’il existe une solide passerelle entre ces deux philosophies : l’affirmation pleine et entière de la liberté individuelle contre toute forme de groupalité. Ne m’étant jamais interrogé sur cet anarchisme individualiste qui côtoyait en moi une orientation archiste sociale-démocrate ni n’ayant cherché à le théoriser, je me suis longtemps dit que c’était mon côté “anar de droite” – cela d’autant plus que je faisais mon miel des penseurs, artistes et écrivains eux aussi étiquetés “anars de droite” – généralement les pires en irrévérences et irrespects divers – tout en revendiquant pourtant une pensée et une sensibilité nettement de gauche.
Bref, j’ai longtemps cru que j’hébergeais à l’intérieur de moi un Alien-anar de droite, parce que je n’avais pas d’autre grille de lecture pour décoder cette présence idéologique à l’intérieur de moi. Et plus le temps passait, plus j’étais désillusionné par les agissements de la gauche de gouvernement, plus ce salopard ne pouvait s’empêcher de systématiquement ricaner quand ma part sociale-démocrate glissait dans l’urne démocratique et républicaine un bulletin de gauche. Ses ricanements ne me gênaient pas outre mesure, vu qu’il n’avait aucune envie de voter pour qui que ce soit, ce qui au fond ne le rendait pas très contrariant. Avec lui néanmoins, c’était quand même une autre paire de manches entre deux votes : il me demandait insidieusement ce que j’en avais à foutre de vouloir plus d’égalité et de solidarité entre mes semblables, alors que la plupart d’entre eux n’étaient rien d’autre qu’un aveugle troupeau consumériste aux méprisables consensus grégaires, dont chacun des membres ou presque ne pensait qu’à sa pomme entre panem et circenses sur le chemin qui les menait à l’abattoir.
“Ouais, ouais”, je lui disais, à l’Alien-anar de droite (?) qui était en moi, “ouais, ouais, je sais, tu as raison, mille fois raison, mais si je t’écoute il n’y a aucune possibilité pour que quoi que ce soit change et s’améliore un peu”. Il en ricanait de plus belle : “Et qu’est-ce que tu crois que ça va changer vraiment, tes bons sentiments sociaux-démocratiques ? Tu sais bien qu’au fond ça reste panem et circenses, et tout ce que tu pourrais faire, c’est améliorer la qualité des pains et des jeux pour ce troupeau bêlant toujours prêt à tous les consensus les plus sordides et les massacres les plus infâmes pour peu qu’on titille bien la populace qui est en lui comme je suis en toi !”. Je ne pouvais qu’être d’accord avec lui, mais quand même, non, et je ne voulais pas non plus me fâcher avec lui vu que je ne voulais pas me fâcher avec moi et que cet Alien était une partie de moi : “Ecoute, l’Alien, quand les gens sont plus égaux, plus solidaires et plus heureux, ils sont quand même moins chiants que quand ils sont très inégaux, pas solidaires et pas heureux, non ? Donc en votant social-démocrate, je fais en sorte qu’ils te foutent la paix, c’est déjà pas mal, même pour toi, non, même si t’en as rien à foutre des progrès sociaux ?”. Là, à chaque fois que je lui sortais ça, il était piégé, ce putain d’Alien-anar de droite (?).
C’est comme ça qu’au fil des années j’ai fini par m’entendre assez bien avec mon Alien-anar de droite (?). On avait passé ensemble un gentleman’s agreement : je lui laissais l’exercice quasi-monopolistique de l’hyper-lucidité stridente et pour le reste, j’agissais au mieux de nos intérêts communs en votant social-démocrate. Je ne me demandais toujours pas qui il était vraiment. Je mettais sa présence sur le compte de mon tempérament viscéralement indiscipliné, de mon esprit perpétuellement insoumis, de mon rejet de toute autorité qu’elle soit de gauche, de droite ou d’ailleurs, de ma détestation des foules grégaires, de mon refus de tous les conformismes. Bref je ne lui accordais guère qu’une existence purement psychologique, réactionnelle au sens neurophysiologique, à laquelle je confiais néanmoins, sans bien y avoir réfléchi, le monopole quasi-exclusif de la pensée critique pour tout ce qui concernait le fond des choses. Seul le social-démocrate en moi, celui qui le dominait et le gouvernait, avait droit à une véritable existence philosophique et citoyenne irréductible à la psychologie.
La tentation avortée de l’anarchisme individualiste
Cette coexistence au sein de mes réseaux neuroniques entre l’Alien-anar de droite (?) psychologique et le social-démocrate de gauche philosophico-citoyen aurait plu continuer encore longtemps comme ça, cahin-caha, chacun s’occupant de ses oignons mais collaborant quand même pour la soupe parce que les bipolarités névrotiques c’est mauvais pour la joie de vivre. Mais la social-démocratie s’en étant pris plein la tronche sous les coups de boutoir féroces de l’ultra-libéralisme économique mondialisé et tous les repères idéologiques vacillant sous la poussée de l’individualisme consumériste moutonnier qu’il imposait partout, petit à petit, sous cette pression extérieure, j’en suis venu à me poser des questions sur l’identité de l’Alien-anar de droite (?) qui était en moi depuis si longtemps. N’était-il vraiment qu’une expression réactionnelle de mon fonctionnement psychologique individuel ? Etait-il pour de bon un “anar de droite”, ainsi que je l’avais baptisé sans prendre la peine de l’analyser ? N’avait-il pas lui aussi une existence philosophique et citoyenne, à sa manière pas sociale-démocrate du tout ? Et qu’est-ce que ça veut dire d’être aussi individualiste que j’ai toujours été par farouche volonté de liberté, alors que ma part solidariste, qui s’est toujours manifestée concrètement dans mes actes sociaux, conchie l’individualisme libéral-bourgeois qui a désormais métastasé dans toutes les classes sociales ?
Je me suis alors mis à regarder mon Alien d’un autre œil. Ouais, il est individualiste, et alors ? Si l’individualisme c’est la défense acharnée de la liberté individuelle, alors oui, je suis férocement individualiste, et ce n’est plus de la psychologie, c’est une philosophie politique qui n’a rien à voir avec l’anarchisme de droite, au fond. Et au fond, tout s’est toujours passé comme ça entre deux votes pour promouvoir une société social-démocrate : plus d’égalité et de solidarité pour le plus grand nombre, oui, mais jamais aux dépens de la liberté individuelle, de MA liberté individuelle. Vivre dans une société social-démocrate, oui, mais à condition que je passe avec elle les contrats que je veux et quand je veux, et que ces contrats ne conduisent ni à l’exploitation ni au malheur d’autrui, ni à ma propre sujétion. Traverser dans les clous, oui, mais en dehors aussi quand je sais en toute responsabilité et liberté que je ne mettrai pas ainsi en danger la vie d’autrui. Accepter les règles de la vie en société, oui, mais à condition de pouvoir les changer seul ou avec d’autres s’il le faut, et pas question d’abdiquer un milligramme de ma liberté de penser et de forger mes propres règles quand c’est nécessaire.
Mon Alien que je croyais anar de droite ne l’était pas. Il était en fait un partisan de l’anarchie individualiste, qui est un authentique courant philosophique mais aussi une pratique et une éthique de vie basée sur la libre association choisie et à durée déterminée en fonction des circonstances et des objectifs. Que chacun ait le pouvoir sur lui-même sans chercher à l’imposer aux autres. Ah oui, mais les anars de gauche et les minarchistes ultralibéraux disent pareil… L’anarchisme individualiste serait-il non-viable citoyennement, ailleurs que dans les marges de liberté individuelle et des associations qu’on se crée aux limites des systèmes de pouvoirs étatiques, économiques et autres ? En tout cas il ne peut pas se décréter. On est individualisé ou pas, ce qui veut dire qu’on a opéré un processus d’individuation par affranchissement d’un maximum de conditionnements familiaux et socio-culturels, ce qui n’a rien à voir avec l’individualisme moutonnier qui est devenu la norme et qui n’est qu’un égoïsme sans véritable individualité. Il ne peut pas exister de parti ni de lobby anarchiste individualiste. On ne peut pas mettre ce genre de truc dans une urne ou un caddie, c’est impossible.
L’Alien-loup solitaire n’est pas un humaniste mais c’est pas grave
J’ai causé de tout ça à mon Alien ex-anar soi-disant de droite – qui n’est d’ailleurs plus un Alien et ne l’a au fond jamais été. Le fait que je lui aie collé une nouvelle étiquette “anar individualiste” sur le dos et que j’ai élevé l’état de pure existence psychologique que jusqu’alors je lui prêtais au rang d’existence philosophique ne lui a fait ni chaud ni froid. Faut dire que même s’il est sociable quand il le faut et que même s’il n’a rien d’un anachorète, c’est quand même un loup solitaire qui ne chasse en meute que quand il ne peut pas faire autrement, que ce soit dans une société ultra-libérale ou social-démocrate. Il m’a dit que mon changement d’approche envers lui ne changeait rien entre nous, mais que ça lui faisait quand même un peu plaisir, puisque ça avait l’air de m’en faire à moi aussi, de ne plus être taxé d’“anar de droite”, vu qu’il ne s’était jamais senti de droite. “Et anar ?”, lui demandai-je. “Anar, oui”, m’a-t-il répondu, “mais je sais bien qu’aucune vaste société ne peut fonctionner sous le régime de l’anarchie. Continue avec ta social-démocratie, je te l’ai déjà dit, au fond ça m’arrange. Quand un max de gens ont un Etat ordonnateur et une économie qui leur distribue du bon pain et de bons jeux en des quantités et selon une répartition telles qu’il ne peut y avoir trop d’envieux, ces foules consuméristes grégaires, ignares, décervelées et soumises aux servitudes volontaires sont moins susceptibles de devenir méchantes et de s’entre-dévorer ou, pire, de s’attaquer aux loups solitaires comme moi juste parce qu’ils ne leur ressemblent pas. L’ordre sans le pouvoir, ça n’existe pas, sauf pour les loups solitaires capables de s’ordonner eux-mêmes sans ordonner aux autres, et ils sont plutôt rares, non ? Bon, qu’est-ce qu’on boit pour fêter ça ?”.
On peut pas dire de mon cher Alien, dont la présence ne m’est désormais plus perçue comme étrangère, que c’est un grand humaniste, ça non, mais il se comporte en complice loyal de mes penchants sociaux-démocrates et je comprends bien son point de vue sans illusions sur la nature humaine. Et vous ?
Lectures :9008
Bonjour Marsu, 🙂
J’hésite à ouvrir le fil… car je trouve que tu as exposé bcp de toi-même, de ton « moi » profond et que tu es dans une situation à en prendre plein la tronche ! Mais comme on n’est pas sur AV où ce serait l’hallali, j’attends avec intérêt la future réaction des ceusses de droite et de gauche parmi nos amis.
Quant à moi, je trouve ton parcours parfaitement humain et normal pour qqu’un qui rêve d’un monde meilleur (c’est bien), mais qui ne veut pas qu’on l’emmerde (c’est bien aussi), qui ne croit pas bcp aux facultés de bonheur et d’intelligence de ses semblables (je suis d’accord).
Perso, j’y rajouterais une courbe de Gauss : je cherche les 10 à 33 % de personnes avec qui je partage des valeurs sociales et d’ententes (je sais qu’elles existent, j’en ai rencontrées, il suffit de les chercher et les reconnaître, et d’avoir des facultés de confiance), et quant aux autres, je les combats pour certains ou je les défends pour d’autres que j’estime sauvables ou excusables.
Là, je parle de ma vie socio-politique… Car sinon, ma vie familiale et privée est évidemment au coeur de mon existence… avec un centre névralgique : je n’emmerde pas, qu’on ne m’emmerde pas.
Je crois que nous en sommes tous un peu là…
Au risque de décevoir Colre quant à la réaction qu’elle présuppose de ceux de droite, s’il est un constat à faire depuis une vingtaine d’années (damnées ?), c’est qu’il existe dans la droite des gens qui se posent des questions qui ressemblent à celles que se posent les « gens de gauche » et que tous ne sont pas béats d’admiration devant les manifestations des gouvernements de droite qui se sont succédés.
Pour ma part, je porte un alien de gauche en mon sein, qui tente de réduire mes pulsions individualistes avec un certain succès.
Faut dire que je suis aidé en cela par le choix d’une profession qui m’oblige à me frotter au quotidien des gens…
Magnifique article.
A relire à tête reposée.
« quant à la réaction qu’elle présuppose de ceux de droite » : raté ! justement, je ne présupposais rien en particulier, mais j’attendais des réactions assez diverses car un parcours politique, le long d’une vie, évolue au gré des expériences et n’est en rien figée dans des postures.
😀
D’accord avec Castor. Quelque part, c’est probablement plus sain d’avoir un alien pour favoriser l’indépendance d’esprit. En tous cas, il me semble que les gens à pezu près éclairés en ont un.
@ COLRE
D’accord avec toi à 100 %, comme d’hab… Dans ma vie c’est pareil pour la courbe de Gauss sociale. A part ça, j’avais pensé à pondre un texte de ce genre sur Agoravhoax, mais j’avais renoncé avant même d’en avoir écrit le premier mot, tant j’étais dégoûté à l’avance du fil de discussion binaire qui s’en suivrait et tant je n’avais pas envie de me farcir les conneries de la gôche bêlante du cloaque sur ces paradoxes vivants. Pour moi ceux qui se prétendent idéologiquement monolithiques sont des dangers publics et il n’y en a plus aucun dans mon entourage depuis très longtemps, et je préfèrerai toujours la compagnie d’un mec ou d’une nana de droite intelligents et pas cons à celle de mecs ou de nanas stupides. Ça a quand même des limites : je n’ai jamais partagé ma vie avec une nana de droite et je crois que ça ne serait pas possible… jusqu’où va se loger l’intimité, des fois !
C’est un texte à la fois important, courageux et lucide et je crois que beaucoup de gens se reconnaîtront dans cet itinéraire, avec des nuances évidemment. (Je ne partage pas cette exaltation de l’individu, par exemple)
Marsu pose en filigrane un vrai problème, celui de l’impossibilité de trouver désormais, quand on a eu des parcours proches du sien, une offre politique qui convienne. Sur certains points je me sens proche de Mélanchon, sur d’autres de l’Ump (euh, pas beaucoup), sur d’autres proche du PS, sur d’autres des souverainistes etc. Aucune formation politique n’arrive à synthétiser mes aspirations…
Il est difficile, à mon avis de faire la nuance entre l’anarchisme de droite et l’ultralibéralisme. J’y reviendrai.
Ce texte de Marsu est idéalement un support de réflexion sur soi-même et, en le lisant, on ne peut pas s’empêcher de se confronter à soi-même et à son propre parcours.
Pour ce qui est de « trouver l’offre politique » adéquate, c’est le beau revers d’une méchante médaille : la fin des systèmes idélogiques totalisant, pour ne pas dire totalitaires…
Du coup, il faut apprendre à critiquer « les siens », mais rester vigilants aux dérives, et faire le tri sélectif des valeurs prioritaires, avec une bonne dose de pragmatisme.
@ Léon
Je ne me reconnais en rien dans ce que tu appelles « exaltation de l’individu ». Je résumerai mon point de vue sur ce sujet ainsi : l’individuation, oui, l’individualisme, non. Pour paraphraser Lénine, on pourrait dire que « l’individualisme est la maladie infantile de l’individuation »… mais je ne suis pas sûr que ce soit complètement vrai, en tout cas c’est insuffisant pour faire la différence entre les deux. Etre individué n’empêche pas de développer des solidarités désintéressées et d’avoir de fortes appartenances collectives librement choisies, ce qui n’est pas le cas de l’individualisme, surtout quand celui-ci n’est que le fruit d’un matraquage idéologique ultralibéral et qu’il n’aboutit qu’à un individualisme moutonnier qui était déjà perceptible dans l’ombre que projetaient les Lumières et dont Tocqueville par exemple avait très vite perçu l’émergence.
Pour le reste, sur le plan politico-économique, je suis exactement comme toi, écartelé et déboussolé. C’est pas glorieux et ça génère un très chiant sentiment d’impuissance citoyenne. Mais bon, comme dit mon Alien, y a pas que la citoyenneté de droite ou de gauche dans la vie et heureusement !
@ Léon toujours En relisant ces commentaires pour y répondre m’est revenu un souvenir qui peut-être illustre concrètement le genre d’articulation paradoxale qu’il peut y avoir entre anarchisme individualiste et social-démocratie et qui démontre, il me semble, que l’affirmation forte de la liberté individuelle n’est pas contradictoire avec le sens des solidarités collectives. Voici l’histoire. Il y a pas mal d’années de cela, je bossais en free-lance pour une entreprise de presse et d’édition qui employait par ailleurs moins d’une dizaine de personnes, donc en-dessous du nombre nécessaire pour avoir un syndicat qui par ailleurs n’aurait jamais pu voir le jour dans ce genre de boîte étant donnée la totale indifférence desdits employés pour les luttes collectives. Passons. La boîte s’est mise à battre de l’aile à cause de problèmes de trésorerie, et je suspectais depuis un moment que de gros abus de biens sociaux étaient commis. Pour faire des économies de personnel, le boss s’est d’abord mis dans la tête de licencier l’une des employées pour faute grave afin d’éviter d’avoir à lui payer ses indemnités de licenciement, etc., le truc classique de patron ripou. Etant donné que cette faute grave n’existait pas, il a fait pression sur les autres employés pour qu’ils en accusent la malheureuse, sous peine de licenciement. Encore du grand classique de patron ripou. Les employés ont refusé, sauf une qui était en CDD et qui avait peur de se faire virer à la fin de son contrat. Les employés, désemparés, m’ont fait part de tout ça en me demandant quoi faire pour se défendre. Le free-lance que j’étais s’est alors transformé en syndicaliste maison et en détective privé pour l’occasion. Je passe les détails, mais bref, j’ai rassemblé les preuves de colossaux détournements de fonds abus de biens sociaux et du fait que le patron ne respectait pas le droit du travail et j’ai amené un dossier bien ficelé avec preuves comptables irréfutables aux flics responsables de la criminalité financière, à la suite de quoi le patron a été très lourdement condamné, les employés licenciés avec tous leurs droits sociaux et la boîte fermée. Le seul qui l’a eu dans le baba financier dans l’histoire, outre le patron et sa femme, ça a été moi, le free-lance, vu que quand on apure les compte et paye les créanciers dans ce genre de bizness, les free-lance arrivent toujours en derniers, c’est-à-dire qu’ils se font quasiment… Lire la suite »
Je comprends. L’histoire que tu racontes, je pourrais la raconter aussi en la transposant un peu. Mais dis-toi bien qu’il y a un truc que personne ne pourra t’enlever, c’est de l’avoir fait. Parce qu’il fallait le faire ou parce que tu étais porté par le sentiment plus ou moins conscient que les relations humaines civilisées sont fondées sur le fait de donner, recevoir et rendre (Mauss) et que pour avoir la suite de la séquence il faut commencer par la première.
@ Léon
Oh mais si c’était à refaire je le referais à l’identique et je n’étais pas porté par un « sentiment plus ou moins conscient », mais par une sur-conscience aiguë de l’injustice. Fallait que quelqu’un fasse ça, j’étais le seul à pouvoir le faire alors je l’ai fait. Si j’avais demandé aux employés de se cotiser pour me filer un peu de blé, je pense qu’ils l’auraient fait sans problème. Mais je n’y ai pas pensé, et eux non plus, c’est tout. Et puis en passant, j’ai pris un grand pied à faire le détective. Le chef de la brigade financière de la PJ m’a même dit que j’aurais fait un excellent flic, ce qui m’a fait tout drôle, vu qu’un de mes autres Alien se serait bien vu être inspecteur dans la criminelle…
Bonjour Clore, je ne sais pas : »Totalisants » ou « totalitaires » ne sont peut-être pas les mots qui conviennent toujours ? Que diriez-vous de « cohérents » ? Arriver à avoir une pensée politique « cohérente » ?
Léon (bonjour),
Je crains qu’il n’y ait pas de pensée politique complètement cohérente sinon de façon fugace à un instant T…
Car, de mon point de vue, tous les « courants » et concepts idéologiques naissent dans un contexte social et historique très singulier, s’y structurent « avec » et « contre » et forcément changent ou devraient changer en même temps que le contexte. Or, soit ils dérivent, soit ils s’ossifient et ne répondent plus aux nouvelles nécessités du moment.
Et l’on se retrouve coincé entre les « doctrinaires » et les « traitres »…
Or, je pense qu’il faut l’admettre, intellectuellement et moralement, et rester attentif aux grandes lignes de force et aux points prioritaires que l’on doit chercher à maintenir ou à suivre.
Ce que je dis là paraît très général, j’en suis désolée. J’ai des cas concrets en tête mais je ne peux pas les exposer en qques lignes : c’est un énorme sujet.
Je suis en train de me demander un truc, si le texte de Marsu n’est pas fédérateur de ceux qui interviennent ici. Une sorte de trait commun. A creuser. Je dois partir là, j’y reviendrai.
Je suis de ton avis, Léon, car il regroupe au centre de l’interrogation aussi bien les déçus de gauche que ceux de droite (pour simplifier hâtivement, j’en conviens).
bonjour Philippe,
Je vais dire une énormité… : je ne suis pas une déçue de la gauche…
Croyez que je lutte car elle s’en donne parfois à coeur joie pour m’empêcher de la soutenir, mais, d’abord, je n’avais pas bcp d’illusions (des utopies, oui, 😉 mais pas des illusions…), et ensuite il me suffit de jeter un regard à droite et d’écouter un Estrosi ou une Morano, sans parler évidemment du premier d’entre eux, pour revenir à gauche dans un grand mouvement d’exaspération et de colère…
Bonjour COLRE
Pareil le même: devant certains politiques de droite (bons exemples, là…), même la déception vis-à-vis de la gauche ne tient pas longtemps. Les idées sont plus fortes que les partis, les hommes et les coteries.
@ Léon
Je ne sais pas si ce texte est fédérateur des participants de ce blog qui réunit des gens de gauche et de droite, vu que finalement mon Alien ne semble pas être de droite finalement. Ce qui est sûr, c’est qu’il interroge sur les identités-identifications idéologiques et sur les paradoxes et antagonismes idiosyncrasiques qui peuplent les neurones chacun, qu’il le reconnaisse et qu’il en ait conscience ou pas. Encore une fois, l’anarchisme individualiste (je préfèrerais le terme « anarchisme de l’individuation », voir un de mes posts plus haut) véritable n’est pas soluble dans les urnes vu qu’il ne peut concerner qu’un nombre de personnes très réduit, et pas l’organisation globale de la Cité. C’est ce qui le différencie radicalement du libéralisme minarchiste, qui, lui, prétend imposer à la Cité toute entière ce genre d’ordre, avec tous les désordres et malheurs qui pourraient en résulter vu que très peu de gens sont réellement individués et même capables ou désireux de le devenir. Le discours sur la Servitude volontaire reste toujours d’actualité, et pour très longtemps encore à mon avis.
Marsu,
Ce que tu décris n’est-il pas une manière de se mettre en marge de la société ? Ce que je ne critique pas, mais qui serait alors une abstention politique.
@ Philippe
Il s’agit là d’une marginalité de l’être, et non d’une marginalité sociale, même si cette marginalité de l’être a évidemment un impact social (dans toutes mes activités, j’ai quasiment toujours pratiqué le hors-normes). Relis bien mon texte : dans mon optique, cet anarchisme de l’individuation ne peut avoir aucune dimension politico-citoyenne au sens très large, vu que concrètement, il ne peut être vécu ensemble qu’avec de tout petits groupes dont les membres sont fortement individualisés et que c’est très rare. Ça ne peut donc pas faire l’objet d’une politique collective et c’est en cela que c’est complètement différent du libéralisme minarchiste qui est aussi utopique que l’anarchisme de gauche, puisqu’il présuppose que chacun pourrait accéder au statut d’individu autonome libéré des servitudes volontaires qu’il s’inflige, ce qui n’est manifestement pas le cas.
Donc en tant que citoyen je reste social-démocrate parce que de mon point de vue c’est la moins pire des solutions. C’est très clair.
Il est bien vrai que l’homme et le citoyen ne peuvent jamais se recouvrir complètement.
S’il suivait ses idées de citoyen, l’homme ne vivrait que pour les autres; et le citoyen disparaîtrait si l’homme ne s’occupait que de lui-même, comme il le fait spontanément.
L’équilibre n’est pas facile à trouver: d’un côté, le trou de l’individualisme délicieux, de l’autre, la fosse de l’utopie humaniste et gratifiante.
Egoïsme vs humanisme: un partout, balle au centre.
Moralité: chacun de nous vit le conflit de l’individu et de la société. Rien de très original… 😆
@ Philippe
Certes, et je dirais même plus : ce serait une véritable mutilation de l’être que de le réduire à sa dimension citoyenne, qui n’en n’est qu’une petite composante. Mais le sujet de se billet n’est pas de confronter l’individu en soi à la citoyenneté. L’anarchisme individualiste que j’évoque est de nature philosophico-politique et ne concerne donc pas directement la bestiole humaine individuelle avec ses besoins et instincts fondamentaux et égoïstes, ce qui relève d’autres problématiques.
Ben merdeuuuu !… Si je savais manier les mots, j’aurais écrit un truc dans le même genre.
Ca marche dans tous les sens, tu peux replacer tous les groupes de gauches par des de droites et tu as le même résultat, j’ai compris ça très vite à fréquenter des gens divers et je me suis tout de suite tenu à l’écart.
Oui, merci à Marsupilami pour cette réflexion et ce « déboutonnage ».
Il est intéressant de voir que beaucoup de nous, à gauche ou ailleurs ( 😉 ), sont passablement désorientés dans la configuration politique actuelle. Un grand parti de droite, des petits au centre (?), un grand à gauche et puis quelques initiatives assez isolées et pas toujours convaincantes.
Mon impression est que nous cherchons tous plus des structures, des personnes à approuver voire à rejoindre, que des idées. Revenus pour certains d’un marxisme dont la qualité de l’analyse ne mène pas au réalisme politique, pour d’autres d’une pensée individualiste peu satisfaisante, nous sommes dans la position de l’âne de Buridan: allons-nous boire la potion libérale ou tâter de la viande « sociale » ?
Entre gens de bonne volonté, disons-le (…): à gauche comme à droite, nous ne sommes guère prêts à suivre des hommes (ou femmes…) politiques qui cherchent le pouvoir pour le pouvoir et non pour administrer le pays.
D’un côté comme de l’autre, le mécontentement incite à l’abstention d’action et même de vote, ce qui est peut-être le vrai problème: allons-nous nous retrouver dans la situation des USA où l’abstention est énorme et où ainsi la démocratie n’est plus qu’une caricature ?
Salut Marsu
Magnifique article auquel mon alien et moi trouvons une saveur particulière du fait d’une origine « sociale » commune ( nos pères se connaissaient trés vraisemblablement, le mien ayant fini sa carrière dans la même arme que le tien )
J’imagine le fil qui suivrait sur le site merdique ….
Bien que me revendiquant de droite, je n’ai aucun problème avec mon alien anar. Il y a un mot qui nous fait nous rejoindre en permanence : Liberté
Snoop,
Tu n’as pas d’alien, tu ES un alien !
😆
Il n’y a QUE des aliens ici, n’avais-tu pas compris, Castor de Bételgeuse ? 😀
J’oubliais ….
Bonjour à tous, c’est un bonheur de vous retrouver ici 😆
Au passage, pour rompre le bel unanimisme que je sens pointer ici, je vous signale que Lucillo a publié sur l’autre site un remarquable article sur Allende
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/il-y-a-40-ans-salvador-allende-et-80552?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter&utm_campaign=Feed%3A+agoravox%2FgEOF+(AgoraVox+-+le+journal+citoyen)
Disons étant fermé et mon golf accueillant un lâcher de pintades ( c’est juste pour faire plaisir à Colre, c’est ainsi que nous désignons une compétition féminine ) j’ai craqué en fin de fil et suis intervenu sous un nouveau pseudo…
J’attends vos commentaires
@ Snoopy
C’est hors-sujet mais je te répond quand même : je ne vais pas me farcir un nartic provoc de Lucillo et le dégueulis de commentaires repliés qui lui a succédé sur Agoravhoax, pas envie. Il ne fait aucun doute qu’Allende a écrit et donc pensé des trucs abjects et terrifiants. Les faisait-il toujours siens quand il a pris le pouvoir ? Je n’en sais rien, mais ça fait quand même froid dans le dos d’imaginer un mec comme ça ayant le pouvoir. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’a pas eu le temps ni le loisir de faire grand-chose et en tout cas pas d’appliquer ces idées. Pinochet, lui, a montré sur le terrain ce dont il était capable sans jamais avoir écrit quelque thèse que ce soit sur quoi que ce soit, et c’était une abjection. Allende aurait-il fait pire ? Possible, mais on ne le saura jamais…
Salut Snoopy : Lucilio pourrait tout aussi bien nous faire la litanie des crimes de Staline, qu’est-ce que cela change du point de vue de ceux de Pinochet ? Il y a belle lurette que tout le monde a compris que dans « dictature du prolétariat » il y le mot dictature.
Puisque Marsu lui-même entretient le hors sujet (quoique) et que Snoopy attend nos commentaires, je m’y colle.
Je vais moi aussi « rompre le bel unanimisme » car j’ai quand même un haut le coeur de lire un dithyrambe du brave général Pinochet, pour son « action positive » et pour avoir « rétabli la démocratie » (après l’avoir écrasée sous sa botte). Je trouve tout de même qu’on est au-delà de certaines limites, et comme le dit Léon, les crimes de Staline ou de Mao n’atténuent en rien ceux de Pinochet ou Videla, par ex.
Il faut avoir connu cette époque et des gens dont la famille a disparu pendant et après le golpe (ce qui est mon cas), des gens enfermés dans les bagnes de Patagonie, sans parler des 35.000 torturés et des 3.000 assassinats… et à ce moment-là ces victimes-là existent comme des êtres humains sans être de simples statistiques.
En leur mémoire, je désapprouve le terme de « terroristes » à leur égard (pour l’immense majorité), ou alors, il faudrait aussi souhaiter que Mitterrand et le PS d’après Epinay, même époque qu’Allende, même terminologie pseudo-révolutionnaire, ce qui était la mode en ce temps-là chez les gentils socialistes bon teint, aient également été « éliminés » par la CIA. La guerre froide avait bon dos en 1974…
Ce n’est pas de gaité de coeur que je romps ce charme de rentrée où tout le monde est beau et gentil, mais d’abord ce n’est pas moi qui ai commencé, et puis il fallait que ces choses-là soient dites.
@ COLRE
Damned, que lis-je au sortir de ma vaisselle et les mains à peine sèche ? Encore du hors-sujet ?
Bon, j’ai répondu a minima à Snoopy pour ne pas, justement, faire du hors-sujet : on est sûrs de l’existence de la sanglante dictature du gang Pinochet vu qu’elle a existé, mais on ne sait rien de ce qu’aurait fait l’antisémite Allende s’il avait vraiment exercé le pouvoir. Léon en a remis une couche, et toi aussi, et c’est très bien. Même un Kissinger, pourtant grand criminel de guerre, n’était pas très fier de l’action de la CIA au Chili et l’a publiquement exprimé, c’est dire. Bref les crimes de Pinochet sont avérés, ceux d’Allende virtuels et hypothétiques si jamais il avait eu l’occasion d’en commettre, ce qui n’est pas du tout impossible. La dicatature qui a sévi au Chili était une dictature de droite, n’en déplaise à Snoopy, point-barre. Et si ça avait été une dictature de gauche, perso je la dénoncerais pareil.
Pour rester dans le sujet, faudrait peut-être que les gens de droite qui s’expriment ici comprennent une bonne fois pour toutes que tous les gens de gauche ne sont pas d’horribles communistes rouges de chez rouges avec des couteaux sanglants avec les dents complices des crimes de Pol Pot, Staline & Mao. On ne passe pas notre temps, ici, à faire l’amalgame entre droite républicaine et extrême-droite.
Le commentaire de Snoopy aurait dû figurer au bar section engueulade de café du commerce, rogntudjuuu…
Mon alien provoc a atteint son objectif 😆 😆 😆
Colre, il a écrit çà Lucilio ? Faut dire, je ne perds plus de temps à le lire en détail… Ce type n’est qu’un provocateur, un falsificateur qui n’a strictement rien à envier aux pires idéologues staliniens. Il y a juste la leçon récitée qui est différente…
Non Léon, c’est moi qui l’ai écrit 😆 sous le pseudo Jean-Lucien Ducompleau
Mais temps qu’une certaine gôche fera d’Allende un martyr et une icône alors que ce cinglé raciste protégé par Castro et financé par le KGB voulait imposer une dictature marxiste-léniniste, je ne vois pas pourquoi je m’en priverais, d’autant que cela fait hurler Morice…
@ Marsu
» Mon alien s’interroge sur les identités-identifications idéologiques et sur les paradoxes et antagonismes idiosyncrasiques »
Moi un alien aussi chiant je le vire…
@ Snoopy
Dextre camarade, pour rendre compte de la complexité et des nuances dans un forum, il faut parfois utiliser des mots savants. En général, je n’en abuse pas même si j’en connais une vaste tripotée vu que la culture et la confiture, etc. !
Et ton Alien anar de droite qui copine avec ton droitisme politique, tu sais ce que je leur dis ?
Je suis presque intimidée d’intervenir sous ce fil…
En tous cas ce texte est très intéressant parce qu’il me semble assez universel, enfin chez ceux (de gauche comme de droite) qui se penchent sur le chemin parcouru, sur le sens à donner à leur parcours. Sauf les monolithiques, mais ceux-ci ne sont guère intéressants!
Je ne votais pas encore en 81, mais j’aurais voté à gauche, sans doute. Depuis, je suis restée assez fidèle, et ceci malgré « eux ». Je suis déçue de ceux qui ont gouverné, qui ont piétiné les rêves sur l’autel de la raison (mais avaient-ils le choix?), mais plus le temps passe et plus je me sens « pas de droite » encore plus que « de gauche ».
Médecin mais fille de profs, petite-fille d’artisans ou d’employés, descendante de simples gens, un peu Vendéenne, un peu Bretonne, lointaine parpaillotte par une branche, mon parcours est différent du vôtre Marsu, mais dans votre réflexion je retrouve certaines de mes interrogations.
Talleyrand était un alien. Il a niqué tous les camps à une époque assassine.
Fallait le faire …
Il avait une vista vraiment géniale. Tout le temps 2 coups d’avance.
J’aurais payé cher pour avoir une conversation de fond avec ce mec.
merci à Marsu pour ce bel article ….. nous nous reconnaissons tous un peu dans ce parcours,ce qui fait au final nos convictions politiques et la voix que nous nous sommes tracés,ce n’est qu’une somme d’émotions et de ressentis de toutes les expériences que nous avons vécus,et dont nôtre inconscient a fait le tri,un peu à nôte insu… peut être est ce tout simplement une histoire d’hormomes ou de gênes ? comment peut on être attiré par les idées de droite ou de gauche ? est ce que l’on nait avec ? d’ailleurs être de droit ou de gauche dans l’absolu,ça ne veut rien dire ..à droite de quoi? à gauche de quoi ? on a tous au moins un ressenti de ces deux penchants suivant certaines circonstances du moment présent .. ex) je vois une femme avec un gosse dans la rue me tendre la main parce qu’elle est dans la merde et qu’elle ne sait pas où elle va dormir ce soir suite à l’expulsion de son appart ….ma réaction va être automatiquement > quels salauds d’avoir foutu à la rue une pauvre femme avec son gamin,j’espère que les services sociaux vont faire quelque chose immédiatement dans l’immédiatje vais lui proposer de dormir chez moi..ma réaction sera celle d’une personne de gauche … ex) si je vois un type que je connais comme flemmard chronique chômeur professionnel et glandant à longueur d’année alors que sa femme bosse comme une dingue pour subvenir aux besoins du ménage et pour nourrir les gosses,et que lassée par le comportement de ce salaud elle le vire et qu’il vienne un jour me faire la manche ..> quel connard ! bien fait pour sa gueule,il avait qu’a bosser comme tout le monde,qu’il en bave bien,ça lui fera les pieds ! …ma réaction sera celle d’un type de droite …. je vais vous dévoiler une infime partie de mon vécu … déjà au départ enfant de la DDASS ( ça démarrait mal) nourri et torché certainement par des fonctionnaires de l’Assistabce Publique,amis étant nourrisson,du moment qu’on a le bide rempli et qu’on peut faire son rôt !….. puis confié à une famille d’acceuil,de braves gens de la cambrousse à l’époque ou la banlieue Parisienne étant encore la campagne … puis après le certif ( quand même) et une année de cours complémentaire ( ou j’ai appris » my tailor is rich » et good morning et… Lire la suite »
ex) je vois une femme avec un gosse dans la rue me tendre la main parce qu’elle est dans la merde et qu’elle ne sait pas où elle va dormir ce soir suite à l’expulsion de son appart ….ma réaction va être automatiquement > quels salauds d’avoir foutu à la rue une pauvre femme avec son gamin,j’espère que les services sociaux vont faire quelque chose immédiatement dans l’immédiatje vais lui proposer de dormir chez moi..ma réaction sera celle d’une personne de gauche …
ex) si je vois un type que je connais comme flemmard chronique chômeur professionnel et glandant à longueur d’année alors que sa femme bosse comme une dingue pour subvenir aux besoins du ménage et pour nourrir les gosses,et que lassée par le comportement de ce salaud elle le vire et qu’il vienne un jour me faire la manche ..> quel connard ! bien fait pour sa gueule,il avait qu’a bosser comme tout le monde,qu’il en bave bien,ça lui fera les pieds ! …ma réaction sera celle d’un type de droite ….
Mais Maxime, c’est pas être de droite ou de gauche ça.
salut Ranta ..
ouais ,c’est peut être un peu basique comme exemple,mais c’est le premier qui m’est passé par la tête …..
j’suis un primaire mon vieux,et puis y’a l’âge…le cerveau a quelques neurones pas à leur place …..:-))
salut maxim
pour moi t’es tout-à-fait fréquentable, t’es un mec clair et net … les fourbes me débectent
alors puisqu’on est à confesse, je vais avouer ici 2 récits auto-biographiques
celui – ci
et
celui – là
ça aidera peut-être la communauté ci-présente à me situer vaguement, même si ma réalité d’aujourd’hui est très différente
salut Tall …
réciproquement pour toi et merci ….
sinon..ah bon ? de vraies tranches de vie ?
on en a tous même d’inavouables ou presque, perso je ne les évoque même pas on me regarderait d’un autre oeil !
c’est clair … vaut mieux pas
non pas qu’on soit pire, sûrement pas, mais parce que les contextes violents changent les perspectives
si on ne l’a jamais vécu soi-même, c’est très difficile d’en comprendre le ressenti
l’avantage pour ceux qui en sortent, c’est que ça nivelle mieux les réalités humaines et qu’on voit mieux à travers les masques
« Quant à la crédibilité de la psychopathie, elle se fait exclusivement par voie d’amalgame, en héritant de la crédibilité de la médecine basée sur d’autres diagnostics qui eux, ont des corrélats biologiques vérifiables (mongolisme, Alzheimer, etc.). »
Tall, je partage entièrement ta dernière phrase, on m’a diagnostiqué le syndrome d’Asperger, dont les origines sont génétiques et neurologiques, il y a quelques années, alors que j’allais vers la trentaine, ce qui fait que je suis maintenant suivi par des neuropsychologues et des spécialistes de cette affection, donc plus sur le versant des neurosciences, si tu savais le soulagement de ne plus être dans le giron des psychologues. Parce qu’autant dire que jeune, j’étais vraiment spécial, même si maintenant, jeune trentenaire, je pense arriver à passer à peu près inaperçu auprès de ceux qui ne me connaissent pas bien. Et de la psychiatrie de bazar, je m’en suis coltiné, et inutile de dire que ça ne m’a rien apporté du tout. Même si l’inefficacité de la psychanalyse chez les Asperger est connue, j’ai quand même des doutes sur son efficacité en général.
Salut Wald
Cela ne m’étonne pas … à part pour le « chimique » ( qui n’agit qu’en aval des causes ), la psy occidentale n’est en général guère + efficace que les astuces des sorciers africains, car c’est en fait basé sur le même principe.
Principe qui veut que si le problème est vraiment exclusivement psy, le fait d’avoir foi en une méthode censée le guérir, peut effectivement le guérir de par cette foi, et peu importe la méthode, du moment qu’on y croit.
Les guérisons de Lourdes relèvent du même principe, car il existe des paralysies psychosomatiques.
Par contre, dès que ce n’est plus purement psy, c’est l’échec bien sûr.
Et oui Tall, c’est le plantage garanti. Sur ta comparaison avec les sorciers africains, disons que les termes sont un peu plus osés que ce que j’aurais osé dire, mais sur le fond ce n’est pas si différend.
Et dans mon cas il n’y avait de plus rien à guérir, une différence de fonctionnement du cerveau et une maladie étant deux choses bien différentes.
@ Maxim
Ranta a fait la réponse qu’il fallait en ce qui concerne les rôles de gauche et de droite dans les situations que tu décrivais. Ceci dit j’ai rien contre les anars de droite, au contraire… tant qu’ils ne servent pas de supplétifs pseudo-penseurs « libres » aux pouvoirs d’argent de la droite pas du tout anar.
salut Marsu..
ah…ça …l’anar de droite sincère ne se commet pas avec cette fausse droite clinquante et m’as tu vu qui pense avoir loupé sa vie si la Rolex ne brille pas au poignet à 50 piges et qui fréquente la cantine du Fouquet’s .
excusez toutes les fautes ….mon chat venait me faire des papouilles pendant que je tapais !
Bas les papattes le chat de Maxim !
Ouaip le chat a bon dos. Faudrait voir à ne pas abuser de la pastille idoser « papouilles sensuelles n°6 » 🙄
Bonjour Marsupilami, quel texte ! je souhaiterais écrire aussi clairement mes observations.
je me suis lassée de chercher une assemblée cordiale, toujours debout j’ai pris mon Alien et profitant d’un vent méchant l’ai jeté à la mer – espérant, peut-être, que demain quelque chose arrivera qui rendra la multitude supportable.
L’incompréhensible, ce n’est pas que les hommes aient fait pousser des roses sur un tas de fumier – mais que pour une raison ou une autre ils aient besoin de roses.
Désillusion
Assis devant sa niche, un gros chien, tristement,
regardait dans la nuit disparaître son maître
qui l’avait attaché (battu, même, peut-être?)
et le gros chien pensait, en lissant ses moustaches
d’un geste négligent :
» On s’attache, on s’attache… »
Michel Deville, 1931
@ Causette
Ce texte de Deville résume bien celui sur la servitude volontaire de la Boétie. Puisqu’on est dans la poésie, en voici un autre, de Lucien Jacques, qui me suit depuis l’adolescence :
« Je crois en l’homme, cette ordure,
Je crois en l’homme, ce fumier, ce sable mouvant, cette eau morte.
Je crois en l’homme, ce tordu, cette vessie de vanité.
Je crois en l’homme, cette pommade,
Ce grelot, cette plume au vent, ce boute-feu, ce fouille- merde.
Je crois en l’homme, ce lèche sang.
Malgré tout ce qu’il a pu faire de mortel et d’irréparable.
Je crois en lui
Pour la sûreté de sa main, Pour son goût de la liberté,
Pour le jeu de sa fantaisie.
Pour son vertige devant l’étoile,
Je crois en lui pour le sel de son amitié,
Pour l’eau de ses yeux, pour son rire,
Pour son élan et ses faiblesses.
Je crois à tout jamais en lui
Pour une main qui s’est tendue, pour un regard qui s’est offert.
Et puis surtout et avant tout
Pour le simple accueil d’un berger ».
Bon, ben moi, c’est pas un alien que j’ai, mais 2 ou 3.
salut Ranta, 2 ou 3 c’est un bon début pour faire un élevage
😆
Oups…des mâles et des femelles parmi eux ?… 😯 je croyais que c’était asexué ces machins là 😥
Bon, je les vendrais à Pyralène.
@ Ranta
Oui, on est tous faits d’innombrabres Aliens. Je n’ai évoqué que l’un des miens, celui qui asticotait mon socialisme, les autres ne jouant qu’un rôle secondaire dans cette affaire ! Les élever tous prend toute une vie. D’ailleurs la plupart d’entre eux s’élèvent tout seuls, ce qui vaut mieux parce qu’il n’y a pas que ça à foutre dans l’existence que de domestiquer ces bestioles. Y en a certains qu’il faut flinguer, parfois, en espérant qu’ils ne se réincarnent pas…
Le dominant chez moi est né le 20 mai 1988, le jour ou notre petit personnel politique s’est voté à l’unanimité une loi d’amnistie taillée sur mesure.
@ Ranta
Au fait, à propos d’amnistie si je puis dire, tu t’es fait virer d’Agoravhoax ou tu as liquidé ton compte ?
J’ai demandé plusieurs fois que mon compte soit supprimé sans avoir de réponses(5 fois si je me souviens bien) alors j’en ai eu marre et j’ai posté en conséquence 😆 et là, ça a marché : sur av ranta est mort dimanche, vive ranta 🙂
Le truc marrant, c’est que ces cons ne ne répondaient pas, alors je suis allé dans un faire un don et j’ai contacté av en leur disant que je voulais leur envoyer un chèque mais que je ne savais pas où … 10 minutes après « on » me répondait 😆
Comprends pas.
Moi, sans demander, ils le suppriment régulièrement.
Oh tu sais castor, moi ceux que j’avais en blanc passaient facile à la trappe, mais en jaune av est tellement attaché à « sa » communauté de rédacteurs (tu sais le nombre méga délirants, ça doit aider pour la pub)qu’ils trainent les babouches (spécial momo celle-là.
Et puis je soupçonne autre chose, j’ai fait parti de ceux qui ont soutenu les trois vieux croûtons ouvertement, alors ne pas supprimer mon compte, laisser mes commentaires c’est peut-être une façon de jeter le soupçon.
« Vieux » croûtons, tant que ça!
Ah, zut c’est vrai, j’ai pas mis le copyright. C’était la « sucrée mielleuse » dit sweet candy.
Ceci dit c’est vrai que vieux est de trop 🙂
ranta
Perso, la dernière fois qu’ils m’ont supprimé un compte, c’est en automne 2008 avec tous les zozos. Ensuite, tout a été à ma demande, et souvent j’ai dû insisté, parce qu’ils pensaient que je reviendrais. N’importe quoi !
Plus sérieusement, je prends avox maintenant comme une auberge espagnole où, à côté des frapas, ya certains créneaux précis qui peuvent être intéressants à exploiter, vu l’audimat.
Je pense évidemment à la situation historique actuelle de la Belgique qui est vraiment au bord de l’abîme.
Pour Disons.fr, je vais peut-être aussi proposer un article ou 2, mais dans un créneau + « local » alors. Tout dépend du sujet en fait. Pour la politique belge, je reste sur Avox.
Bijour Marsu, ton parcours c’est drôle , on aurait dit que……..
Moi je n’avais pas d’Alien , j’avais un Ours , un ours qui est repassé me voir plus d’un demi siècle après,dimanche matin à 7h30.
M’en fous je l’ai ma cabane en bois.
@ Furtif
Mon Alien est très ours. Très mal léché. Plutôt solitaire et paisible, mais faut vraiment pas le chercher sinon on le trouve, et alors là… attention !
Raté, je le refais : groaaaAAAR !
Si vous voulez vous marrer, y’a de l’eau dans le gaz sur sans papelards
@ Ranta
J’ai survolé ça, c’est à pisser de rire le numéro de duettistes entre JC Allard et le Panda. Le département de fusions-acquisitions de l’Agoravhoax Bank surveillerait de près l’OPA foirée de Centpapiers avec le machin du Panda afin d’éventuellement réaliser une belle plus-value de connerie frappadingue en cas de (c)rachat des deux branquignols. Génial !
Les pauvres… Mais comment peut-on se mettre dans un merdier pareil ? J’avoue, en plus ne pas comprendre grand chose à leur truc. J’espère que Pierre.R, qui a l’air très remonté nous fera un résumé. C’est toujours intéressant de savoir ce qui se passe ailleurs sur le net.
Il y a visiblement là-bas un concours, mais on ne connaît pas bien sa nature: s’agit-il du propos le plus lénifiant, le plus satisfait, le plus obscur, le plus humour au second degré, le plus riche en fautes de français, un concours d’autosatisfaction, de charabia informatique mal assimilé, d’entrecongratulation, on ne sait pas, mais le tout est assez réussi.
Souhaitons en effet que Pierre R nous éclaire un peu dans ces ténèbres hilarantes.
Merci Ranta pour ce précieux panneau indicateur.
Il me sera donc permis de ne pas mourir dans le péché. je viens ici reconnaitre les pouvoirs infinis Taverne , que dis-je infinis : supra humains.
Si vous arrivez à le retrouver au milieu des commentaires qui s’entrecroisent , qui se répètent sans raison ni suite , vous le verrez dans toute sa gloire affirmer l’impensable.
Il prétend comprendre le Panda
Si ce qu’il dit est vrai , je me prosterne à ses pieds et , pendants que j’écrase ma face impie sur le sol, je lui présente une requête :
» Puisqu’il semble posséder , par science innée ou mutation génétique, le pouvoir de comprendre les langages extra galactiques et de les traduire en simultané, j’avoue que je serais infiniment comblé s’il venait ici m’apporter son soutien , j’ai connu de grands moments de bonne volonté peu reconnue hier soir. On pourrait même dire que ces efforts ont été pris à l’envers par celui pour qui je déployais des tonnes de patience , sollicitude , et dévouement empressé »
Je tiens à reconnaitre devant tous que j’étais impatient de retrouver sur Cent Papiers la constellation de talents regroupant Gasty nous insultant comme il en a pris , on ne saura jamais pourquoi, l’habitude dans la langue de Sisyphe, repris par le Panda sur sa feuille mondialement célèbre.
Ne me dites pas que ce projet de taille universelle, que le monde attend en retenant son souffle , pourrait être remis en cause pour une banale raison de sujet verbe complément. Les Albert Londres et les Hemingway du 3è millénaire sauront je l’espère surmonter ces petits écueils
Ce numéro de duettistes entre Gagasty et Le Pendable est également assez croquignolet !
Furtif,
Comprendre le Panda ? Je ne comprends pas ce que tu veux dire, là.
@ Philippe
Elle est un peu fastoche mais merde, après un tel déluge d’inepties de dîner de cons, je la fais quand même : pour comprendre de que baragouine matamorement le Panda, une seule solution: Fiat lux !
Ah merci Marsu, on comprend mieux: il roule donc sa caisse. 😉
Ce que j’ai appris, ça et là (ma grande clémence naturelle vous épargne le récit de ma funeste vie 😆 ), sur le comportement animal en général, et sur le comportement humain en particulier, c’est que le contrôle par répression des attitudes non-conformes est moins efficace que le contrôle par renforcement des attitudes satisfaisants au moyen de récompenses. Et que dans l’ensemble, la « terreur » en tant que procédé de gouvernement rend moins bien que la manipulation non violente du milieu des pensées et des sentiments de l’individu. Le contrôle presque parfait exercé par un gouvernement ou autre élite financière est réalisée au moyen de renforcement des attitudes satisfaisantes, de nombreuses manipulations non-violentes, à la fois physiques et psychologiques.
Commerces, finances, politiques —-> Techniques de manipulations dans l’intérêt de quelque minorité… les pensées, les sentiments des masses —-> Forces impersonnelles, en train de rendre le monde si peu sûr pour les démocraties, et si peu hospitalier pour la liberté individuelle.
La technique moderne a amené à la concentration du pouvoir économique et politique ainsi qu’au développement d’une société contrôlée – avec férocité dans les Etats totalitaires, et savoir-vivre-ensemble dans les démocraties. Notre société (occidentale), malgré ses progrès matériels, intellectuels et sociaux concoure à faire de chaque individu un robot qui paie son échec sur le plan humain par des maladies (mental?) toujours plus fréquentes et une angoisse qui se dissimule sous une frénésie de travail et de prétendus désirs/plaisirs.
En tant qu’être unique, physiquement et mentalement, toute société qui -soit par intérêt de l’efficacité, soit au nom d’un dogme religieux ou politique- essaie de m’uniformatiser commet une intoxication sur ma nature biologique. Et bien souvent, j’ai constaté que la beauté du rangement servait de justifications à l’arbitraire.
ouf! je vais me boire une petite bière 😆
@ Causette
Ouais, mais le neuromarketing de gauche est hachement plus mieux que le neuromarketing de droite. Et « qui fait l’ange fait la bête », comme disait Pascal. Un peu de bonne santé animale ne fait jamais de mal pour résister aux bourrages de mou humains, trop humains…
En passant comme ça , pour constater les dégâts provoqués par la rencontre des aspirations un peu excessives et sans principe de PJC avec les offres de service et les talents incomparables du Panda , j’ai pu constater que la retraite religieuse de notre ami F.E. était terminée et que la fréquentation du Panda et de AJM lui fournissait l’exaltation mystique dont notre offre, par trop modeste en cette matière, souffrait un peu.
Bon vent Forest , je ne cache pas mon amertume, mais écrire sous le haut contrôle d’Allain Jules lui même sous celui du Panda, très sincèrement , on ne pouvait pas lutter dans un tel mercato.
Félicitations au Vaillant négociateur PJCA
@ Furtif
Faux. C’est un vieux texte de Forest Ent repiqué sans vergogne sur Agoravhoax par les branquignols. L’excellent Forest Ent vaut quand même mieux que ça !
Voudrais-tu dire?
Laisserais-tu entendre?
……qu’il en est désormais sur Cent Papiers?
Ils n’auraient pas osé publier un article de Forest____ très bon par ailleurs___ sans son consentement?
Ou n’est-ce pas qu’ils oseraient tout ?
J’ai voulu lire Forest mais trés vite ma lecture a été interrompue par un spam imbitable du panda 😆
N’empêche que l’évènement de première grandeur de cette fin d’été est que Taverne comprend , traduit Le Pendable.
Saurait-il le parler, sa langue ne semble pourtant pas contaminée mais cela expliquerait bien des curiosités de sa musique.
Euhhh parce que c’est mieux de le dire , on ne sait jamais
Honneur à toi Taverne qui viens, encore une fois, jouer les pompiers dans cet incendie.
Cette affaire est assez croquignolette, tout de même. Je viens de réaliser que Cent parchemin compte quand même quelques lumières inoxydables comme Jules, Bonnet, Momo (pict plus fidèle à la réalité), Taverne, Cabanel, Mourey et même un Préfontaine qui ravit. Rien que du achement citoyen de première bourre…. 8) j’espère qu’il réalise sa chance le PJC 😆
Correction , je viens de lire la suite du fil. Taverne tu te permets d’insulter Pierre R, tu retournes à ta vraie grandeur
Forest End, ça me rappelle cette fameuse grande réunion des avoxiens à Paris avant les présidentielles.
Il y croyait dur comme fer, le mec. Normal pour un croyant.
Le Panda était encore là aussi, etc … Ils y croyaient d’ailleurs tous au barratin du 5e pouvoir, blablabla…
Ce n’est pas mauvais de se rappeler de ça, car ça situe toute l’ampleur du cynisme manipulateur des organisateurs.
En même temps, un « sondage » indiquait Bayrou à 70% d’intentions de votes pour la présidentielle
Putain, Bayrou encore plus fort que Dieudonné 😆
Inutile de dire Marsu, que j’ai lu avec attention ton article, mais comme tu le sais bien, faire un commentaire sur ses propres rapports à la politique prend pas mal de temps et c’est souvent très compliqué, comme dans les familles.
Je crois que tu n’as pas encore tout essayé, tente Baudrillard, que tu connais peut-être sans l’apprécier. Après, le classer politiquement reste difficile.
@ Wald
Oh mais j’ai lu Baudrillard. Le problème, c’est qu’il n’a pas eu lieu et que sa pensée a disparu du monde réel ! Ce postmoderne est probablement postpolitique. A part ça euh…
Toc Toc, personne au bar ?
PJCA
Si. Bonjour PJCA. Que nous vaut le plaisir … ?
Salut Marsu,
Très intéressant ton article que je découvre avec retard. (Et je n’ai pas encore lu les commentaires)
En le lisant, et comme je m’y reconnaissais un peu (beaucoup), au moins dans toutes les idées que j’ai écartées définitivement de mon esprit, j’imaginais la réponse qu’aurait pu te (me) faire, dans un autre lieu, le gars Sisyphe.
Il aurait fait donner l’artillerie lourde face à un texte et à une existence si volontairement en dehors de ses dogmes bien appris et s’avisant qui plus est de lui faire la leçon.
Il t’aurait sans doute dit que tu étais mûr pour ta dernière pirouette et que tu étais prêt à finir à l’extrême droite, (et que d’ailleurs tu l’avais toujours été) comme tous ces cons qui font passer leur petite personne avant l’éducation et la transformation des classes populaires. Avec la prochaine révolte qui vient, et qui mettra définitivement par terre ces façons de penser et toute l’économie capitaliste basée sur le profit, les individualistes comme toi ou comme moi pourront aller travailler pour le bien public dans des camps de rééducation comme celui qu’il rêve sans doute de diriger depuis fort longtemps..
Bref il en aurait fait des tonnes, comme d’hab, t’apprenant la vie, lui qui n’y a jamais rien compris, et terminant par un « mon brave » ou un « serviteur » pour bien te faire comprendre en quel profond mépris il te tenait.
A la différence de toi, j’ai toujours (pratiquement toujours) été très dubitatif sur tous les courants de pensée à tendance globalisante, et finalement je n’ai jamais étudié l’un ou l’autre très sérieusement ou profondément.
Une sorte de sixième sens interne et surtout un goût de la contradiction qui me fait inévitablement prendre une position inverse à la pensée générale du groupe dans lequel je suis plongé.
Difficile de t’intégrer à tel ou tel groupe politique quand tu es affublé de ce genre de tare.
Mais difficile aussi de te situer réellement toi-même quand tu te sens traversé par des contradictions qui remettent perpétuellement tout en question.
On apprend à vivre avec ! Toi avec ton « anar de droite », moi avec mon « hyper-scepticisme » accroché à mes basques et qui me rend la vie bien inconfortable, mais bien belle malgré tout.
Je vais lire les commentaires qui doivent receler des trouvailles très intéressantes tant je suis sûr que ton texte parle à beaucoup, par ici.
@ Buster
Oh, tu sais, la période de mes turbulences politiques a été brève, avant 25 ans elle était déjà terminée et dans ce domaine je n’ai jamais été engagé à fond dans quoi que ce soit vu que pour moi il n’y a pas que ça dans la vie (les choses plus intéressantes que ça sont innombrables) et que je partage totalement ton scepticisme. Ce qui ne m’empêche pas de me comporter en citoyen.
Puisque tu évoques les réactions d’un Sisyphe à un tel texte, oui, ça aurait été à peu près ce que tu décris, de l’idiotie unilatérale hargneuse. Inutile de te dire qu’il n’y a pas de gus comme lui dans mon entourage. Les discoureurs de politique politicienne de droite ou de gauche sont assommants et c’est pour beaucoup d’entre eux une simple alternative au fait de parler de la pluie et du beau temps ou de commenter le dernier match de foot, pour fuir le silence et occuper les neurones.
Comme je l’écrivais à Ranta, je suis fait de pleins d’autres Aliens dont la plupart se contrefoutent de la chose politique. La condition citoyenne ne pèse pas lourd quand je randonne dans une forêt en observant avec bonheur la mousse sur les pierres.