Une réflexion d’Eric Zemmour au cours de son « débat »avec Aymeric Caron au cours de l’émission de L. Ruquier samedi dernier m’a intrigué et poussé à en savoir plus. Il a fait allusion aux travaux de la démographe Michèle Tribalat qui, si j’ai bien compris, aurait, la première, mis en lumière qu’une partie très importante du regroupement familial ne devait nullement être interprétée comme on le fait d’habitude, c’est-à dire un signe d’ouverture et de tolérance d’une société du fait des mariages « mixtes » qu’il suppose.
La mesure du racisme ou de la xénophobie d’une société n’est pas simple, en effet. Le moyen le plus habituel consiste à procéder à des enquêtes d’opinion, des sondages où l’on pose aux sondés des questions supposées révéler ce genre d’attitude. Mais jusqu’à présent on admettait l’existence d’un indicateur considéré comme objectif et imparable : la fréquence des mariages « mixtes », l’adjectif qualifiant des mariages entre personnes d’origines ethniques différentes.
Il est vrai qu’accepter de créer une union, de « mélanger son sang » en ayant des enfants métissés est probablement la présomption la plus sûre d’une absence de racisme. Mais on a, en France, du fait de l’interdiction des statistiques ethniques, une difficulté à vraiment appréhender le phénomène et la mixité du mariage est plutôt mesurée par la mixité des nationalités des gens qui se marient. Or ceci induit un biais indiscutable, au point même que l’augmentation de ce taux peut, dans certain cas, être la conséquence, au contraire, d’une augmentation du communautarisme ethnique,( euphémisme bien proche du racisme).
L’étude de Michèle Tribalat de 2006, consacrée à ce phénomène, annonce le chiffre brutalement :
« Plus de 60 % des Français rejoints par un étranger sont eux-mêmes d’origine étrangère. » Et le reste de l’étude montre que, très majoritairement, cela concerne des hommes, eux-mêmes anciens immigrés ou descendants d’immigrés africains et surtout maghrébins, qui vont chercher « au bled » une épouse pour la ramener en France.
Loin d’être le signe d’un brassage de populations et une mesure flatteuse d’une absence de racisme, l’augmentation de ces chiffres indique donc ici, au contraire, une forme de communautarisme croissant…
Ce constat pose évidemment de nombreuses questions : qu’est-ce qui peut bien pousser un Francais né, par exemple, de deux parents algériens immigrés en France à chercher une épouse ailleurs que dans son entourage géographique et social immédiat ? Pourquoi utiliser cette solution compliquée et coûteuse, nécessairement volontariste ? En effet, là, on ne fait pas confiance aux hasards d’une rencontre, mais on applique une stratégie délibérée qui suppose de retourner dans le pays d’origine de ses parents, en l’occurrence en Algérie, d’y séjourner, de se mettre en quête d’une femme à épouser, de la trouver, d’y faire toutes les démarches administratives nécessaires et d’y conclure un mariage selon les lois du pays. Ensuite il faut revenir en France et se soumettre à de nouvelles démarches, compliquées, pour obtenir le regroupement familial.
Faut-il que les motivations de ces hommes soient puissantes pour accepter ce véritable parcours du combattant !…
Pour des raisons qu’il conviendrait d’élucider, les femmes françaises, qu’elles soient de souche ancienne et européenne, ou d’origine immigrée,(et c’est ce point qui est sans doute le plus intéressant) ne conviennent donc pas ( ou plus) à ces hommes…
Une simple tendance, disons « naturelle », à l’endogamie ethnique ne peut, à elle seule, expliquer ce phénomène : il y a, en effet, à peu près autant d’hommes que de femmes, jeunes, issus de parents algériens en France. Compte tenu, notamment, d’une forme de ségrégation ethnique qui se développe dans les grandes villes, un beur d’origine algérienne, en supposant qu’il souhaite une telle union endogamique, a toutes les chances d’avoir dans son entourage des beurettes de la même origine que lui qui pourraient être des épouses potentielles ; et leur nombre s’accroît encore si l’on élargit le champs à toutes les origines maghrébines.
Alors, endogamie plus strictement culturelle ? La volonté de conserver la langue, les habitudes alimentaires, la religion ? Là encore, une telle démarche suppose donc que les femmes descendantes d’immigrés, présentes en France, ne répondraient pas à ces exigences…
On peut proposer une hypothèse:
Les femmes d’origine immigrée en provenance d’Afrique et du Maghreb ont bien plus intérêt à l’assimilation républicaine que les hommes, en ce qu’elle leur confère un statut largement meilleur que celui auquel elles auraient eu à se conformer si elles devaient suivre la tradition. On le voit dans les cités où les filles sont beaucoup plus motivées à l’intégration, studieuses à l’école et quittent dès qu’elles le peuvent le carcan familial. C’est bien la peur de voir ces filles les fuir qui pousse les mâles à tenter de se les réserver par des procédés qui ont tous pour but de les soustraire à l’appétit matrimonial et sexuel des autres. Et la religion musulmane est alors d’un très grand secours, notamment par son code vestimentaire, sa prescription impérative à l’endogamie religieuse et son carcan idéologique misogyne.
Ces hommes font le constat suivant : de moins en moins de femmes acceptent une union avec eux [1], de moins en moins de femmes acceptent de passer leur vie avec des hommes élevés dans le culte du machisme et de la soumission de la femme, voire de sa minorité. Alors ils vont la chercher là où elle est encore éduquée en ce sens. [2] Cela marche d’autant mieux que, souvent, ces femmes et leurs familles voient dans le mariage avec ces hommes la possibilité d’une promotion sociale, d’un changement de vie que les mirages de l’Occident développé suggèrent. Au bled, l’immigré de troisième ou quatrième génération bénéficie souvent d’un certain prestige et il passe pour un homme riche. Aussi n’a-t-il aucun mal à trouver des candidates… parmi lesquelles, compte tenu de sa motivation profonde, il ne choisira certainement pas la plus émancipée et la plus moderne…
Au demeurant, cette motivation-là n’est pas propre à ces populations. Elle est aussi présente dans la volonté de certains mâles européens à aller chercher une épouse « exotique » et cette démarche obéit alors à des ressorts beaucoup moins nobles et avouables que l’anti-racisme.
Pour s’en convaincre il suffit, par exemple, de regarder cette publicité d’une agence matrimoniale spécialisée dans les unions entre Français et femmes russes trouvée sur RUE 89 mais que l’on voit un peu partout.
On vous dit que ces femmes sont « belles », « intelligentes » mais aussi, « traditionnelles ». Mais que peut bien vouloir dire, une femme « traditionnelle » à votre avis, sinon une femme bien soumise, éduquée au travail domestique, à satisfaire les moindres désirs de son seigneur et maître, une femme qui accepte par principe sa domination inconditionnelle par son macho de mari ? Nul doute que si un tel argument publicitaire est utilisé, c’est qu’il répond à la demande de certains hommes…[3]
Pour en revenir à ces mariages mixtes qui se révèlent, quand on creuse, très endogamiques, une fois de plus, la réalité révèle une société française de plus en plus éloignée de l’image plus ou moins idyllique que les Français entretenaient d’eux-mêmes et de leur modèle assimilationniste.
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[1] Les unions entre hommes maghrébins et femmes de souche européenne, assez fréquentes dans les années 70, époque où les pratiques et revendications identitaires étaient bien moins marquées sont effectivement, parallèlement, en forte baisse. Faut-il y voir le résultat d’expériences malheureuses vécues par ces familles, qui ont désormais appris à s’en méfier ?
[2] Ce rejet et la frustration sexuelle qui en résulte, combinés à une vision très dégradée des femmes expliquent probablement l’agressivité et le harcèlement fréquents auquel ils se livrent vis à vis d’elles. Rappelons, au passage que la circoncision rendant la masturbation masculine plus compliquée, participe de cette frustration.
[3] Ceci pour dire, au passage, que lorsque cet élément-là préside à ces unions « mixtes » ces dernières ne constituent en rien un brevet ni une preuve de l’anti-racisme de l’homme. Il sera difficile, dans un comportement odieux vis-à-vis de la femme, de faire chez l’homme la part de machisme et de racisme pur, l’un pouvant servir à dissimuler l’autre, l’un pouvant se cumuler avec l’autre.
Lectures :9061
très bonne idée d’appuyer sur le fait, avec deux exemples (Maghreb et Pays de l’Est), que le mariage mixte ne constitue en aucun cas une garantie d’ouverture d’esprit. On pourra penser à ces agriculteurs votant FN également et se mariant à une noire par désespoir de cause pour la tenue de l’exploitation la plupart du temps…
une autre étude qu’il serait intéressant de faire c’est la proportion chez les communautés ethniques à un mariage mixte concernant la femme ou l’homme. En effet, dans un monde encore rempli de machisme et de domination patriarcale, épouser une femme d’une origine différente peut être vu comme une conquête de la part de l’ethnie de l’homme qui aura par contre plus de mal à accepter qu’une fille de chez eux se marie avec un homme étranger. Si dans une communauté donnée, on observe que les hommes font énormément de mariages mixtes, mais très peu les femmes, on pourra peut être avoir un jugement plus pondéré sur « l’ouverture d’esprit ».
Quand le racisme fricote avec le machisme c’est toujours difficile de discerner les limites et il serait malvenu de se réjouir de la diminution de l’un si l’autre prend sa place.
En effet Lapa « …quand le racisme fricote avec le machisme ça nous donne un drôle de mélange » mais ,
la contorsion est d’un niveau supérieur quand un antiracisme de façade sert de paravent à un machisme honteux , …
Cet anti racisme de façade, affiché et à tout instant rappelé, autorise les postures de donneurs de leçons alors que chaque instant laisse éclater aux yeux de tous, le machisme archaïque le plus effréné.
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On peut trouver dans art de la contorsion l’explication à bien des prouesses quantiques.
Pour compléter sur le mariage mixte. La femme qui se marie avec un musulman n’est pas certaine d’être sa seule femme. Il y a quelques années, j’ai rencontré une Colombienne qui me racontait sa surprise d’apprendre, après avoir eu deux enfants avec son concubin, d’être la deuxième épouse, sur trois. Et j’ai souvent remarqué que la première était la cousine, mariage arrangé par les parents.
Dernier alinéa (p453) pioché dans ce document
Mariages d’étrangers et mariages mixtes en France
Evolution depuis la Première Guerre
➡ publié en 1984
Lorsque le courant tarit, comme c’est le cas de nos jours, les individus possédant la nationalité d’origine sont, avec le temps, de moins en moins nombreux (naturalisation, acquisitions de la nationalité française par naissance,…) et, à supposer que l’on puisse, au moyen d’enquêtes, repérer le type d’union contractée et en mesurer la fréquence, la question posée prend alors un sens un peu différent, celui de savoir si les individus de la deuxième génération, voire de la troisième – une fois donc l’insertion pleinement réalisée – conservent ou non dans leur façon de se marier des affinités avec la communauté d’origine.
Oula ! encore une étude qui fait que reprendre des chiffres qui ne plaisent pas 😆
A titre perso j’ai une histoire à ce sujet : l’ancienne nounou de mon second fils. C’est une Turque, après le lycée sa famille lui a interdit de poursuivre ses études et l’a vendue, j’appelle ça comme ça il n’y a pas d’autre terme à ces mariages arrangés, à un Turc habitant un Turquie. Entre autre la manip c’était de pouvoir le faire venir en France de manière on ne peut plus légale. Elle a refusé et a fui. sa famille,Père, frères, oncles, a monté une véritable opération commando pour la retouver affirmant haut et fort qu’au nom de l’honneur il la tuerait une fois retouvée 😉 ces gens là ont prétendu, non seulement forcer ma porte affirmant que l’on savait où elle értait -ce qui était vrai, mais je laisse imaginer l’intense satisfaction de leur dire qu’ils pouvaient toujours essayer avec ou sans vaseline- mais nous ont aussi tout simplement menacés. Une histoire qui a fini avec les gendarmes.
Aujourd’hui cette jeune fille est prof de maths (pas à la momo hein, une vraie prof) a choisi l’homme avec lequel elle voulait vivre. Et pour ma part, chaque fois que j’entends parler de mariage forcé j’ai des envies de meurtre.
Ah, aussi, avec cette histoire sus le pseudo de Carmen cru j’ai baladé JOJO l’imam et le paradisial pendant des semaines sur Maboul 😆 😆 😆
Prof à Villeneuve la Garenne.
Il nous a été donné de nous inquiéter de la disparition d’un garçon extrêmement sympa d’origine algérienne.
Son père l’avait emmené « au Pays » pour les vacances….
Fin des vacances par de gars !
Absent tous les jours.
Puis un beau jeudi, entre deux gendarmes le voilà ty pas qu’il se ramène.
Devant le Patron et ses profs il nous raconte son histoire.
Après un mariage arrangé forcé par son père , il na eu d’autre solution que de fuir à l’ambassade de France et grâce à la dite de se faire rapatrier.
Ils sont comme ça au pays des imams.
un article du Monde d.aujourd’hui indique qu’un phenomene analogue se developpe en Coree: de plus en plus d’hommes de Coree du sud essaient de trouver des femmes plus « traditionnelles » venues de Coree du Nord, moins exigeantes, plus soumises etc…..