Je ne puis résister au plaisir de vous raconter une histoire qui met ces jours-ci les Montpelliérains en joie.
J’ai bien vu qu’un certain nombre d’entre vous avait une assez piètre opinion des architectes, je vais leur fournir de quoi la conforter.
Bien que Georges Frèche ne fût plus maire depuis un moment et de surcroît décédé depuis un an, la ville reste sur l’inertie de sa mégalomanie monumentatoire. Ici, on ne sait pas faire dans le humble, le modeste : tout doit être grandiose, magnifique, à la pointe de la technologie et de l’urbanisme. On fait appel aux plus grands architectes du moment…
Or donc, la mairie de « Montpellier la Surdouée » était devenue trop petite et se trouvait située dans le centre historique, au bord d’une zone piétonnière malcommode d’accès. A l’époque de Georges Frèche encore, la décision fut prise d’en construire une nouvelle dans le quartier en gestation de Port Mariane ( un autre délire du même Frèche qui voulait que Montpellier redevienne un port via le Lez —il faudra juste traverser une vingtaine d’écluses et compter une journée entière pour arriver à la mer…).
Donc une nouvelle mairie. Mais comme cela a été expliqué plus haut, à Montpellier un bâtiment aussi symbolique du pouvoir local ne pouvait pas être juste fonctionnel, fallait de l’inédit, du visible, du grandiose, de l’exceptionnel. On fait appel à qui ? Au prestigieux et géniââââââaaaaaâl architecte Jean Nouvel que le monde entier nous envie.
Son projet tout ausssi géniââââââl est approuvé, les travaux durent quelques années et la nouvelle mairie est inaugurée récemment en grande pompe : discours en écharpe, hommage vibrant au prédécesseur, ce grand homme disparu dans la force de l’âge, spectacle, fusées, petits fours et AOC languedociens.
Les médias locaux s’y bousculent,
la presse nationale en parle : un bâtiment machin-responsable, éco-respectueux en diable, les passerelles pour aller d’un bâtiment à l’autre, tout ça… Il nous a refait une sorte d’arche de la Défense en verre et acier, plus près de l’arc de triomphe que du bâtiment administratif.
Et le bon peuple Montpélliérain, tout ébaubi, d’applaudir ces merveilles, se demandant, tout de même, de combien la plaisanterie allait gonfler le montant de ses impôts locaux déjà parmi les plus élevés de France.
La nouvelle Mairie n’a pas commencé à fonctionner de suite, il a fallu déménager l’ancienne et le premier mariage dans le nouveau bâtiment a été célébré samedi dernier, il y a une semaine donc. La Gazette de Montpellier raconte l’épisode, assez folklorique.
La Maîresse, Hélène Mandroux, célébrait en personne pour marquer le coup, la presse avait été convoquée, mais les futurs et leurs invités se firent attendre : les malheureux, tout à leurs épousailles, n’avaient pas noté que ce jour-là avait lieu la rencontre de foot Montpellier-Marseille et que dès le milieu de l’après-midi, à cause des déviations mises en place pour accéder au stade de la Mosson, des bouchons gigantesques s’étaient formés en ville.
Donc ils sont très en retard.
Les autres mariages prévus plus tard arrivent, et un bouchon se forme également dans la mairie. Circonstance aggravante, on apprend que les futurs, tant attendus, n’ayant aucune envie de voir leur bobine étalée dans tous les journaux, ont interdit les photos de presse, ce qui conduisit à une certaine bousculade de photographes qui décidèrent de quitter les lieux .
Les futurs et leurs invités finirent par arriver, mais il y avait comme un malaise…
Mais attendez, le meilleur arrive : un ou une invitée (à moins que ce ne soit l’un des futurs époux, les gazettes ne le précisent pas) fut pris d’une envie pressante. On peut les comprendre, les pauvres : le stress d’arriver en retard, les embouteillages un jour pareil… Bref, la ou les personnes en question se mirent en quête des lieux communément appelés « d’aisance. »
Et c’est là qu’on s’aperçut que le grand, le génial architecte Jean Nouvel avait oublié de prévoir des toilettes à l’étage des mariages… Les malheureux qui étaient pris d’une envie pressante devaient utiliser un ascenseur pour y accéder, donc de l’attendre, d’y monter, d’en sortir et de parcourir encore des mètres avant de pouvoir enfin y faire ce qu’ils avaient à y faire…
Malgré ce que cette mairie leur aura coûté, les Montpelliérains s’en tapent encore sur les cuisses. Les WC virtuels de Jean Nouvel et les 20 ans qu’a pris Bissonnet en appel, on ne parle plus que de ça en ville…
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cocasse mais si symptomatique!
j’ai également appris ce qu’était une ZAT: Zone Artistique Temporaire.
mon avis que ce bâtiment va mal vieillir mais bon…je suppose qu’il ont pas poussé jusqu’à le faire biodégradable 😀 ?
À Montpellier si vous voulez éviter la ville , c’est à droite et c’est deux heures sous la cagna
Si vous voulez aller chez Léon c’est à gauche et c’est boissons fraiches, gâteaux et Mimosa….
C’est vous qui voyez.