De quoi être en colère…

Je suis en colère !

Mais alors, vraiment…

L’attribution du prix Nobel de la paix à l’Union Européenne était certes inattendue et peut-être contestable dans le sens où d’autres auraient sans doute pu y prétendre. Mais lire, ici ou là, et venant de tous les eurosceptiques de gauche comme de droite des critiques, des sarcasmes, voire de l’indignation me révolte.

Je suis aussi un « eurosceptique », critique du manque de démocratie de l’Union et de son orientation très libérale. Sauf que les libéraux n’ont pas toujours tort sur tout.

Lorsqu’ils proposent de substituer leur « doux commerce »[1] à la guerre, de retirer le pouvoir au belliqueux aristocrate au profit du bourgeois affairiste, et lorsqu’ils se donnent comme projet sociétal de remplacer la guerre armée par la concurrence économique, la violence dans les rapports sociaux n’est pas éliminée, loin de là,  mais elle est abaissée d’un cran gigantesque. Prodigieux. Presque incommensurable…

S’il y a une chose que l’UE a obtenu, c’est effectivement de pacifier un continent qui a été à feu et à sang pendant des siècles et ceci doit presque tout au volontarisme politique, pas grand-chose aux tropismes du marché. C’est peut-être tout ce que l’Europe a réussi, mais pardon, ce n’est pas rien.

Ont-ils conscience, ces esprits forts et ces petits malins de ce qu’est la GUERRE  ?

Sait-elle cette écervelée qu’il y a une différence entre être victime d’un licenciement pour cause de délocalisation et d’avoir le corps déchiqueté sous un tapis de bombes ?

On peut trouver étrange d’attribuer ce prix à une institution et non à des hommes, à des militants de la paix en chair et en os, mais oui, l’’UE  a mérité ce Nobel !

[1] « Le commerce guérit des préjugés destructeurs ; et c’est presque une règle générale que, partout où il y a des mœurs douces, il y a du commerce ; et que, partout où il y a du commerce, il y a des mœurs douces.[…] L’effet naturel du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l’une a intérêt d’acheter, l’autre a intérêt de vendre ; et toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels ». Montesquieu, De l’esprit des lois, Livre XX, chapitres 1 et 2 (1748)

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Léon
Léon
15 octobre 2012 11 h 42 min

Bien entendu, où trouve-t-on les pires stupidités à ce propos ?
Ici.
Et toujours ici
Et encore ici
et toujours ici

Mettre à un même niveau un programme d’austérité et une guerre, il faut être totalement inconscient

Léon
Léon
15 octobre 2012 11 h 57 min

Rappelons l’attendu : « L’UE et ses ancêtres contribuent depuis plus de six décennies à promouvoir la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l’Homme en Europe».

Peut-être faudrait-il souligner « En Europe » aux malcomprenants.

Lapa
Administrateur
Lapa
15 octobre 2012 12 h 48 min

En tout cas elle risquait pas d’avoir le Nobel d’économie 😀

Léon
Léon
15 octobre 2012 13 h 01 min

😆 😆 😆

Causette
Causette
15 octobre 2012 16 h 09 min

La vache! Léon nous a particulièrement gâtés avec les liens :mrgreen: 6 agogovorax avec Arianeuneuh en chef des baltringes in bad faith 😆

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
15 octobre 2012 19 h 40 min

Un commentaire que je partage même si je ne peux affirmer que la paix soit une conséquence de la construction Européenne .

Causette
Causette
15 octobre 2012 21 h 35 min
Reply to  D. Furtif

Pacifier un continent, je suis assez d’accord là-dessus.

Sauf peut-être le rôle ambigu de l’Europe dans les guerres 1991/2001 de Yougoslavie
wiki
Jusqu’en 1997, les États-Unis considèrent l’UÇK comme une organisation terroriste soutenue en partie par le trafic de l’héroïne. Le représentant spécial du président Bill Clinton dans les Balkans, Robert Gelbard, décrit l’UÇK comme un groupe indubitablement terroriste.

Néanmoins, avant février 1998, l’UÇK est supprimée de la liste des organisations terroristes du Département d’État des États-Unis. Selon des sources fiables, des représentants de l’UÇK auraient rencontré, dès 1996 et possiblement plusieurs années plus tôt, des services de renseignements américains, britanniques et suisses. En 1998, l’hebdomadaire britannique The European mentionne que des services de renseignements militaires et civils allemands auraient participé à l’entraînement et à l’équipement de la guérilla dans le but de consolider l’influence allemande dans les Balkans.

L’ancien conseiller au Parlement allemand, Matthias Küntzel, prouvera plus tard que ces services secrets ont joué un rôle essentiel auprès de l’UÇK depuis sa création. Selon le Sunday Times de Londres, des agents de renseignements américains ont admis avoir participé à la formation militaire de l’Armée de libération du Kosovo avant le bombardement de la Yougoslavie par l’OTAN. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, après son départ du Kosovo avant les bombardements, a laissé du matériel de téléphonie satelitaire à certains membres de l’UCK qui possédaient même le numéro de téléphone mobile du général de l’OTAN Wesley Clark.

Léon
Léon
15 octobre 2012 22 h 18 min

Cet argument de la Yougoslavie n’en est pas un. A ce compte-là aussi la répression du printemps de Prague ou du soulèvement en Hongrie. Il s’agit de pays qui n’étaient précisément pas membres de l’UE. Lorsqu’elle a intégré massivement les ex-pays de l’Est, l’UE a fait son travail en faveur de la paix. On pourra toujours critiquer sa gestion de la crise des Balkans mais je ne crois pas que l’UE soit pour quoi que ce soit dans les causes ou le déclenchement de la guerre qui y a eu lieu

docdory
docdory
17 octobre 2012 16 h 52 min

@ Léon Là, je ne vais pas être d’accord du tout avec toi. Moi, ce qui m’a mis en colère c’est ce prix Nobel de la paix immérité decerné à l’union européenne ! 1°) D’une part, il y avait à l’évidence une personne qui méritait beaucoup plus le prix Nobel de la paix cette année, c’est la jeune Malala Yousufzai, cette jeune militante afghane des droits de l’homme, âgée de 14 ans, qui militait pour la scolarisation des filles et contre les talibans, et qui a bien failli de ce fait se faire liquider par ceux-ci. Lui donner le prix Nobel de la paix, ça , ça aurait été un vrai coup d’éclat du comité Nobel, ça aurait voulu dire quelque chose de bien plus fort que ce prix à l’UE. 2°) Il faut soigeneusement lire l’intitulé des motifs qui ont « justifié » l’attribution de ce Nobel à l’UE. Je cite : The Nobel Peace Prize 2012 was awarded to European Union (EU) « for over six decades contributed to the advancement of peace and reconciliation, democracy and human rights in Europe ». On peut déjà faire remarquer que l’Union Européenne n’existe en tant que telle que depuis le traité de l’Union européenne ( 1993 si je ne m’abuse ), ce qui ne fait pas six décennies, mais seulement deux. Auparavant ce n’était pas l’Union européenne, mais le marché commun puis la CEE … Petit détail, mais significatif des approximations du Comité Nobel. Par ailleurs, ce n’est pas l’Union européenne qui a permis la paix , mais la paix ( qui était au départ une « pax américana  » ) qui a permis l’union européenne. Quand au maintien de cette paix malgré la présence du menaçant géant soviétique, elle doit évidemment bien plus à l’acquisition de la force de frappe par le Royaume uni et la France qu’à l’existence à l’époque du marché commun puis de la CEE ! Quant aux progrès de la démocratie par l’UE, c’est à mourir de rire. Cette satrapie ploutocratique faite d’un parlement godillot et d’un monstrueux exécutif non élu et inamovible ( depuis combien de temps a t-on droit à Barroso, et qui l’a élu ? ) ressemble de plus en plus à feue l’URSS, comme l’avait magistralement démontré dans une vidéo célèbre l’ancien dissident soviétique Vladimir Bukowski : http://www.youtube.com/watch?v=bM2Ql3wOGcU ( Voir aussi à ce sujet les excellentes vidéos des discours de Nigel Farage ) Une démocratie, cette… Lire la suite »

Léon
Léon
17 octobre 2012 17 h 19 min

Je persiste et je signe, même si je souscris à une une bonne partie des critiques faites à L’UE . Selon moi, il ne faut pas tout mélanger.

La paix cause de l’UE ou sa conséquence ? C’est faire peu de cas du volontarisme politique constant qu’il y a eu dans sa construction. Que je sache, il ne suffit pas d’avoir la paix pour qu’un tel processus d’intégration s’enclenche automatiquement. La question de la poule et de l’oeuf peut se poser quand même, mais tout processus d’intégration politique et économique qui n’est pas de nature coloniale est une processus anti-guerre entre les entités qui s’intègrent.

Les droits de l’homme ? Mais c’est une condition pour entrer dans l’Union. Ne serait-ce que pour cela, elle a fait son travail jusqu’à présent. Que l’on se rappelle l’Espagne franquiste ou le Portugal de Salazar, sans même évoquer les pays de l’Est. Même chose aujourd’hui pour la Turquie. Que je sache elle n’est pas membre de l’UE, et ça coince précisément là-dessus.

Je ne suis pas d’accord pour attribuer la responsabilité du conflit dans les Balkans, ni de sa solution, à l’UE qui, dans cette affaire a plutôt essayé de limiter les dégâts et, de toute manière ces pays étaient hors UE et échappaient donc à ce processus d’intégration que je qualifie d’anti-guerre.

Cela m’énerve un peu de me retrouver dans la position d’un défenseur de l’Europe alors que j’ai tant de critiques à lui faire, mais sur la question de la paix je trouve les eurosceptiques bien ingrats vis à vis de la prospérité qu’elle a pu apporter, de la protection des droits avec les cours européennes, des échanges de personnes qu’elle a permis (autre facteur de paix : vous allez bombarder la belle-famille allemande ou polonaise ?), des aides économiques aux régions pauvres etc, etc, impossible de faire ici tout le bilan, ce serait trop long…

Léon
Léon
17 octobre 2012 17 h 37 min

Quant aux divers séparatismes, en quoi l’UE en est-elle responsable ?

docdory
docdory
17 octobre 2012 17 h 53 min

@Léon
L’UE est responsable du séparatisme en ce sens qu’elle s’est faite contre les états-nations. Il y a deux échelons politiques que n’aime pas l’UE : la nation et le département. Elle voudrait au fond d’elle même une Europe constituée d’une fédération de grandes régions transnationales ( exemple : la Catalogne française et espagnole réunie en une seule région, le pays basque français et espagnol de même ). Le département ,quant à lui, qui est une des unités politiques à laquelle les français tiennent le plus à coeur, est trop petit ! L’UE doit diviser pour mieux régner, mais pas trop diviser quand même…
La charte européenne des langues régionales est un des moyens dont entend se servir l’UE pour affaiblir l’état nation. Il suffit de lire attentivement le texte de cette usine à gaz européiste pour comprendre que l’UE ne veut rien tant que la dissolution des nations. Rien de tel pour réaliser ce rêve que la multiplication de langues régionales fortes, à l’origine de mini-nationalités régionales, afin d’affaiblir les langues nationales et ce afin que l’anglais devienne enfin la lingua franca de toute l’UE qui deviendrait ainsi une succursale d’une future union transatlantique.

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
17 octobre 2012 18 h 20 min
Reply to  docdory

Bonsoir Doc
En vérité au fond du fond n’est-ce pas tout simplement la souveraineté nationale , son expression et son contrôle qui heurtent les intérêts de cette construction dite européenne.
Car si on y regarde de près.
Qu’a donc d’européenne cet Union dite Européenne?

Léon
Léon
17 octobre 2012 18 h 33 min

Doc : « L’UE est responsable du séparatisme en ce sens qu’elle s’est faite contre les états-nations ». C’est très exagéré, ce sont des Etats-nations qui l’on voulue, l’UE ! La forme de son intégration politique est l’objet d’un débat, mais plus ou moins de supranationalité est inévitable, sinon c’est la paralysie.

Alors,la question des langues régionales. C’est une revendication libérale-libertaire classique,même chez les écolos. L’Europe ne la porte que dans la mesure où elle est elle-même très libérale d’inspiration. Mais elle a beau pondre des chartes, elle a n’a aucun pouvoir là-dessus ! La réunification des deux Catalognes, aucune chance… ce n’est même pas une revendication catalane !

Mais cette revendication des langues régionales est-elle par elle-même désintégratrice de l’Etat-Nation ?
Je ne sais pas trop, on a me semble-t-il des exemples dans les deux sens.

Lapa
Administrateur
Lapa
21 octobre 2012 16 h 59 min

D’un côté je comprends qu’on puisse argumenter intelligemment contre la remise de ce prix Nobel à l’Union Européenne. Et je suis assez d’accord avec ce que dit Docdory.
Néanmoins Leon a raison sur un gros point: la plupart des critiques de canapé n’ont strictement plus aucune idée de ce que c’est d’avoir sa vie, ses biens, sa famille, son environnement, ses connaissances menacés de disparition violente par une force armée. L’angoisse que cela entraîne de ne plus être en sécurité, les malheurs que cela entraîne, souvent pour els civils et els plus faibles, l’horreur comportementale que cela engendre de part et d’autre…

On ne se rend pas assez compte que nous avons réussi à construire avec notre « pire ennemi », qui nous a envahi trois fois et occupé une relation de paix et de coopération en même pas 15 ans… combien de pays dans d’autres régions du monde peuvent en dire autant?