Obertone ou le MRAP : où situer le dégoût ? Léon

Décidément, le livre d’Obertone suscite des réactions totalement surréalistes, mais la plus délirante est sans aucun doute celle du MRAP qui a publié ici un communiqué réellement stupéfiant. Ce texte, devenu un « argumentaire » anti-Obertone, appelle quelques remarques.

De quoi s’agit-il au fond ?

Un type écrit un livre dans lequel il dénonce la cécité des médias sur la criminalité et la délinquance, sur l’omerta qui entoure l’augmentation, parfois spectaculaire, de la violence au cours de la période récente, s’intéresse à la souffrance des victimes et demande que l’on en prenne conscience. Il dénonce ce qu’il considère comme un laxisme envers les auteurs coupables et s’élève contre la culture de l’excuse qui en est la cause principale.

Jusque là, on ne voit pas en quoi cela défrise le MRAP sinon que cette question, au sein de la gauche, a toujours fait l’objet d’un pur déni. Les choses évidemment se gâtent lorsqu’ Obertone pointe du doigt les auteurs, chez lesquels la surreprésentation immigrée et d’origine immigrée venue du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne est flagrante.

Bien sûr le MRAP est dans son rôle lorsqu’il cherche à apaiser des tensions qui pourraient apparaître entre communautés ethniques ou nationales et, face à ce constat dérangeant, il est normal qu’il essaye de démontrer ( s’il le peut), que ces thèses sont éventuellement fausses, qu’elles sont le produit d’amalgames abusifs etc.

On s’attend donc à trouver, à propos de ce livre, des contestations de chiffres, du sérieux des sources, des mises en perspectives, des relativisations des affirmations de l’auteur etc.

Eh, bien non, rien de tout cela. Qu’a pondu le MRAP ?

—Une série de citations qui proviendraient de l’auteur mais, et là on atteint les sommets du ridicule et de l’abjection intellectuelle, aucune venant du livre incriminé !!!!!!  Ces citations, en effet, ont pour but de démontrer que l’auteur est globalement un ignoble facho de la droite la plus extrême. C’est-à-dire, tenez vous bien: on essaie de démolir un livre en citant des propos qui n’y sont pas, qui ne portent même pas sur le sujet et, faute de pouvoir en contester le contenu, on s’efforce d’en discréditer l’auteur.

Il faut décidément avoir de l’estomac pour qualifier l’auteur de « facho » et employer ce genre de méthode, typique des polices de la pensée des pires dictatures, et qui rappelle plus précisément les procès staliniens. On s’étonne encore plus que des gens prétendument « de gauche » aujourd’hui adhèrent à un tel « argumentaire » et de tels procédés…

Désolé pour eux, mais que Laurent Oberetone soit un facho de la pire espèce, en admettant même que cela soit vrai, ne remet pas en question, en soi, le contenu de son livre, les faits qu’il énonce. Ou alors il faut expliquer que l’ONDRP (observatoire national de la délinquance et des réponses pénales) est dirigé par un nazi du nom d’Alain Bauer, l’INSEE par les cadres du Front National, que le livre « Le déni des cultures » est l’oeuvre d’un sociologue phalangiste, que Christophe Guilluy est membre du GUD, que les journaux de province qui continuent de relater ces faits divers sont passés à l’extrême-droite, et qu’en outre tous ces gens mentent dans le but de propager des thèses racistes, antisémites, antimusulmanes, eugénistes, antidémocratiques etc.

Au passage, chercher à qualifier de « facho » quelqu’un dont le déterminant est son empathie envers les victimes, parce qu’il revendique et assume le fait d’en avoir plus envers elles qu’envers les délinquants et criminels en dit long sur les leçons d’altruisme ou d’humanité que certains petits pédants prétendent donner ici ou là. Etrange inversion des valeurs, pour le moins…

Rappelons à tout hasard que la réalité n’est ni de gauche ni de droite et que toute personne qui a un minimum de dignité et de cohérence intellectuelle ne peut faire autrement que de l’accepter même si elle dérange ses convictions et je dirais même, surtout si c’est le cas. On s’étonne, sur le blog de Renève, que quelqu’un comme Bilger, que l’on croyait quand même honnête et républicain, adoube ce livre. Cela ne les a évidemment pas effleurés que c’est, précisément, parce ce qu’il pourrait l’être (honnête), qu’il le fait…  Mais heureusement le politrouk [1] Gébé veille et nous apporte l’explication  : l’extrême-droitisation de Bilger; avec comme preuve que son père ( !) a été un » dirigeant d’une ligue paysanne alsacienne antisémite et nationaliste  » .[2]

Ces commissaires politiques répugnants font partie de ceux qui contestent généralement à Céline d’être l’un des plus grands écrivains français du XXeme siecle, qui seraient capables de critiquer les qualités  de chef d’orchestre de Karajan ou Furtwänlgler, de trouver sans doute moins de talent d’acteur à Delon ou Gabin qu’à Torreton ou Arditi au prétexte d’affinités, de liens supposés ou réels des premiers avec des droites diverses et variées.[3]

Ne nous y trompons pas, la réalité de cette affaire est à chercher dans la réciproque de cette sorte de théorème quantique qui énonce que ce qui est produit par quelqu’un de moralement répréhensible, c’est-à-dire évidemment de droite, ne peut être que faux ou médiocre : en se proclamant de gauche on affirme une prétention à un positionnement du bon côté de la morale, mais aussi, et c’est encore plus ridicule, à l’excellence ! [4] On connaît tous ces moralistes, de Cahuzac à Renève : il suffit de gratter, on découvre que leurs leçons de morale sont bidon et qu’ils ne se les appliquent pas à eux-mêmes. Quant à l’excellence…

Avec ce texte, le MRAP a fait une sorte d’ «outing » particulièrement odieux en ce qu’il agit très exactement comme ce qu’il est supposé combattre et dénoncer par ailleurs.

Et il paraît, en plus, qu’ils sont subventionnés et que donc on les finance sur nos impôts.

Oui, on se demande exactement où situer le dégoût…

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[1] Rappelons que le terme de politrouk était l’appellation donnée aux commissaires politiques chargés, notamment  par Staline, de purger l’armée Rouge de ses cadres jugés politiquement douteux.

[2] On appréciera à sa juste valeur cet argument, sous les applaudissements nourris de l’assistance…

[3] Le politrouk nous a ainsi récemment régalés avec la « récupération par le FN » des Rita Mitsouko parce que MLP aurait été vue dansant sur leur musique. Là aussi, on appréciera l’argument à sa juste valeur.

[4] Toujours la pensée profonde du politrouk en conclusion de la » récupération par le FN des Rita Mitsouko » : « Depuis L.F. Céline et les « Hussards », la production culturelle de qualité à droite étant bien faible, on se rabat à défaut sur ce qu’on peut ! » Lui, me fait mentir sur Céline mais, outre que ce n’est pas très gentil pour les Rita Mitsouko, on aimerait savoir ce qu’il considère comme production culturelle de qualité « de gauche », pour voir… Les livres de BHL ? Les oeuvres de Tariq Ramadan ?