Figurez-vous, braves gens, que nous sommes devenus assez importants pour qu’on nous envoie désormais gratuitement des livres afin qu’on en parle, s’ils nous plaisent.
Donc, on reçoit ce livre « Médecin, quand reviendras-tu ? » du docteur Escande ( ed. Baudelaire). C’est une suite d’anecdotes à travers lesquelles ce médecin raconte sa vie de généraliste en milieu rural, dans un « désert médical », au fin fond de l’Ardèche.
A certains égards, le livre est intéressant, passionnant, même :
- D’abord, on a beau vaguement le savoir, on entre dans la très dure réalité du travail de ce genre de médecin rural «à l’ancienne», qui couvre un secteur géographique immense, montagneux, où les patients sont souvent très dispersés, parfois difficilement accessibles, surtout l’hiver par mauvais temps.
- On prend conscience de leur obligation de très grande polyvalence, qui va de l’obstétrique à certaines opérations chirurgicales .
- On découvre l’invraisemblable, l’hallucinante charge de travail, à toute heure du jour et de la nuit, 365 jours par an et la quasi-impossibilité de trouver un remplaçant pour prendre 8 jours de vacances. Les réveils brutaux la nuit et l’obligation de faire 30 ou 40km de routes de montagnes enneigées, parfois pour pas grand chose, mais parfois, aussi, on arrive trop tard.
- On apprend les méandres administratifs associés à ce statut de médecin dit « pro-pharmacien » autorisé à stocker et délivrer un certain nombre de médicaments du fait de l’absence d’officines à moins de plusieurs heures de route. On fait connaissance avec les contrôles tatillons de la CPAM.
- On s’étonne des jalousies et mesquineries des petits villages, notamment entre les différents personnels médicaux, même situés assez loin…
Mais d’autres aspects du livre, à l’écriture parfois inégale, sont à relever.
« Elle avait un physique difficile. Il lui fallait probablement beaucoup d’attention pour compliquer encore cet aspect austère et ingrat que mère nature lui avait affligé. Ses cheveux noirs-gris étaient savamment négligés, sales, assortis à sa tenue vestimentaire et ses lunettes en écaille avaient des verres épais comme des culs de bouteille. Sa préoccupation n’était pas de plaire, mais de prendre, et ça se voyait. L’existence n’avait pas été facile pour cette vieille fille qui n’avait probablement jamais connu l’amour. Elle était sûrement encore pucelle, et était décidée à prendre sa revanche sur la vie. Il me fallait rendre compte de ma réussite professionnelle insolente, de mes voiture aussi puissantes que peu discrètes, de l’élégance et du charme de ma blonde et sculpturale épouse, de la beauté surnaturelle de mes enfants... »
Il revendique également son goût pour les voitures de sport et le pilotage de type « rallye ». Cela lui a certainement rendu le service de raccourcir les durées de ses tournées à bord de son Hummer, par tous les temps. Mais on s’interroge sur les risques que sa conduite a pu faire courir à d’autres automobilistes…
L’histoire est la suivante : sans doute sur dénonciation, il a subi un contrôle fiscal et s’est fait lourdement aligner, selon lui, injustement. Pourtant des procédures de recours existent en matière fiscale mais, apparemment elles n’ont rien donné.
À la suite de cela, en voulant se renflouer, il s’est hélas fourvoyé dans une spéculation immobilière où il s’est fait arnaquer de ce qui lui restait comme économies par des promoteurs véreux. Au bout du compte, épuisé, il a failli mourir d’un infarctus dont il a réchappé presque par miracle. Depuis, il a pris sa retraite et a écrit ce livre.
Pour résumer et conclure : un livre intéressant, malgré tout, pour son aspect documentaire et «tranche de vie » comme on les aime sur Disons. Avec, toutefois,une dernière interrogation : pourquoi ce livre s’intitule-t-il «roman» ? Tout n’y est-il pas du vécu ?
Lectures :8742
Merçi Léon
Version 2011 de « La Burle » de Paul Perrève ? C’est ce que je me suis dit au début de la lecture de l’article, nettement moins à la fin.
Faut dire que derrière l’excellente Jaddo, on devient exigeant.
Qu’il soit bien entendu que je n’ai pas lu le livre. Pourtant je m’autorise à ne pas être d’accord avec Léon. Je ne peux rien dire sur l’auteur. Dois-je juger le personnage? Sous l’habit de l’auteur et du personnage avons nous le même homme? Ce n’est pas un simple pinaillage car si les deux sont la même et unique personne nous n’avons pour constituer le dossier à charge que les pièces fournies par ce docteur lui même. En m’en tenant à ce qu’en relate Léon je vois une immense fatigue et un dévouement sans mesure.Cette humanité est mise , hélas, au service de gens qui en sont souvent privés ou qui en ont reçu une part chichement réduite.Fatigue et lucidité désabusée ont conduit notre homme à une amertume qui peu à peu a fait ses ravages. Et alors.? Alors mesdames et messieurs les jurés. Ce docteur nous interpelle à tous et nous met devant nos propres petitesses au moment où nous sommes en face de nos propres peurs. J’en ai connu qui faisaient dans leur couche de trouille.Je les ai vus misérables et petits.Inconsciemment ou sans vouloir l’avouer c’est dans ces cas là que notre propre mauvaiseté ressort. C’est dans la peur ou la souffrance que nous sombrons dans nos petitesses et nos approximations morales. Et le médecin? Eh bien à lui nous réservons ce qui chez nous n’est pas le meilleur. En sa présence nous régressons …et ce n’est pas qu’un mot.Nous déversons sur lui tout et le reste .Le considérons nous comme une personne à ce moment là? Au bout de 30 ans de carrière où il a entendu quelque fois des mercis et reçu en offrande quelques regards qui réconfortent de tout, il a aussi et trop souvent été traité comme une poubelle ou une fosse. Alors alors , pour cet homme là , pas un mouvement de compréhension, par une main tendue?. Eh bien oui c’est ça , c’est le lot de ces hommes là. D’eux nous n’attendons plus , nous exigeons . La sainteté ou rien . Un jour à la piscine , je vois paraitre mon assez fabuleuse toubib , en maillot de bain accompagnée du jeune bambin qu’elle a trouvé enfin le temps de faire sans s’auto attribuer d’arrêts . Elle est canon la toubib à qui je dois la vie. À 5 mètres de moi une voix aigre: » eh bin elle… Lire la suite »
Bin, tu vois, je n’ai pas d’objection à ton objection. Le mieux est encore de lire le livre, on peut le commander sur internet je crois. ( C’est une nouveauté, il n’est pas encore affiché)
http://www.editions-baudelaire.com/nouveautes.php
C’est toujours un exercice difficile de rendre compte d’un bouquin.
… mais je te jure, il n’y avait pas d’enveloppe.
D’accord mon Léon, il n’y avait pas d’enveloppe, mais les terrines et le Jambon ❓
des enveloppes ➡ Pffffffff!
Ma liste de bouquin à lire s’allonge. Vu l’état lamentable de mon porte-monnaie, je ne demande en cadeaux que des £ivres
je ne remet pas le liens, pas maso.