Quand le chômage repart à la hausse, c’est que quelque chose cloche du côté de nos PME.
S’il est certain qu’elles seront très bientôt l’objet de toutes les attentions (hypocrites) des candidats à la présidentielle, il est tout aussi certain que leurs dirigeants ne comptent plus trop sur les hommes politiques pour leur venir en aide.
Qu’observe-t-on au sortir d’une crise, qui n’est peut-être qu’un répit avant le choc cataclysmique de la dette ? Que nos PME sont fragilisées, usées et, qu’après avoir tapé dans les réserves, elles ne voient toujours pas le bout du tunnel.
On leur reproche d’être trop axées sur le marché intérieur, mais combien parmi nos diplômés des écoles prestigieuses se risquent à créer une entreprise orientée à l’export ou simplement, à venir les épauler. On les voit surtout plus pressés de pantoufler dans les grands groupes, usant de réseaux qu’eux seuls possèdent.
Il est clair que l’exemplarité n’est pas de leur côté. D’ailleurs, il suffit de lire les pages intérieures du Parisien pour s’apercevoir que l’on ne crée plus guère d’entreprises dans ce pays, et encore moins de PME tournées vers l’industrie et l’export. Services, petit commerce et bâtiment artisanal trustent les premières places du hit parade de la création d’entreprise, et il n’y a plus personne pour les y déloger, depuis bien trop longtemps.
De son côté, la presse ne semble s’intéresser qu’aux exploits de nos grandes entreprises. Récemment, elle se précipitait avec entrain sur l’annonce d’un volume de commandes record, livrée par le consortium Airbus en clôture du salon du Bourget, pour conclure qu’il s’agissait d’un formidable espoir pour nos PME. La réalité montre pourtant que les PME de l’aéronautique continuent de souffrir et que les crédits court terme leur sont trop souvent refusés par les banques et qu’en panne de trésorerie, elles peinent à se réapprovisionner. Il est vrai que la parité euro/dollar ne les aide pas non plus.
Les petits patrons ont donc le moral dans les chaussettes et n’attendent plus que les grandes vacances pour se refaire la cerise, en espérant une rentrée moins morose. Il faut bien entretenir une petite parcelle d’espoir…
J’interroge autour de moi les petits patrons que je connais, bien souvent des gens dans ma tranche d’âge, c’est-à-dire encore assez frais pour poursuivre quelques années sans se préoccuper de la retraite qui se profile. Que disent-ils ? qu’ils sont épuisés et que leur projet de se maintenir encore un peu avant de transmettre ou de céder a du plomb dans l’aile. Se délester de ce corps mort au plus vite est devenu leur dernière préoccupation. Au mieux, envisagent-ils un cumul emploi retraite qui les débarrasserait de toute cette pression.
Durant la crise, les petits patrons pensaient que l’Etat chercherait à les protéger. Au lieu de cela, ils ont plus souvent vu les huissiers sur le pas de porte, alors même que certains d’entre eux ont à subir les incroyables délais de paiement des administrations qui se fournissent chez eux. Des administrations qui n’hésitent pas à lâcher les fauves pour le moindre retard de paiement de cotisation sociale. Un comble !
Pour corser le tout, les banques, après avoir été sauvées par l’Etat, se sont dérobées aux sollicitations de prêt et continuent de prélever leur dîme sur le moindre découvert bancaire. Et Oseo ? me direz-vous, eh bien ! ils n’osent même pas, épuisés qu’ils sont par les incessants combats stériles contre la paperasserie, l’empilement des textes et lois régissant travail.
Dans ces conditions, il ne faut pas craindre de lire à la marge, derrière ce rebond du chômage, les conséquences d’une grande lassitude.
Après s’être battu férocement pour résister à la crise, elles en subissent maintenant le contrecoup.
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lu, Yohan, et pas de commentaires à faire, et il risque de ne pas il en avoir beaucoups derrière votre article.
Vu que c’est la réalité qui est décrite, sans parti pris.
Bref, rien de nouveau. 🙁
La faute incombe encore et toujours aux autres, à l’état, aux banquiers, à la conjoncture mais jamais à son offre produit, à son manque d’entrain pour aller dénicher d’autres débouchés, aux services minima offerts aux clients…
Pas trop d’accord avec ce constat car même s’il y a une bonne part de vérité c’est une vision généralisante qui masque de nombreuses différences et se plaindre toujours est le sport national, chez les dirigeants comme chez les employés.
C’est aussi une analyse morose qui décourage par avance. Avec ce genre d’énergie négative, que l’on entretient partout à loisir, il ne faut pas s’étonner si il n’y a pas assez de personnes qui osent, qui acceptent de prendre des risques.
Des motifs de se remonter le moral existent pourtant, il suffit de regarder de ce côté.
La saison touristique estivale devrait être particulièrement bonne cette année (merci aux révolutions arabes), la croissance repart, timidement mais c’est mieux.
Des entreprises innovantes avec de solides réussites commerciales existent partout, nombreuses, discrètes. Cela n’offre aucun intérêt pour elles d’en faire parler et il ne faut pas compter sur les journalistes pour chercher de ce côté, la plainte a toujours eu un meilleur écho que le discours optimiste et volontariste.
Désolé Yohan mais la lecture marxiste demeure valide encore et toujours.
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-La première loi de l’économie de marché est qu’ils s’éliminent entre eux. Froidement , sournoisement ou sans le savoir .
-Le deuxième constat marxiste est que l’appareil d’Etat, (ses lois ses exigences ses aberrations) , est là pour faciliter la manœuvre
-La troisième loi est fortuite, c’est à dire liée à la tradition historique locale. Chez nous c’est la passe droit, le deux poids deux mesures, les copains et les coquins selon l’expression qu’ils emploient quand ils sont entre eux (*) . Cet article ne nous l’apprend pas mais il donne des éléments.
(*) Poniatowski à sa bande parlant de la bande à Chirac
yo yohan , suis sur qu’il y a une part de vrais » bonne part » mais le lamento des ptits patrons en général me fait penser au vieux sketch de fernand renaud le paysan avouant bon gres mal ges tous ces bien terrestres mais se plaignant de payer le sel.
La boite ou je bosse passera l’été » ouf » mais faut dire que les deux patronnes » marocaines » se battent comme des lionnes et parfois comme des hyenes avec les concurents ça les épuisent tellement que nous arrivons » j’arrive » à leur tenir parfois tete à l’atelier . Mais bien des maux dont se plaignent les dirigeants de pme sont des maux dont ils sont les initiateurs .
de bonnes vacances si je ne vous recroise pas
asinus
Salut yohan,
Sûrement d’accord avec ton tableau bien noir… mais je rajouterai un truc : tu vois midi à ta porte (normal, c’est ta porte)… mais à ma porte à moi, je peux faire miens tes constats, et ce n’est pas une question spécifiquement de PME.
« Les petits patrons ont donc le moral dans les chaussettes »… mais… tout le monde ! employés du privé, du public… pareil !
« J’interroge autour de moi les petits patrons… Que disent-ils ? qu’ils sont épuisés et que leur projet de se maintenir encore un peu avant de transmettre ou de céder a du plomb dans l’aile… » pareil ! chez les petits employés, ou chez les personnels de l’enseignement ou de la recherche : pareil ! épuisés, vidés, à toujours se battre contre des moulins à vent, à perdre son temps et son énergie à… rien !
« Des administrations qui n’hésitent pas à lâcher les fauves » pareil ! on est tous fliqués, la méfiance est partout, il n’y a plus d’écoute, plus de tissu social solidaire…
« les banques, après avoir été sauvées par l’Etat, se sont dérobées aux sollicitations de prêt et continuent de prélever leur dîme sur le moindre découvert bancaire. » pareil ! c’est valable pour n’importe quel citoyen de base pressuré par les banques au moindre faux pas, à la moindre sollicitation…
« les incessants combats stériles contre la paperasserie, l’empilement des textes » pareil ! on en a déjà parlé tous les deux, c’est pareil, la bureaucratie est un fléau…
Ce que tu décris, c’est le beau résultat de notre société mercantile où l’on se méfie de tout et de tous, où tout s’évalue à l’aune du court terme et du moindre coût…
C’est un tissu social déchiré, découpé en morceaux, où l’on casse la dangereuse solidarité (ben dame) et où l’on nous menace continuellement du chaos pour mieux nous faire gober les saloperies actuelles…
« D’ailleurs, il suffit de lire les pages intérieures du Parisien pour s’apercevoir que l’on ne crée plus guère d’entreprises dans ce pays, et encore moins de PME tournées vers l’industrie et l’export. »
Rappelons que PME signifie : de 20 à 250 salariés.
En dessous il s’agit de TPE.
La plupart des créations d’entreprises concerne donc d’abord des TPE. Et les TPE, pour leur immense majorité, n’ont pas une vocation immédiate à l’export. C’est en grandissant et en se structurant qu’elles peuvent décider de franchir ce pas.
D’autre part « Le Parisien » (et donc Paris) n’est certainement pas l’endroit géographique le plus évident pour créer une industrie, il s’agit plutôt dans ce cadre d’entreprises de services.
En régions, à ma connaissance, la création d’entreprises se porte bien.
De toute façons le déficit en entreprises industrielles et exportatrices est un mal français récurrent qui ne date certainement pas de ces dernières années, même si la crise a du contribuer à accentuer le phénomène.
Bonjour Yohan
Bizarrement, à écouter mes amis chefs d’entreprise, je n’ai pas le même sentiment …
Apparemment, ceux qui sont dans les métiers du BTP et qui ont été les grands gagnants de la dernière decennie continuent à se faire des c… en or . Ceux qui dans les services peuvent justifier de compétences affirmées ne se plaignent pas non plus. Plus dur pour les commercants car la morosité ambiante incite peu aux achats d’impulsion …
Il existe une « Culture de la Morosité », un état d’esprit soigneusement entretenu par toute opposition face à tout pouvoir en place.
Aujourd’hui le pouvoir est « de droite » : La morosité obligatoire vient donc « de gauche » mais aussi (et fait nouveau) de lXdroite.
Si demain les choses s’inversent, l’espoir renaîtra (faiblement) à gauche et la morosité sera immédiatement accaparée par l’opposition de droite.
Et, comme le français est râleur par essence même, finalement ce qui gagne, toujours, c’est la morosité, la grande cause de la déprime Nationale. 😀
Avec la droite la plus conne du monde, et la gauche la plus stupide… d’aucuns, dont je vais finir par être, se demandent si le peuple français lui-même ne serait pas le plus débile de la planète ? ❓
Salut à tous
Je serai tenté de dire tant mieux si je me trompe. Il y a certainement des gagnants et des perdants de cette crise. En tout cas, mon cabinet d’expertise comptable qui est un baromètre comme un autre, me dit avoir perdu 30% de leur portefeuille clients depuis 2010, beaucoup de PME de services qui ont plongé.
Peut-être que les Pme sont plus contrôlées que les grosses entreprises?
En passant par un bureau chypriote de la boîte irlandaise Atlantico, Bouygues peut embaucher 140 intérimaires Polonais sans contrat de travail, sans congés payés, sans couverture maladie, sans droit au chômage, accidents de travail non déclaré. De plus, ces Polonais, dont le salaire est inférieur à la convention collective française, payent 600 à 800 euros de retenues sur salaire destinées selon Atlantico à payer sécu et impôts. Mais ni l’Urssaf ni l’Asn n’ont retrouvé trace de cette argent.
Sur le chantier de l’Epr on ne s’embarrasse pas du droit social: http://www.francesoir.fr/actualite/economie/chantier-flamanville-un-travailleur-sur-trois-vient%E2%80%A6-des-pays-l%E2%80%99est-63542.html
Lu dans le canard enchaîné: Un audit interne de la société Bouygues d’octobre 2009 révèle que certaines primes sont attribuées en fonction du « TF », c’est-à-dire du « taux de fréquence », en référence au nombre d’accidents. Le principe est simple: moins l’employé se rend à l’infirmerie pour déclarer ses petits ennuis plus il gagne de pognon. Se soigner moins pour gagner plus!
Hier même, j’ai croisé une estafette d’une entreprise de BTP tout corps d’Etat, sur laquelle, il était incrit : « Société de droit roumain ».
On voit bien que nos plombiers de l’est ne sont plus une private joke. D’ailleurs, Kone qui a changé notre ascenseur embauchait des techniciens dont aucun ne parlait français. Alors, pour répondre à Snoopy, le BTP reprend peut-être des couleurs, mais à quel prix pour les salariés français ?
Si on y regarde de près on voit que je suis bien le seul à approuver Yohan;il me semblait bien avoir mis du Marx à tous les étages