L’article de Waldgänger qui s’est penché sur les beaux atours de la « dynastie bourguignonne » nous invite à nous intéresser aux mentalités et conduites typiques de ce temps, typiques de cette couche sociale sur son déclin : l’aristocratie.
- Après la défaite de Crécy, Nouaillé-Maupertuis marque la fin de la suprématie militaire de la cavalerie lourde face aux armes de jet. L’ordre donné par le roi de la démonter (3) donne la mesure du désarroi militaire. La décision du chef politique d’accepter sa défaite totale quand rien n’est encore perdu, de perdre la vie en se mettant en situation de la risquer quand il pouvait encore accepter un revers minime et poursuivre sa campagne. Cette accumulation est, elle, la mesure d’une incompétence politique radicale. La rançon n’est qu’un élément en plus de cet enseignement. La vaillance du jeune Philippe « Père gardez vous à droite » lui vaudra l’apanage bourguignon.
(Wikipédia : Le mot apanage ou appanage vient du bas-latin ad panem qui signifie « pour donner du pain ». )
Ce système offre l’avantage d’offrir une gestion plus proche de la couronne que celle qui aurait eu cours à travers les degrés nombreux de la France féodale. En cas de déclin du pouvoir central, la tendance naturelle à l’autonomie voire à la dissidence reprenait le dessus.
Philippe VI, son père, avait récupéré l’apanage d’Anjou. Jean II le Bon, redevenu maître de l’apanage de Bourgogne par la mort sans héritier de Philippe de Rouvre, descendant de Robert frère du roi Henri 1er (1032), jugea bon de transformer l’apanage Capétien en un apanage Valois pour son quatrième fils.
2. Les conditions désastreuses sur le plan militaire dans lesquelles le Téméraire accepte d’entreprendre le siège de Nancy et surtout de le poursuivre quand tout lui montre qu’il n’y a plus d’espoir nous disent combien il y a de l’obstination bornée dans cette bravoure…Tout risquer et tout perdre sur un seul coup avec dans les mains les plus mauvaises cartes. Se mêler au massacre et s’y jeter pour s’y perdre, disparaître au milieu des cadavres dans la neige, quel amateurisme ! La même fantasmagorie inconsistante que son ancêtre à PoitiersLa mort du Téméraire devant Nancy, sans héritier mâle, voit l’extinction de l’apanage et le retour à la couronne de France de cette part du domaine royal.
Ces deux princes ne comptaient très certainement pas parmi les plus ignares, mais ils souffraient d’un système de représentation de la valeur individuelle qui avait fait son temps. L’esprit de chevalerie. Sur cette voie ils avaient été précédés par des exemples mythiques : le peuple Juif en exil à Babylone. Les épreuves étant un passage obligé du mérite chrétien, semblable à la mort du héros classique gréco-romain, l’effondrement complet conservait sa valeur d’apothéose – cf. la fin de Camelot–
La gloire d’Achille et le ciel du chevalier s’atteignaient par le même chemin. Aussi hommes, écus, et son propre sang – cette caste militaire dépensait sans compter dans une prodigalité hors d’âge.
Nos Valois souffraient surtout d’un ancêtre omniprésent à l’ombre envahissante.
Le revenu du domaine royal ne dépasse pas, à cette date, 450 000 livres…
Vingt ans plus tard, rebelote, le roi va mourir sous les murs de Tunis du même mal qui l’a fait souffrir toute sa vie. Il manque y perdre son fils et héritier de la couronne, mais il y gagne l’image funeste de la mort en gloire du saint roi-chevalier.
Jean le Bon
Le lendemain, le fatras confus qui fait face au sud, contre les Anglais, n’a plus rien à voir avec l’armée de l’avant-veille. Il n’y a plus moyen de se faire entendre et les chefs de guerre en profitent pour se disputer devant les troupes sur les opérations à engager. Chacun part de son coté se faire étriper avec les siens. Le roi appelle « ses » meilleurs et les envoie charger – il l’aura eue sa charge – Les archers anglais les « découpent ». Brusquement la bousculade pour être au premier rang tourne à la recherche pressante d’aller voir ailleurs… Le roi éloigne ses héritiers Charles, Louis et Jean, et garde avec lui le plus jeune, Philippe. Il fait descendre tout le monde de cheval et attend une hache à la main, son fils à ses côtés. Quelques instants pour bâtir une légende et on se rend.
Après moult péripéties dues aux agissements du Navarrais Charles le Mauvais, aux incompréhensions entre le Dauphin et son père et aux mouvements populaires en France, la rançon est fixée à 4 millions d’écus soit un peu plus de 12 tonnes d’or, 2 années de recettes fiscales.
Création du « franc à cheval » 3,88 g d’or à 24 carats.
En fait, le roi fut libéré contre une rançon de 3 millions d’écus dont, à sa mort, à peine 1/3 avait été versé. Plus sérieux, on restituait à l’Angleterre les possessions Plantagenet en Aquitaine
Jean sans peur
Deux familles se disputant le trône de Constantinople, les Paléologues et les Cantacuzènes, elles ne trouvent pas mieux que d’engager des troupes ottomanes et leur faire traverser les détroits . Au bout du compte ces dernières se mettent à leur compte et s’installent en Europe, en Thrace, Bulgarie et Serbie(Kossovo)
À la demande du Basileus, du roi de Hongrie et du pape, un appel à la croisade pour chasser les infidèles est lancé. Les Français, désœuvrés en raison d’une funeste trêve, répondent présents au nombre de 10 000 dont 1000 chevaliers. Ils rivaliseront de querelles et de chicanes avec les chevaliers allemands. Arrivés sur place, le roi de Hongrie propose une attente prudente de l’attaque turque. C’est compter sans la gloriole belliqueuse des Français. Pillant et maltraitant le pays les « croisés » avancent sans prendre la peine d’effectuer des reconnaissances. Septembre 1396 : ils assiègent Nikopolis sur la rive droite du Danube sans se soucier des Turcs . « Bajazet est de l’autre coté du Bosphore, sans aucun doute ».
Pourtant un croisé français, Coucy, organise une expédition légère et emporte une victoire écrasante sur une colonne turque tout près. Ce succès produit d’étranges effets. La ville résiste encore plus, étant certaine que Bajazet approche. Dans le camp des croisés les succès de Coucy suscitent des jalousies supplémentaires entre Français cette fois. Le Turc est à un jour de marche. On fait exécuter les otages musulmans et on passe à table.
Les Turcs sont là, ces messieurs les chevaliers n’ont pas fini de déjeuner, de digérer ou de dessaouler… Ils n’en demandent pas moins de mener le premier assaut, sourds aux avis des Hongrois expérimentés en matière de combat contre cette armée là. Les Français chargent et s’enfoncent au creux de la nasse préparée pour eux par Bajazet. Ils s’y feront massacrer , ou capturer et rançonner pour les plus riches
Philippe le Hardi après avoir vu la rançon de son père dut verser celle de son fils ( 500 à 700 kilos d’or) 200 000 florins
Le dernier Valois Bourguignon, Charles le Téméraire
Un anachronisme qui perdure
François 1er, bien que créateur de l’état moderne, continue à sacrifier au vieux mythe de la conduite chevaleresque. Il savait pourtant à quoi s’en tenir.
En 1519 Charles Quint est désigné empereur et devient maître de l’Allemagne. François 1er qui était candidat, avait dépensé une fortune pour acheter le vote des électeurs, 400 000 écus (une tonne et demie d’or) mais Charles Quint, lui, avait signé des traites à valoir après son élection pour 851 000 florins (2 tonnes d’or).
Vainqueur à Marignan, il perdra tout à Pavie dix ans plus tard, par fanfaronnade. Dans un contexte d’infériorité numérique, il masque lui-même sa propre artillerie et va se faire coincer dans un espace clos dont il est parfaitement au courant. Il y a de la ganache Valois dans ce Valois Angoulême. Il restera prisonnier à Madrid treize mois jusqu’à l’échange avec ses enfants remis en otages. En 1530 les enfants du roi François furent délivrés contre une forte rançon, 2 000 000 écus (7 tonnes d’or)
Henri II, fils du précédent, un des Valois à la politique la plus visionnaire et mesurée à la fois, ne trouva rien de mieux que d’aller faire mumuse pour épater la galerie. Il se fit percer l’œil d’un coup de lance au cours d’un tournoi et mourra après 10 jours d’agonie.
Bien plus tard la République de la Convention thermidorienne renoua, fâcheusement pour les idéaux proclamés, avec la pratique du tribut de guerre ; elle en fit même une constante de sa politique et la survie de son budget Depuis ce temps les états ne reculent pas devant l’exigence de rançons à chaque fois plus extravagantes. Les exactions et les rapines du fisc français, républicain puis impérial, furent les germes les plus assurés de l’esprit national allemand.
Avec Napoléon III la caricature se fait grimace. Qu’allait-il faire à Sedan ? Croire à ses propres fantasmes ? La IIIè République doit renoncer à l’Alsace Lorraine et Metz et acquitter une indemnité de guerre de 5 milliards de francs-or (1 500 tonnes d’or)
Au lendemain du traité de Versailles, en 1919 l’Allemagne devra payer des réparations tellement énormes qu’on ne peut s’en faire une représentation. Le montant s’élève à 132 milliards de marks-or.Faites vous-même le calcul à 0,35842 g d’or fin par mark or. Les conditions des versements, même incomplets, méritent plusieurs articles. Les annexes financières de l’armistice de 1940 méritent aussi un détour. Les règlements internationaux post –deuxième guerre mondiale sont aussi encore plus ahurissants.
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Quand j’étudiais l’alimentation du duché de Bourgogne, je me suis souvent posé des questions de politique fiction (un peu vaines, peut-être, mais stimulantes pour l’esprit) : et si les ducs de Bourgogne avaient réussi à prendre le pouvoir à la place des rois de France ? Ou si les ducs de Bourgogne avaient réussi à créer un état de Bourgogne de Nice à la Flandre, (possessions du duc de Savoie + du duc de Bourgogne) ? Si le Duché de Bourgogne avait eu le pouvoir, Charles Quint, qui avait la nostalgie du duché de Bourgogne, aurait peut-être été roi de France, comme il a dirigé les Pays Bas Méridionaux (la Belgique). On m’a enseigné l’histoire de France comme un processus inéluctable d’agrandissement du royaume ! En tous cas, duché de Bourgogne ou royaume de France, ces élites avaient une culture alimentaire commune. C’est au moins un point d’accord entre eux.
Charles Quint , appelé ainsi uniquement chez les Français, a, lui et sa famille, toujours conservé le regret de Dijon et de ses splendeurs.
Il n’y a rien de plus étroit et convenu que le peu d’estime en laquelle on le tient en France. On se l’explique quand on considère le quasi culte injustifié que l’on voue à François 1er.
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Pour l’histoire fiction j’y ai joué longtemps j’y rêvasse encore parfois.
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Je ne suis pas sûr que nous ayons tiré le gros lot à la loterie des invasions barbares.( les Francs)
Pour le conflit qui sera à l’origine de 600 ans de guerres , j’aurais bien opté pour les Plantagenets.Les Valois y auront gagné un réputation de truqueurs perfides qui nous colle encore à la peau et qui reste vivace chez anglo saxons.
J’ai découvert il y a 15 ans que les Espagnols nous prenaient depuis le XVIIè pour des parasites suçant la richesse de l’Espagne. Nos artisans industrieux ayant su détourner leur or. Les soldats de Napoléon,eux, ayant su ajouter une couche de barbarie à ce premier concept .J’ai oublié le mot
En Italie une hostilité profonde prend sa source dans le choix politique de la France suivi d’interventions militaires en faveur du pape contre les constructeurs de l’Italie moderne.
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Cela n’a rien à voir avec la repentance.
L’histoire enseignée et construite par la IIIè République devrait être scientifiquement remise en ordre.
Remise en ordre sans que les divers gouvernements s’en mêlent voire pire encore l’opinion publique .
Youpee
La mémoire m’est revenue, la révision des 65 000 devient de plus en plus nécessaire.
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On est toujours le Gavache de quelqu’un.
Jésus de Galilée l’était dans la bouche des Judéens
J’adore le :ces Valois de Dijon s’inscrit entre deux bornes significatives 😆 😆 😆 et le Philippe de Rouvre 😆 😆 😆
Donc, si je saisis bien l’aristocratie n’aura pu s’empêcher de résister à la connerie monumentale qui a mené ces manieurs de fer à la ruine. Sans doute à associer avec la connerie militaire.
Bah, lorsque c’est Dieu, ou Allah, qui te missionne, hein !
C’est une généralisation.
Le courage ne remplaçait pas le travail intellectuel.Ce qui s’est passé à Crécy , Poitiers , Azincourt ou Pavie est confondant de bêtise.
Rien à voir avec les hasards d’une bataille, ou une maitrise inférieure à celle de l’adversaire.
À l’inverse je n’aurais pas aimé me retrouver dans la cavalerie de la Maison du roi à Fontenoy.
Ils ont chargé tenu et morflé sévère.
Pour le manque de culture et le manque de valeur accordée au mérite
C’est le drame des aristocraties.
Les individus qui acceptaient cet effort étaient jugés de fort mauvais gout.Louis XVI a bien essayé de modifier la donne mais trop tard.