César a hésité avant de proposer ce texte, sans doute un peu difficile. Mais il se trouve que pas mal de disonneurs sont des passionnés de musique et que la réflexion philosophique sur le langage musical est rare; et ce n’est pas peu de le dire. Alors, pour une fois…
Munissez-vous de quelques cachets de paracétamol et bonne lecture.
César
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La musique offre une similitude avec le langage. Parler comme on le fait d’« idiome musical » ou de « diction musicale » n’est pas métaphorique. Mais la musique ne se confond pas avec le langage. Sa similitude avec lui mène au cœur du problème, mais aussi dans le vague. Celui qui prendrait la musique à la lettre pour un langage s’égarerait.
Comme le langage, la musique se présente comme une succession dans le temps de sons articulés qui sont plus que des simples sons. Ils disent quelque chose, souvent quelque chose d’humain. Et ils le disent avec d’autant plus de force que la musique est plus élaborée. Cette succession de sons s’apparente à la logique : elle peut être juste ou fausse. Mais ce qui est dit n’est pas séparable de la musique. Elle n’est pas un système de signes.
Cette similitude avec le langage va du tout, de l’unité organisée de sons porteurs de sens, au son isolé, à la note comme seuil de la simple existence, comme pur véhicule d’expression. Et ce n’est pas seulement comme unité organisée de sons que la musique présente une analogie avec le discours, une similitude avec le langage : c’est aussi par la manière dont elle est concrètement agencée. La théorie traditionnelle des formes musicales parle de phrases, de périodes, de ponctuations ; d’interrogations, d’exclamations, de parenthèses ; on entend des voix s’élever ou tomber, et dans tous ces cas la musique emprunte son geste à la voix qui parle. Quand Beethoven demande que telle Bagatelle de l’opus 33 soit jouée « avec une certaine expression parlée », il ne fait que souligner par là, en le réfléchissant, un élément qui est partout présent dans la musique.
On cherche volontiers à distinguer la musique du langage en disant qu’elle ignore tout concept. Elle est pourtant bien proche, par bien des aspects, des « concepts primitifs » dont parle la théorie de la connaissance. Elle utilise des sigles qui reviennent. Ces sigles ont été forgés par la tonalité. Celle-ci, à défaut de concepts, a au moins produit des vocables : à commencer par les accords, qu’on emploie constamment avec la même fonction, ainsi que certains enchaînements stéréotypés, tels que ceux des cadences — souvent même des formules mélodiques, paraphrasant l’harmonie. Ces sigles généraux pouvaient entrer dans n’importe quel contexte particulier. Ils laissaient place à la spécification musicale comme le concept à l’individualité, en même temps que le contexte les sauvait, comme dans le langage, de leur caractère abstrait. Simplement, l’identité des concepts musicaux résidait, non dans un quelconque référent, mais dans leur nature propre. L’invariance de ces éléments a revêtu, en se déposant, l’aspect d’une seconde nature. C’est cela qui rend l’abandon de la tonalité si difficile pour la conscience. La nouvelle musique, cependant, s’élève contre l’illusion d’une telle « seconde nature ». Elle écarte les formules figées et leur fonction comme mécaniques. Ce n’est pas, toutefois, la similitude avec le langage comme telle qui se trouve ainsi rejetée, mais seulement sa forme réifiée, qui traite les éléments individuels comme des jetons, des signaux dépouillés de toute qualité propre, renvoyant à des significations subjectives non moins rigides. En musique également subjectivisme et réification vont de pair. Mais leur corrélation ne circonscrit pas une fois pour toutes la similitude de la musique avec le langage en général. Le rapport entre langage et musique est aujourd’hui devenu critique.
Le langage musical est d’un tout autre type que le langage signifiant. En cela réside son aspect religieux. Ce qui est dit est, dans le phénomène musical, tout à la fois précis et caché. Toute musique a pour Idée la forme du Nom divin. Prière démythifiée, délivrée de la magie de l’effet, la musique représente la tentative humaine, si vaine soit-elle, d’énoncer le Nom lui-même, au lieu de communiquer des significations.
La musique vise un langage dépourvu d’intentions. Il n’y a cependant entre elle et le langage signifiant aucune séparation franche, comme entre deux domaines distincts. Une dialectique est ici à l’œuvre : la musique, en effet, est partout pénétrée d’intentions, sans qu’il ait fallu attendre pour cela le stile rappresentativo qui mit la rationalisation de la musique au service de sa similitude avec le langage. Une musique vide de toute intention, réduite à un simple enchaînement de phénomènes sonores, serait pareille à un kaléidoscope acoustique. Mais si elle ne faisait, à l’inverse, que vouloir dire quelque chose, elle cesserait d’être musique, et tournerait faussement à la parole. Les intentions lui sont essentielles, dans l’exacte mesure, toutefois, où elles restent intermittentes. La musique renvoie au véritable langage : un langage dans lequel la teneur même se trouverait révélée, mais au prix de l’univocité, passée au langage signifiant. Et comme si le plus éloquent de tous les langages devait être consolé de cette malédiction de l’équivoque — sa part mythique, des intentions affluent en lui. Sans relâche, la musique indique ce qu’elle veut dire, et le précise. Mais l’intention ne cesse, en même temps, de rester voilée. Ce n’est pas un hasard si Kafka lui a justement accordé, dans quelques textes remarquables, une place qu’elle n’avait jamais eue en littérature. Il a procédé avec les significations du langage parlé, du langage signifiant, comme si elles étaient celles de la musique, des paraboles tronquées — s’opposant ainsi radicalement à la langue « musicale » de Swinburne ou de Rilke, qui imite les effets de la musique, et reste étrangère à son point de départ. Est « musical » ce qui innerve les intentions les plus fugitives sans se perdre en elles, mais en les domptant. C’est ainsi que la musique se constitue en structure.
Ceci nous renvoie à l’interprétation. Musique et langage la réclament au même degré, mais de manière toute différente. Interpréter le langage, c’est le comprendre ; interpréter la musique, c’est la jouer. On nomme « interprétation », en musique, l’exécution qui, globalement, conserve sa similitude avec le langage, tout en gommant dans le détail tout ce qui présenterait cette similitude. C’est pourquoi l’idée d’interprétation appartient en propre à la musique, et ne lui est pas accidentelle. Mais bien jouer la musique, c’est avant tout bien parler son langage. Ce langage demande à être mimé, et non déchiffré. Ce n’est que dans la pratique mimétique — qui peut bien sûr s’intérioriser sous la forme de l’imagination muette, à l’exemple de la lecture muette — que la musique peut éclore ; jamais dans une contemplation qui l’interprète indépendamment de son exécution. Si on voulait trouver dans le langage un acte comparable à celui de la musique, ce serait la copie d’un texte, bien plutôt que sa signification.
Contrairement au caractère de connaissance propre à la philosophie et aux sciences, jamais, en art, les éléments rassemblés en vue de la connaissance ne se lient pour former un jugement. Mais le langage musical ignore-t-il tout jugement ? L’une de ses intentions les plus frappantes semble être celle qui consiste à confirmer, sous la forme d’un jugement, voire d’une sentence, quelque chose qui pourtant n’est pas expressément formulé. Cette intention ressort sans équivoque, par la seule force du contexte, dans les moments les plus hauts, et également, il est vrai, les plus impérieux de la grande musique, comme le début de la réexposition du premier mouvement de la Neuvième symphonie. Son écho retentit, parodiquement, dans des compositions de moindre valeur. La forme musicale, la totalité au sein de laquelle tel enchaînement musical prend un caractère d’authenticité, n’est guère séparable de la tentative de donner à la musique — ce médium auquel tout jugement est étranger — le geste du jugement. La réussite est parfois si totale que le seuil de l’art ne résiste plus guère à l’assaut que la logique, dans sa volonté de domination, livre contre lui.
Pour distinguer musique et langage, il convient donc de considérer, non l’un de leurs traits isolés, mais leur structure globale. Ou plutôt leur direction, leur « tendance » — le mot étant pris ici dans son sens le plus fort de telos de la musique. Le langage signifiant voudrait dire l’absolu de façon médiate, et cet absolu ne cesse de lui échapper, laissant chaque intention particulière, du fait de sa finitude, loin derrière lui. La musique, elle, l’atteint immédiatement, mais au même moment il lui devient obscur, tout comme l’œil est aveuglé par une lumière excessive, et ne peut plus voir ce qui est parfaitement visible.
Un dernier trait rapproche la musique du langage : son échec, en effet, la condamne à errer sans fin, pour ramener l’impossible, sur la voie de la médiatisation. Celle-ci, simplement, s’effectue selon une autre loi en musique que dans le langage signifiant : non pas dans les significations qui renvoient les unes aux autres, mais dans leur absorption mortelle au sein d’un tout qui seul sauve la signification qu’au niveau du détail il neutralise. La musique brise, en se servant de leur propre force, les intentions dont elle est émaillée, pour les rassembler dans la configuration du Nom.
Pour distinguer la musique d’une simple succession de stimuli sensibles, on l’a appelée « unité de sens » ou « de structure ». Ces termes peuvent être tolérés, dans la mesure où rien, en musique, ne reste isolé, où chaque détail ne devient ce qu’il est que par le lien qui le rattache — concrètement — à ce qui l’entoure et — par l’esprit — à ce qui est loin de lui : par le souvenir et l’attente. Cependant, le sens d’une telle unité est différent de celui qui fonde le langage signifiant. Le tout musical se réalise contre les intentions, qu’il intègre en niant chaque intention particulière, insaisissable. Il accueille en lui les intentions, non en les diluant pour obtenir une intention plus abstraite et plus haute, mais en s’ouvrant, au moment où il se constitue en unité, à l’appel de l’inintentionnel. Ainsi la musique est-elle presque le contraire d’une unité de sens, même là où, en comparaison de la simple présence sensible, elle apparaît comme telle. De là la tentation qui naît en elle de se soustraire, de son propre chef, à tout sens : de faire comme si elle était bel et bien, directement, le Nom.
Heinrich Schenker a tranché le nœud gordien de la vieille controverse, en se prononçant aussi bien contre l’esthétique de l’expression que contre celle de la forme. Il leur a substitué — de la même façon que Schönberg, du reste, sur lequel il s’est grossièrement mépris — la notion d’un « contenu » musical. L’esthétique de l’expression confond les intentions voilées, non saisissables du détail avec la teneur inintentionnelle du tout ; la théorie wagnérienne reste insuffisante, du fait que la teneur de la musique y est représentée à l’image de l’expression, élargie à l’infini, de tous les moments musicaux, alors que le « dire » du tout est qualitativement différent du « vouloir-dire » du détail. Si elle est conséquente avec elle-même, l’esthétique de l’expression aboutit au séduisant arbitraire qui consiste à faire passer la compréhension éphémère et contingente pour l’objectivité de la chose même. La thèse opposée, celle des « formes sonores animées », débouche quant à elle sur le pur stimulus ou sur la simple présence du phénomène sonore, privés de ce lien qui rattache la figure esthétique à ce qu’elle n’est pas elle-même, et qui seul la constitue en figure esthétique. La critique facile, pour cette raison même de nouveau en vogue, qu’elle adresse au langage signifiant se paie du sacrifice de l’art. Si la musique ne s’épuise pas dans les intentions, il n’existe pas non plus de musique d’où tout élément expressif serait absent : en musique, même l’absence d’expression serait expressive. « Sonore » et « animé » sont presque la même chose en musique, et le concept de « forme », loin d’éclairer quoi que ce soit, ne fait que repousser la question de savoir ce qui s’exprime au sein de cette entité sonore animée, et qui n’est pas réductible à la forme. La nécessité spécifique de ce processus, sa logique immanente, disparaît : il n’est plus qu’un simple jeu, dans lequel tout, littéralement, pourrait être différent. Le contenu musical, lui, regroupe en réalité tout ce qui sous-tend la grammaire et la syntaxe de la musique. Tout phénomène musical, en vertu de ce qu’il rappelle, de ce sur quoi il se détache, de l’attente qu’il fait naître, renvoie au-delà de lui-même. C’est cette transcendance du détail musical qui définit son « contenu » : ce qui se passe dans la musique. Mais pour que la structure ou la forme musicales soient davantage que de simples schémas didactiques, il faut que, loin d’englober le contenu de façon extérieure, elles le déterminent intimement, en tant que réalité spirituelle. La musique se charge de sens à mesure qu’elle se détermine plus parfaitement de la sorte — et non pas simplement quand ses éléments isolés expriment quelque chose symboliquement. C’est en s’éloignant du langage que la musique réalise sa similitude avec lui. »
Theodor W. Adorno, Quasi una fantasia, trad. J.-L. Leleu, Gallimard, Paris, 1982 [1963], p. 3-8.
Je trouve ce texte génial: la musique est un langage mais on ne sait pas ce qu’il veut dire ! 😆 Démerdez-vous avec ça !
C’est gagné je vais prendre un doliprane 😀
« Si elle est conséquente avec elle-même, l’esthétique de l’expression aboutit au séduisant arbitraire qui consiste à faire passer la compréhension éphémère et contingente pour l’objectivité de la chose même. »
Bein moi, je dis oui…
Vous aurez remarqué que nous avons Léon et moi une divergence fondamentale.
Il écrit bein
Alors que je penche plutôt pour Bin
Je penche dans le sens de j’incline.
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Il y a dans ce choix, plus que ce choix, cette intuition d’évidence toute la logique et la construction rationnelle d’un esprit sensible et ouvert aux accents du son dans l’espace en utilisant le support le l’étendue, je veux dire de la dimension temporelle.
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Bin va p’tête falloir que je lie le texte
Bin, bon courage pour la lecture. Parce que moi c’est Gné ❓
Arrête tu me fais peur;;;;; 😳
Je signale à la modération direction taulière qu’il manque un smiley bleu de peur
A défaut d’avoir compris grand chose j’ai au moins appris ça.
Bien je crois que je vais m’en tenir à la progression I IV V qui elle me parle 😆 😆
Heuuu …….?
Une question. Le Dafalgan ça va ? ❓ . Parce que mes femmes et mes docteurs m’interdisent tout autre médicament.
Je commence par le début….bin oui , j’ose l’impensable
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Je ne sais pas si j’attiverai au bout mais les générations futures sont là pour mener mon oeuvre à son terme.
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simples sons: simple , plus que des simples, ???
double?
Composés?
Double c’est souvent deux sons à la fois, donc deux sons simples
Nous sommes donc en présence d’une énonciation qui s’amuse à embrouiller le pauvre lecteur
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souvent quelque chose d’humain
Souvent ça veut dire : pas toujours …..j’ai bon là?
Screugneu gneu de la musique fait de sons pas simples pas humain?
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des sons qui disent
Heu là je me vexe , des machins qui disent qui ne sont pas humains ….j’appelle au secours…
..
..
Ne serions nous pas ici en présence d’un verbiage volontairement confus , plus que confus confusionniste?
S’apparente à la logique …juste ou fausse…
C’est ça mon gars. 😕
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Elle n’est pas un système de signes
Et pourquoi pas…?
Je vais faire une petite pause. là
C’est l’heure de la soupe.
Dafalgan, Dafalgan, c’est pas interdit, ça ?
Tu chipotes, là, Furtif… tu chipotes.
Après ça, un coup de Beth Ditto s’impose…
Sympa cet Adorno dont j’ai entendu une citation aujourd’hui à la radio .
Faut que je vous explique.
J’ai pris la voiture pour aller loin au Nord près de Vieux Poitiers qui est près du champ de bataille de 732, chez un beauf qui me donne des pieds de Tomates.
En revenant France Musique me barbait alors je suis allé sur France Culture alors je suis revenu sur France Musique. et là… un gars …ou une femmes causait et le gars ou la femme a dit alors que c’était une citation d’Adorno.
Normalement j’aurais même pas retenu , vu que cet Adorno j’en ai jamais entendu parler…mais là! j’avais justement vu ce matin le texte publié par César….Et César c’est un gars que je connais, pas le genre à choisir des textes de n’importe qui.
Donc la voiture, les tomates,la radio , Adorno.
Donc encore , je plante les tomates que ça me détruit le dos, que le beau frère il m’en donne des tas de variétés différentes que je lui dis à chaque fois c’est pas la peine mais il insiste …De toute façon , 50 km en voiture, en écoutant des citations d’ADORNO, que j’oublie tout c’est chaque fois pareil . Même que ADORNO n’y est pour rien.
Bin voilà c’est tout un discours qui ne voudrait pas être un discours
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« C’est en s’éloignant du langage que la musique réalise sa similitude avec lui. »
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Ceux qui n’ont rien compris n’ont eu que de la musique de langage
YOUPEE je fais de l’ADORNO
Je te le dis, moi, Disons rend intelligent ! 😆 😆 😆
J’vais être à la bourre à l’Escargot avant qu’ça ferme
Je vous rassure j’ai pas vraiment tout lu mais j’ai relevé ça
Le langage musical est d’un tout autre type que le langage signifiant. En cela réside son aspect religieux. Ce qui est dit est, dans le phénomène musical, tout à la fois précis et caché. Toute musique a pour Idée la forme du Nom divin. Prière démythifiée, délivrée de la magie de l’effet, la musique représente la tentative humaine, si vaine soit-elle, d’énoncer le Nom lui-même, au lieu de communiquer des significations.
manque aussi un smiley perplexe
Qu’est-ce qu’ils sont pénibles ces philosophes… 🙄 il paraît que l’obscurité de leur écriture est volontaire, d’abord pour « faire » sérieux », et être ensuite pris au sérieux… et je rajouterais : c’est parfois un cache-misère…
Bonjour Colre
Une idée
Tu prends le paragraphe qui suit le mien et tu le traites de la même façon que j’ai traité le premier.( *que j’ai décortiqué)
On en trouvera bien un autre pour le suivant…
Qu’est-ce que tu en penses?
Cordialement à toi
DDDDDDDD
Eh Oh fastoche les mecs… Prendre les plus faciles c’est à la portée de tous, hein ! Je plains les prochains désignés.
Heu Môssieur de Ranta
C’est pas de ma faute si le deuxième suit le premier.
C’est un truc que même les philosophes sont capables de comprendre.
Et comme c’est moi qui offre j’ai offert le second à Colre…..et toc.
Tu peux en prendre un Nautre au hasard …ou au choix
Bah… et Monsieur de la Fontaine il n’en aurait pas causé un peu avec son ramage ou un truc dans ce genre ? Tu sais, le ramage, le truc qui sert à dire « Dis donc chéri tu ramènes des graines en rentrant ? » ou » Quel beau plumage, vous habitez toujours dans le nid de vos parents » ?
Impossible ! si j’essaie de parler du § suivant, je risque de le clarifier, et c’est plus d’jeu… 💡
Regarde :
Alors le « tout », c’est quoi ? Guerre et Paix ? entre le texte complet et une simple lettre de l’alphabet, il y a similitude avec la musique qui va du Requiem de Verdi au « do# »…
Inutile de nier, Furtif, Guerre et Paix est bien composé de lettres de l’alphabet, et le Requiem de notes…
D’ailleurs, on peut en dire autant d’un tableau : entre la Joconde et une touche de pinceau, il y a similitude, entre le tout et la touche… 😉 , ou d’un film : entre la pellicule entière et l’une de ses 24 images/sec… ou bien entre le civet de canard et le clou de girofle…
euh, là, je suis dans une certaine expectative, entre l’imposteur et le génie, le truisme et l’inspiration… je ne saurais prendre partie.
Il y a toujours grand danger chez les philosophes et les scientifiques à manier (et filer) la métaphore. Bien des intellectuels raillés par Sockal s’y sont cassés les dents…
C’est vrai qu’après avoir passé une heure à lire ce texte et à en soupçonner la substantifique moële, j’hésite entre la découverte de l’eau tiède et une poésie stimulante pour la poignée d’hyper-spécialistes afficionados des jeux de l’esprit (et des drosophiles…)
Très exactement ça
C’est exactement ce à quoi j’ai pensé hier en voiture en rentrant avec les tomates du beauf …Sockal et Bricmont
C’est tout à fait ce que j’ai ressenti hier à la lecture
Ça jargonne à donf le langage de celui qui s’y croit mais c’est imbitable d’approximations et de mots qui en mettent plein la vue mais qui n’ont rien à voir avec le sujet .
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Ceci dit merci Colre pour le Paragraphe
C’est à Ranta je crois de prendre la suite…
Ok, ok, ok… Puisque vous parlez de Sockal, et bien j’appelle à la barre les frères Bogdanov; Et toc !
Je savais que ce texte amuserait… 😆 😆 😆 😆 😆
t’exagères, quand même ! 😈 😉 t’aurais pu prévenir que c’était bidon, sauf à s’appeler Einstein… 😆
Bidon, non. J’ai été surpris, j’ai vu ce texte cité quelque part comme très important, génial etc.. J’ai essayé de le comprendre et ce que j’en ai tiré est résumé dans mon premier post : la musique est un langage mais on ne sait pas ce qu’il signifie. Je me suis dit, tiens soumettons cette chose aux amateurs de musique sur Disons, ça leur parlera peut-être ?
En réalité au début, j’ai pris ce texte très au sérieux. C’est une fois publié, que plus je le relisais, plus je me suis mis à me marrer…
C’est drôle, c’est tombé en même temps que la discussion sur Rothko. Je sais que parler de musique est beaucoup plus difficile que de parler de peinture, mais quand même, quand je compare les explications claires, simples mais fouillées de Buster sur sa peinture et ça…
Oh et aaaaahhhhhh. Me v’là un peu rassuré, parce que je me disais mon pôv ranta tu viens d’atteindre ton niveau d’incompétence pour rester sur Disons… Bien content que je ne suis pas seul à ne pas avoir bité grand chose 😀
Je plaisantais, bien sûr, Léon, en disant que c’était « bidon »… Le pb des philosophes, c’est qu’ils sont souvent incompréhensibles, s’enfermant dans des référencements perpétuels à des conceptions philosophiques pré-existantes. Si tu n’as pas une culture philosophique à toute épreuve, il vaut mieux passer ton chemin. Ensuite, leur écriture est obscure car bcp de phrases ne veulent rien dire, littéralement, mais se contentent d’évoquer… et faire résonner en nous des émotions, des interprétations. C’est un peu l’auberge espagnole. A l’aide de paradoxes qui passionnent toujours le lecteur, de séquences sémantiques parfaitement claires (comme « la grammaire et la syntaxe de la musique », ça, ça nous parle…), mais enchâssées dans une idée obscure : « le contenu musical, lui, regroupe en réalité tout ce qui sous-tend la grammaire et la syntaxe de la musique »… Il faut revenir au début de la phrase si on veut la comprendre, et se dire qu’on aurait pu tout aussi bien penser l’inverse : qu’il regroupe « tout ce qui EST SOUS-TENDU par la grammaire »… Du coup, on ne cherche pas vraiment à comprendre la lettre du texte, mais on se laisse porter comme dans une poésie (c’est pour cela que je parlais de poésie dans mon commentaire). Autre exemple : « Le langage musical est d’un tout autre type que le langage signifiant. En cela réside son aspect religieux. » ❓ J’entends la première phrase qui a du sens, mais je suis cueillie par la seconde, je ne la comprends pas, elle n’a pas un rapport évident. On ne voit pas ce que le « religieux » vient faire là-dedans… Comme si tout langage non signifiant était forcément « religieux »… En fait, c’est une façon de distiller des relations implicites, musique / sacré, sans rien démontrer, par des affirmations sans logique qui heurtent l’entendement… etc ! L’un des pbs est qu’il y a bcp de langage non signifiants dans l’analyse des productions humaines, artistiques ou pas : tous les arts sont des langages, la Chapelle Sixtine est un langage, ce sont des langages culturels, mais la technique aussi est un langage… Pour reprendre le mot d’Adorno ; « la technique DIT qque chose », elle aussi. Prenez un bel objet manufacturé, un instrument artisanal comme une paire de sabots en bois : ces objets ne disent-ils pas qque chose ? si bien sûr… ils disent l’artisan, l’essence de bois judicieusement sélectionné, séché, ils disent le paysan de l’ancien temps, le confort et l’inconfort, ils disent nos… Lire la suite »