“Ordonner le bien, interdire le mal“. Telle est la fameuse formule qui résume la doctrine des mouvements totalitaires et policiers qui sévissent ici et là sur la terre. Elle est le prélude et le prétexte à tous les abus de pouvoirs.
Les muttawa, la police religieuse saoudienne, milice rassemblant tous les débris consanguins du royaume, ne jure que de cela. Ils sont l’incarnation du système, errant ainsi qu’une tribu d’inquisiteurs trisomiques à la recherche forcenée du mal, c’est-à-dire, d’autrui. Il ne viendrait à personne l’idée de leur demander, avec toute la naïveté requise, ce qu’est donc le bien, et ce qu’est le mal. Et puis comprendrait-il la question ? Le bonhomme, presque toujours obèse et diabétique, se nourrit aussi de sourates et de hargne, et en veut toujours plus.
Imaginons qu’il ait aussi son djinn, plus malin, plus méchant, djinn islamique, espérons-le, et que lui réponde en tous points: le bien est ce qui est autorisé, et le mal ce qui est interdit, et cela se trouve bien que l’interdit soit interdit, puisqu’il doit l’être, car il est mal. A la rigueur, s’il est en grâce, il détaillera, tel que ceci: le mal est ce qu’Allah n’aime pas, et ce que le prophète a dit de ne pas faire. Manger du boudin est mal, sourire en pensant que le prophète faisait pipi est mal. Accomplir son devoir guerrier contre les infidèles, les soumettre, les humilier, comme l’édicte le Coran est bien, et puis réciter des sourates est toujours bien. Comprendre le contenu et le sens n’a pas d’importance immédiate. La peste soit de ceux qui pensent.
« Interdire le mal? » Il ne s’agit que d’un redoutable slogan, efficace autant que simpliste, destiné à anesthésier le plus possible la faculté de penser, et de pétrifier leurs victimes. Mais derrière, il y a la sharia, toute entière, couvercle des turpitudes et masque des vices. Un droit de travers, une codification marchant sur la tête, qu’aucun effort contemporain ne pourra contenir.
Derrière encore, il y a le Coran, et l’autre sentence stérile affirmant que tout est dans le Coran.
Au départ, l’agrégat de lois s’est fait dans le but d’organiser une société. Quelle société exactement? Personne ne le sait en fait. Sûrement pas ce que racontent les textes islamiques si habitués à mentir à tous et tout le temps.
Médine et son petit peuple dominé par la sharia et les caprices mohammédiens (qui ne sont à la fin que la seule et même chose) sont de bien jolis paradigmes à l’usage des juristes et de leurs victimes. Même en Arabie, celle du VIIe siècle, aucune de ces idées n’a jamais été appliquée.
Plus tard, sans doute, au cours d’un retour vers l’envoyeur, brutal en diable, quand dans les sociétés urbaines et policées à la matraque, de Damas et de Bagdad, des furieux de la chose juridique se sont mis à éjaculer des articles de lois par milliers. Le lecteur patient peut, c’est possible, retrouver des petits bouts d’Arabie ici et là, mais pas tant, et de la part de gens qui ne savent guère ce qu’est un chameau, mais qui ne conduisent pas encore en 4×4.
Des juristes ont donc édicté, et tous ont mis sur le dos d’un certain Muhammad, un vaste récipient, l’immense quantité de leur production, et Muhammad a le dos large, très large.
Qui maintenant est chargé de la police?
Dans la Médine mohammédienne, le coeur du système, l’utopie islamiste et démente, personne et tout le monde. Le système s’auto-régule, et se surveille et se punit. Le totalitarisme est le rêve ultime, où chacun surveille chacun et tient en ses mains de quoi le contraindre, le juger, le punir. Muhammad a des yeux partout, et son Allah se fait observateur. L’Etat des Masses popularisé par Khadafi en Libye en est un lointain avatar: le guide, refusant les responsabilités officielles, s’était installé dans la posture du prophète. La grâce du pétrole a fait le reste.
Quelques sbires sont là, comme bras armés, et tranchent quand il faut. Nous avons ailleurs dressé une liste du petit personnel répressif, à la tête duquel Ali, Omar ou Zayd se distinguent: en gros, une famille élargie. Le reste du peuple peut se contenter de lapider.
Plus tard, bien plus tard, une force de police autonome se mettra en place, dans les divers régions du monde islamique en gestation et en expansion, sous le nom d’HISBA. Sa genèse est encore sujette à débats. Il est tentant d’y voir en fait la suite et l’adaptation des forces précédentes de surveillance des villes et des marchés et n’ayant rien à voir avec Médine, Muhammad et compagnie. Mais dès que le nom de Muhammad est évoqué, tout devient tellement plus clair et tranchant.
Le professeur M. Cook a consacré une remarquable étude de synthèse sur le sujet, et nous ne pouvons que vous recommander la lecture de son étude foisonnante et riche en exemples amusants et instructifs. L’auteur présente le travail comme une introduction, parce que dans ce domaine, l’inventivité a été continue, quoiqu’elle fut et soit des plus stériles.
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Une courte liste d’interdits. (Courte, parce qu’on peut en trouver des plus longues. Ibn Batta, juriste hanbalite, mort vers 997. Hanbalite, c’est un joli mot synonyme de “obtus”, “borné”. Assez long pour convaincre de l’intérêt, de l’utilité, de l’efficacité de l’orthopraxie.)
(ibn Batta, La Profession de foi 21).
Parmi les pratiques que le prophète a interdites et dont il a flétri les auteurs avec sévérité est celle qui consiste, pour deux hommes, à se mettre en contact l’un de l’autre (MUBASHARA) dans une même piècé d’étoffe, sans rien d’autre qui les sépare. Le prophète a maudit aussi ceux qui se mettent tout nus sous la même tunique (IZAR) . Il a interdit à deux hommes de se mettre tout nus dans la même pièce d’étoffe – pratique que l’on appelle la mukama’a.
Le prophète a interdit à l’homme de se mettre tout nu dans une maison ou dans tout autre lieu; de regarder la nudité (AWRA) d’un autre homme; de causer de tout ce qui concerne ses relations avec sa femme quand il se retire avec elle.
Le prophète a aussi interdit de lancer des pierres sur un homme ou de jeter de la boue dans des lieux habités (AMSHAR) .
Le prophète a interdit:
– de faire de faux serments (YAMIN KADIBA) .
– de vendre des dattes avant leur maturité (ZAHW) . On dit que des dattes sont mûres quand elles commencent à devenir jaunes et rouges.
– de vendre des chiens, des singes ou des porcs,
– de jouer au tric-trac (NARD) ou aux échecs (SATRANSH) .
– pour un homme, de rester seul avec une femme qui n’est pas accompagnée de son mahram [c’est-à-dire de son mari ou d’un parent qu’il lui est interdit d’épouser].
– de dire: «Nous ne cesserons d’aller bien tant que tu nous resteras!» ou bien: «Ce que Allah veut et ce que tu veux!»
– de jurer au nom d’un autre que Allah .
-d’aiguiser sa lame sous les yeux de la brebis [que l’on va égorger].
– d’engager un salarié sans qu’il connaisse son salaire.
– de pratiquer l’enchère simulée (NAGHASH) , pratique qui consiste à faire monter le prix d’une marchandise dont on ne veut point.
. – de consommer la chair, le lait ou les œufs de bêtes qui mangent des excréments (GHALLALA) , qu’il s’agisse de chamelles, de vaches, de brebis ou de poules. On dit qu’il faut garder HABS. les chamelles pendant 40 jours; les vaches pendant 30 jours; les brebis pendant 7 jours et les poules pendant 4 jours.
Le prophète a aussi interdit:
– de vendre avec aléa (GHARAR) .
– de vendre ce que l’on ne possède pas.
– de vendre ce que l’on n’a pas chez soi.
– de faire deux conditions (SHARF) dans une même vente .
– de frapper une bête de somme sur le museau.
-de marquer (SIMA) une bête de somme sur le museau.
-de cracher à la figure d’un homme.
-pour une femme, d’interdire son lit (FIRASH) à son mari.
-de dire ce qu’on ne fait pas.
-de promettre et de ne pas tenir sa promesse.
-de parler en secret (SIRR) de son frère.
-d’être prodigue (ISRAF) ou avare (IQTAR) .
-de s’attrister ou de se réjouir des choses de ce bas-monde.
Le prophète a interdit à l’homme d’obéir à son épouse pour aller à une noce, à une séance de pleureuses (NIYAHA) , au bain, et de lui obéir dans ses caprices (HAWA) . Il a dit:
-Quand un homme obéit à sa femme dans tout ce qu’elle veut, sa femme le renversera sur le visage en enfer.
Il a aussi interdit à l’homme d’en arriver, pour obéir à sa femme, à manquer à la piété (UQUQ) qu’il doit à son père et à sa mère, à cesser de venir en aide à ses parents et d’être charitable (MUWASAT) à l’égard de ses frères en Allah. Il a dit:
-Contredisez les. Vous serez sur la bonne voie et Allah vous bénira.
Mais il a interdit de leur faire du tort ou de leur témoigner de l’hostilité. Il a ordonné au contraire d’être juste (DIRAR) à leur égard et de les traiter avec égalité dans la répartition des nuits (QISMA) .
Le prophète a interdit de causer des dommages à son voisin ; d’opprimer autrui ; de s’attaquer à la généalogie (ANSAB) d’un homme; de médire de son prochain ou de le calomnier.
Le prophète a interdit [au maître] d’insulter ses esclaves (MAMLUK) et de les frapper. Il [lui] a ordonné de les nourrir de mets que lui-même mange et de les vêtir de vêtements que lui-même porte. Il a interdit de leur imposer des travaux qu’ils seraient incapables de supporter et il a ordonné de leur pardonner, quand bien même commettraient-ils soixante-dix fautes par jour.
Le prophète a interdit à l’homme qui fait sa prière:
– de baisser et de relever (NAQR) vivement la tête à la manière d’un coq.
– de se prosterner (SUGHUD) avant d’avoir relevé la tête dans l’inclination du corps (RUKU) .
– d’écarter largement (IFTIRASH) les bras dans la prosternation comme un chien écarte les pattes.
-de s’asseoir sur son derrière (IQA) à la manière d’un singe.
-de relever ou de baisser la tête avant que l’imâm ne l’ait fait ou au moment même où il le fait. Le prophète a dit: «L’homme qui relève la tête avant l’imâm ne craint-il donc pas que Allah lui change la tête en tête d’âne? » Il a dit aussi: «Pour l’homme qui relève ou baisse la tête avant son imâm, il n’y a pas de prière. »
Le prophète a encore interdit:
– de se frotter les uns contre les autres (IHTIKAK) dans la prière.
– de se laver la plante des pieds avec la paume de la main droite plusieurs fois de suite.
– de bailler, de souffler et de retourner les petits cailloux [qui peuvent se trouver sur le sol] pendant la prière.
– de s’essuyer le front pour en enlever la terre avant d’avoir
prononcé la formule du salut final (TASLIM) .
– de lever les yeux vers le ciel pendant la prière.
– de fermer les yeux pendant la prosternation (SUGHUD) .
– de réciter du Coran pendant l’inclination du corps .
– de se découvrir les cheveux ou d’ouvrir un vêtement [pendant la prière].
– de laisser flotter ses cheveux (SADL) [pendant la prière].
– de s’envelopper dans ses habits [et de prier] à même le sol.
– de prier dans un vêtement déboutonné quand on ne porte pas, sur sa chemise (QAMIS) , un manteau (RIDA) et, sous elle, un pagne.
– de prier dans une chemise légère sans autre vêtement au- dessous.
– de chercher à se mettre en avant des autres (TAHATTA) dans la prière.
-de prier au second rang alors que l’on a une place vide dans le premier rang.
– de s’adosser à un mur dans la prière.
– de prier dans un bain; dans les lieux où les chameaux ont laissé leurs excréments (MAATIN) ; sur les chemins battus; sur une tombe (MAQBARA) ; dans un abattoir (MAGHZARA) ; sur un dépôt d’ordures (MAZBALA) , ou sur le toit de la Maison de Allah.
-de s’en aller, après la prière, en doutant (SHAKK) de l’avoir faite correctement.
Le prophète a maudit:
– la femme qui tatoue (WASHIMA) et celle qui se fait tatouer c’est-à-dire celle qui met [sur une partie du corps] de la couleur verte et celle qui s’en fait mettre.
– la femme qui place de faux cheveux (WASILA) et celle qui s’en fait mettre – c’est-à-dire celle qui place des tresses postiches (QARAMIL) et celle qui s’en fait mettre.
– la femme qui pratique l’épilation (NAMISA) et celle qui se fait épiler, c’est-à-dîre celle qui procède à l’arrachage des poils et celle qui se les fait arracher.
– la femme qui lime les dents (WASHIRA) et celle qui se les fait limer, c’est-à-dire la femme qui lime les dents pour les séparer (TAFLIGH) les unes des autres et celle qui subit cette opération.
Le prophète a dit aussi:
-«Dès qu’une femme dépose ses vêtements ailleurs que dans la maison de son mari, elle déchire le voile qu’il y avait entre elle et Allah. »
Parmi les autres pratiques que le prophète a prescrites pour la formation morale de la communauté et pour lui recommander les vertus les plus hautes et les actions les plus nobles (MAKARIM AL AFAL) , citons encore les prescriptions qui suivent.
Le prophète a interdit à l’homme de manger ce qui se trouve devant son frère et de manger au sommet du plat (QASHA) .
-«La bénédiction, a-t-il dit, se trouve en son milieu.»
Il a ordonné de se laver la main avant et après le repas.
-«[Cette pratique], a-t-il dit, éloigne la pauvreté (FAQR) .»
Il a dit aussi:
«Quand des gens s’appliquent à faire leurs ablutions avant et après le repas, Allah ne saurait manquer d’éloigner d’eux la pauvreté.»
Il a ordonné à l’homme de manger les miettes éparses sous le plateau qui sert à manger.
-«De quiconque mange [ces miettes], a-t-il dit, la pauvreté sera écartée, et la stupidité le sera aussi de ses enfants.»
Le prophète a interdit à l’homme de dormir la main entièrement recouverte, ainsi que de manger et de dormir en état de grande impureté (GHUNUB) . Il aimait que tout homme qui se préparait à dormir ou à manger et qui se trouvait en état de grande impureté fit ses ablutions comme pour une prière.
Le prophète a interdit de manger deux dattes à la fois. Cette pratique, en effet, entraîne celui qui s’y adonne à manquer de politesse dans sa façon de manger.
Il a interdit de regarder la bouchée (LUQMA) de son commensal.
Il aimait que l’on recouvrît le brouet appelé tarid. «La bénédiction (BARAKA) , disait-il, descend sur lui.» Il a interdit de le manger chaud.
Il a interdit de boire à même la bouche de l’outre (SAQA) , car l’homme qui boit ainsi ne sait pas ce que l’outre contient. On raconte qu’un homme but à même une outre dans laquelle, à son insu, se trouvait un serpent; le serpent l’étouffa. On dit aussi qu’en buvant à même la bouche de l’outre, on en altère l’odeur.
Le prophète a interdit de gîter (TAHRIS) , sur un chemin battu.
Un chemin battu est en effet un lieu de passage pour les gens, les bêtes (HAYWAN) et les génies . Cette pratique, d’autre part, constitue une gêne pour les passants. L’homme enfin qui s’endort sur un chemin battu ne sait pas qui viendra l’y heurter.
Le prophète a interdit de faire ses défécations sur un chemin battu. Il a dit:
-«Évitez les malà’in. »
Et comme on lui demandait ce qu’il fallait comprendre par ce terme:
-«C’est de faire vos défécations sur les chemins, répondit-il.»
Quand les excréments et les immondices s’accumulent sur les chemins, dit-on aussi, la pluie est arrêtée.
Le prophète a aussi interdit de faire ses défécations sous un arbre fruitier. Un fruit peut tomber sur l’excrément ou à proximité; il inspirera alors du dégoût et se perdra. Le prophète a aussi interdit d’avoir commerce charnel sous un arbre fruitier.
Le prophète a interdit à deux hommes qui sont en train de faire leurs défécations de causer et, à l’homme qui se trouve en un lieu de retrait, de parler.
Il a aussi interdit de parler pendant l’acte de chair, comme il a interdit à chacun des deux conjoints de regarder les organes génitaux de l’autre et de se servir du même linge.
Le prophète a interdit à l’homme de se lever (QIYAM) pour toute autre personne que son père, un homme de science ou un imâm juste.
Il a interdit à l’homme d’aimer que l’on se levât en son honneur.
Il a dit:
-«Que celui qui aime que les autres se lèvent en son honneur s’attende à trouver sa place en enfer! »
Il a dit aussi:
-«Allah ne regarde pas celui qui se lève pour que les autres se lèvent à leur tour en son honneur. »
Il a dit encore:
-«Quiconque glorifie un homme qui n’a d’autres soucis que des soucis terrestres est comparable à celui qui glorifie des idoles.»
Il a dit enfin:
– «Quiconque entre auprès d’un homme qui n’a pas d’autres soucis que des soucis terrestres et s’abaisse devant lui perd les deux tiers de sa religion.»
Le prophète, parmi les règles de civilité (ADAB) qu’il a prescrites, a interdit à l’homme de souffle sur sa nourriture ou sur sa boisson.
Le prophète a dit:
-«Quand une bouchée vous tombe de la main, ramassez-la et mangez-la, ou donnez-la à manger à un autre. Mais ne la laissez pas au démon.»
Pour manger une datte, le prophète la tenait dans le creux de la main et en enlevait le noyau avec le bout des doitgs; c’est ce que l’on appelait: yatnu.
Toutes ces règles de civilité et toutes les règles analogues, qu’il serait trop long d’énumérer dans ce livre, consistent dans la propre façon d’agir du prophète, dans les ordres et les interdictions qu’il a formulés. C’est un devoir pour l’homme que de les mettre en pratique, de les étudier, que de suivre le prophète en les observant, que de s’efforcer d’obéir au prophète et de se conformer à sa Sunna. La raison montre le bien-fondé de ces prescriptions auxquelles le cœur de tout homme sensé aspire. Dans toutes ces prescriptions, l’homme trouvera des règles de civilité, de propreté et le moyen d’éviter des choses répréhensibles.
Lectures :7090
Terrifiant. N’importe quel mec qui se prétend « savant en islam » peut ainsi apparemment pondre des listes d’interdits plus délirants les uns que les autres…
Un concours est ouvert.
J’en connais un qui prétend que Imam signifie ce qu’il y a de mieux encore un grand savant.
Vous aurez compris qu’il parle de lui .
Sont en plus très modestes ça c’est sûr.