Les deux profs qui tenaient ce site sont devenus des stars du jour où ils ont raconté comment l’un d’entre eux avait réussi à piéger ses élèves en pourrissant internet. Mais nous avions pris contact avec eux juste avant leur accession à la célébrité pour leur demander de pouvoir publier certains de leurs textes qui sont de très intéressants témoignages sur leur métier.
Voici le premier, qui m’a permis d’apprendre que les « colles », qui désignent ces interrogations en prépas, pouvaient aussi s’orthographier « khôlles ».
César.
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Quand j’ai commencé à donner des khôlles dans mon lycée pour préparer les candidats aux concours des grandes écoles, j’ai constaté – non sans surprise – que ce sont désormais les élèves qui choisissent leurs dates et heures d’interrogations. Chose impensable il y a encore une quinzaine d’années, quand j’étais moi-même élève.
A l’époque, évidemment, personne n’aurait songé à ne pas s’y présenter !
Mais la vie moderne est passée par là : aujourd’hui les élèves se dispensent régulièrement de venir à la date qu’ils ont eux-mêmes choisie. Car dans mon établissement, le rattrapage est de droit. Si encore les absences étaient exceptionnelles et dûment justifiées, pourquoi pas ?
Or en deux ans, j’en suis à dix-sept absences : dix-sept fois que je viens pour un(e) élève avec un sujet préparé, dix-sept fois que je perds une demi-heure de mon temps à l’école en plus du temps de préparation chez moi. Dix-sept fois que je dois proposer une seconde date sur mon temps personnel, généralement après mes cours, et où je ne suis rémunéré que pour le rattrapage.
Car les absents ne préviennent généralement pas ou trop tard. Certains d’ailleurs ne s’excusent même pas, ou seulement quand la note zéro leur est affectée. Je ne parle pas de ceux qui trichent pour préparer les colles, ce qui n’a aucun sens quand on veut réussir un concours.
Hier une élève d’hypokhâgne (classe préparatoire littéraire première année) m’a posé un lapin à un rattrapage d’interrogation, prétextant au dernier moment et comme la première fois d’autres impératifs qu’elle n’avait pas anticipés.
Professeur de la république, je me fais l’impression d’un domestique au service d’individus égocentriques qui méprisent non seulement l’école et ses valeurs, mais aussi autrui sous toutes ses formes, et ce malgré l’effort financier consenti par la nation pour eux.
Voilà un clapotis bien symptomatique de ce qu’est devenue l’école moderne puisque même en classe préparatoire, où l’on est en droit d’attendre un investissement important d’étudiants sélectionnés sur dossier et motivés au travail, les élèves sont des enfants rois. Avec la bénédiction de l’institution scolaire.
Pas de doute, l’élève est bien au centre du système.
Et le système est un trou noir.
« individus égocentriques qui méprisent non seulement l’école et ses valeurs, mais aussi autrui sous toutes ses formes, et ce malgré l’effort financier consenti par la nation pour eux… »
Euuuh… cette description me rappelle qqu’un… mais qui donc ?… 😉 😉
Je cherche, je cherche…
ahhhh les colles…. souvenirs indissociables de nos classes préparatoires. Un rythme compris pour ma part entre 2 et 3 colles par semaine en Sup et en Spé, souvent entre 19h et 20h. le « carnet de colles » (où le prof note l’exercice et la résolution de l’élève avec la note sur 20) que j’ai gardé pieusement. Punaise qu’est-ce qu’on n’aurait pas fait pour en faire sauter certaines…il ne m’est jamais venu à l’idée de ne pas me présenter, de toute façon, impossible de prévenir le prof (le portable n’existait pas à l’époque) et le zéro était éliminatoire pour l’année donc…
je comprends que le mentalité actuelle essaie d’esquiver l’exercice, car c’est un moment où tu dois foutre ton ego au trou. Tu es seul face à un mec qui en sait plus que toi et devant le tableau tu vas devoir réussir le problème posé, tout ce que tu diras et feras sera jugé et le tableau vide est plus humiliant qu’une page blanche bref ça peut traumatiser ceux qui estiment n’avoir de comptes à rendre à personne.
c’est pourtant un excellent moyen de connaître le niveau d’un élève (parfois même le prof réexplique certaines choses quand le collé a du mal, bon parfois c’est juste du « vous êtes nuls c’est pas possible! ») et de préparer à rendre de comptes.
Très intéressant le message de Loys Je fais partie de ceux qui ne sont pas enthousiasmés par son exercice de contournement de la bidoche au plan pédagogique. . Et …que voilà ti pas? . Voilà qu’il nous parle de tout autre chose, choses, à mon avis très graves, mais qui ne relèvent pas de la pédagogie du prof ni du niveau des élèves. Il aborde ce qui pourrit la vie des enseignants et autorise toutes les tricheries et les impostures. Les accommodements de la Vie scolaire et du règlement intérieur. . Les chefs d’établissement les profs élus au Conseil d’administration impliqués et intriqués dans une négociationnite permanente ou une mondanité new âge, ont conduit par leur laxisme à la dissolution du principe même de la règle. Le mérite avait sa chance. L’astuce , la triche et les relations en ont pris la place. Certains ont tout à perdre à cette perte du sens de ce qui est permis ou pas: les moins fortunés . Dura lex sed lex , elle était la même pour tous. Les seuls qui se retrouvent sanctionnés, si ils ne la respectent pas, sont désormais les professeurs.Et tous , les élèves , les parents ,les associations les administrations se plient aux désidératas contradictoires de ces presqu’adultes . Nous assistons à une remise en cause généralisée de tout le travail des enseignants, avec cette mentalité client roi s’appuyant sur la servilité si fréquente des administrations soucieuses de leur plan de carrière et de leurs relations avec le rectorat. . Combien de fois ai-je été invité à, voire par deux fois sommé de, changer de notes. Il fallait se savoir soutenu par son syndicat et avoir le cran de tendre son stylo au Patron » Si vous avez l’autorité de me faire changer ma note, vous la changerez vous même » . . Pour ce qui est de l’article paru dernièrement sur Disons , racontant l’énorme travail de préparation sur le Net auquel il s’est astreint. Toute cette construction ne serait valide que si les élèves ignoraient qu’ils se conduisent en imposteurs; Quelle blague Elèves , parents, et administration sont complices dans cette histoire, il faut être naïf pour ne pas le savoir, ou pire , jouer les naïfs De plus tout ce plan conduit à un affrontement avec les élèves alors que l’adversaire est la hiérarchie et ses complaisances d’une main et un rigorisme intraitable pour les profs… Lire la suite »
Euhhhh
Un peu de lexique
Bidoche veut dire triche dans mon académie