Je voudrais bien dire quelque chose d’intelligent sur DSK….

Je voudrais bien dire quelque chose d’intelligent rapport aux ennuis sexy-judiciaires de DSK, mais franchement, seuls des mots comme « honte », « écoeurement », « indignité », « forfaiture » me viennent à l’esprit. Pas seulement sur l’affaire elle-même. Sur certains commentaires aussi, sur l’omerta de ses amis politiques et des « milieux autorisés qui s’autorisent » comme dirait Coluche.

C’est apparemment  trop beau  pour les Sarkozystes. Trop beau pour être vrai.
Hélas, vous, je ne sais pas, mais moi, au fur et à mesure des heures qui passent,  je crois de plus en plus l’accusation fondée.

Vous me direz sans doute que mon opinion, vous vous en tamponnez  et que je n’ai à me substituer ni aux juges, ni à Dieu,( s’il nous entend…), pour apprécier sur le plan moral ce qui se passe dans la conscience d’un homme. Vous auriez raison si cette affaire n’était qu’une histoire criminelle et/ou délictueuse. Or elle n’est pas que cela. Elle pose un autre problème.

Oublions cinq minutes le cas précis de D. Strauss-Khan: cette mésaventure a le mérite de poser la question plus générale de l’adéquation entre la « théorie » et la « pratique », entre les valeurs que l’on défend en politique et les actes; question qui se pose à chacun d’entre nous qui affiche une conviction, mais d’une manière  plus cruciale aux hommes qui détiennent un pouvoir, qui sont supposés tirer une certaine légitimité des valeurs qu’ils incarnent et qu’en démocratie ils ont vendues à leurs électeurs.

Il me semble nécessaire d’avoir,  en politique, un minimum de cohérence entre des convictions et son comportement personnel, entre des valeurs que l’on affiche  et ses actes . On ne peut pas tout le temps séparer les deux car, au bout du compte c’est l’efficacité qui en pâtit.

  • Un homme  qui affiche un engagement de gauche peut-il être riche ?
  • Un homme peut-il se prétendre de gauche lorsqu’il n’a jamais eu la moindre activité militante politique, associative, syndicale ?
  • Peut-il être de gauche si, comme BHL, par exemple, il vit pour l’essentiel de ses rentes et non de son travail ?

Difficile de répondre. Evidemment il peut toujours voter à gauche, afficher des opinions de gauche. Mais que valent-elles réellement?  Résistent-t-elles à la moindre situation nouvelle? À une tentation? À un inconfort ? À un intérêt  ou des pulsions contraires ? Ces opinions peuvent-elles induire un jugement opportun sur telle ou telle lutte, telle ou telle cause?  J’avais, par exemple, été frappé de la manière dont seul Mélanchon avait, en son temps, jugé correctement le théocratique et moyenâgeux régime tibétain, pourtant encensé par la gauche-caviar au nom de son engouement new age pour le bouddhisme et  pour sa résistance à la vilaine Chine communiste…

Car si la question de l’argent, de l’insertion sociale  est complexe, celle  du comportement personnel l’est  aussi. Sauf qu’à un certain niveau de contradiction, on cesse d’être crédible : un homme  de gauche ne peut pas violer une femme, frauder le fisc ou vendre son influence. Je ne veux pas dire qu’un homme de droite, lui, le peut. Mais, à droite, sauf à l’extrême, on fait rarement de la morale  une profession de foi en politique,  on la réserve plutôt à la sphère privée. À droite, par exemple, la solidarité est individuelle, choisie, privée; à gauche elle est un programme de gouvernement. Ainsi, l’homme de gauche, en trébuchant, ferait des actes non seulement contraires au droit ou à la morale en général, mais aussi à ses engagements politiques sur la justice, la fraternité, la solidarité. C’est pourquoi il est, selon moi, alors, politiquement impensable de ne pas s’en désolidariser totalement : pas de copinage, d’indulgence, d’hommage à de quelconques  qualités intellectuelles ou gestionnaires. Il est flagrant, par exemple, que les ténors du PS, en pratiquant ce qui ressemble bien à une sorte de déni de culpabilité, bafouent des causes qu’ils vont avoir ensuite bien du mal à défendre au niveau des principes:  celle de pauvres victimes  de riches, celle de femmes victimes de machos violents. C’est ce que je voulais dire en parlant de « d’efficacité qui en pâtit »

Et ce qui est vrai de l’homme public peut s’appliquer au simple citoyen :

  • Que peuvent valoir des discours en faveur de la « solidarité » si l’on n’est même pas capable d’en faire preuve vis à vis d’ handicapés dont on occupe les places réservées  dans les parkings ?
  • Que valent des valeurs « humanistes » si l’on se comporte vis à vis de son épouse comme un tyran domestique, pire, si on la bat ?
  • Qui peut croire des professions de foi « antiracistes » de gens qui se mettent, par rapport aux populations concernées, dans des positions de domination et d’exploitation contractuelle ou institutionnelle ?
  • Que penser des préoccupations « écologiques » de celui qui roule en Cayenne ?
On se moque parfois des Américains qui effectuent sur leurs candidats à la présidentielle des enquêtes de moralité très poussées, fouillant dans leur passé, sortant le moindre joint fumé, la moindre condamnation pour ivresse ou tapage nocturne. Mais ne sont-ils pas plus dans le vrai que nous qui avons un peu trop tendance à admettre qu’une ordure puisse, malgré tout, être  homme compétent et à ce titre éligible à de hautes fonctions publiques ? Pourquoi, en France, on ne prononce jamais d’inéligibilité à vie pour des gens condamnés par la justice ?  Comment est-il seulement possible, par exemple,  que Gérard Longuet soit ministre de la République ?

Mais revenons à notre QMI (queutard monétaire international).  Il risque des dizaines d’années  de prison. Son avenir politique, n’en parlons même pas, il vient probablement de s’interrompre, et là où c’est cruel, même si les faits ne sont pas avérés, (à cause du calendrier).  Mais si, en plus, ils le sont, ce sera  un coup fatal à la la crédibilité du fonctionnement  « disciplinaire » d’un PS qui aurait mieux fait de se préoccuper des démons de DSK que des conneries de Georges Frèches . Car il aura fallu attendre que la justice d’un autre pays s’occupe de son cas et, par une condamnation possible débarrasse le paysage politique français de sa présence .

Bon, peut-être que  le seul moyen  de dire quelque chose d’intelligent sur cette affaire, c’est  de parler d’autre chose ?…


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D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
19 mai 2011 9 h 16 min

D’aucuns sur leur colline annoncent à grand renfort de trompettes que leur très haute idée de l’information, du débat sur ycelle et de leur conception de la liberté leur interdisent de plonger dans la fange des flatulences des aventures du chef du FMI.
Je ne peux m’empêcher pourtant de voir, dans ce grand bol de vastes principes à la sauce quant-à-soi, flotter deux ou trois étrons d’indifférence sournoise à l’égard de l’agressée, tintés de ringardise franchouillarde.Les dernières déclarations sur le sport féminin résonnent curieusement en harmonie avec ces ornements de la pensée.
La femme , les femmes, leur place, leur rôle, leurs droits demeurent un problème pour ces gens là. Ceci dit avec toute la modération qui convient.

Aria
Aria
19 mai 2011 13 h 02 min

Léon,
Je crois que le problème du fossé entre la théorie et la pratique est une partie de ce que je souhaitais traiter dans un article sur le décalage entre la pratique chrétienne et ses belles prescriptions comme « tu aimeras ton prochain comme toi-même » ou « Aimez-vous les uns les autres ».
Je suis toujours sidérée de voir combien les chrétiens (et ils ne sont pas les seuls) peuvent d’un côté pratiquer sérieusement et, de l’autre, être méchants, mesquins, malhonnêtes, prôner la peine de mort et se faire entre eux des coups bas.

Il en est de même pour les socialistes, les communistes et les droits de l’hommiste qui ont généralement une curieuse manière de se distinguer de la théorie. A ce propos d’ailleurs, il y a un article intéressant dans les Nouvellesnews
http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/chroniques-articles-section/chroniques/1129-dsk-employees-dans-angle-mort

Aria
Aria
19 mai 2011 13 h 11 min

J’ai entendu vers midi sur BFMradio le soit-disant éminent sociologue Stéphane Rozes affirmer que les Français n’en voulaient pas à DSk « d’aimer les femmes ».
Quand on sait qu’il harcelait les femmes sous le nez de son épouse, cette affirmation est honteuse et scandaleuse. Nous savons bien que qui aime toutes les femmes n’en respecte aucune.
J’avais d’ailleurs écrit le 9 mai que je ne voterai pas pour DSK, entre autres pour cette raison.
http://laconnectrice.wordpress.com/2011/05/09/je-ne-voterai-pas-pour-dsk/

COLRE
COLRE
19 mai 2011 15 h 54 min
Reply to  Aria

Bonjour Aria,

Oui, il y a des événements, comme ça, des soi-disants « faits divers » qui résonnent à ce point dans les tréfonds de notre société et de ses codes inconscients, qu’ils en ébranlent les bases à l’instar d’un vrai tremblement de terre…

Ainsi, dans le passé, l’affaire Gabrielle Russier, ou l’affaire de Bruay-en-Artois, ou l’affaire de la Vologne… Souvent des femmes, d’ailleurs, y sont au coeur du séisme, ce qui montre bien que la place des femmes est bel et bien le noyau de l’imaginaire symbolique et du pouvoir.

Comme je le disais plus haut : « cette affaire DSK est un vrai « fait de société », comme on dit, qui irradie dans toutes les directions et ébranle nos codes et habitudes, nos hypocrisies et nos complaisances. »

Du coup, les gens ne savent plus comment ils s’appellent… : des anti-féministes en appelent soudain aux féministes pour servir leur cause anti-socialiste, des anti-complotistes en appellent au complot pour défendre DSK, des grands patrons de presse de droite en appellent à la retenue pour sauvegarder leurs intérêts financiers du FMI, des politiques de droite se mettent à découvrir le cas d’une malheureuse femme de chambre pour mieux enfoncer la gauche…

Mais, comme toujours, les féministes, de droite, de gauche, du centre et d’ailleurs, savent percevoir au premier coup d’oeil la nature d’un problème de ce type, car elles, plus que n’importe qui d’autre, sont confrontées de facto aux problématiques de l’inégalité, de l’injustice, de la domination, de l’arrogance, de la pauvreté, de la violence…
Or, une affaire comme celle de DSK traverse et éclaire, justement, tous ces aspects sociaux… Une fois de plus, je dirai que le féminisme est un outil d’analyse très pertinent… 😉

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
19 mai 2011 21 h 11 min

Beaucoup se posent cette question.
Comment son épouse peut-elle contre vents et marées défendre et protéger son mari même contre l’évidence?
.
Une histoire
.

C’est un mari et sa femme qui sont invités à une réception.( ou un paseo sur le cours machin)
À un moment, une très belle jeune femme passe devant eux. Alors le mari dit à sa femme tout de go:
« Regarde, c’est la maîtresse de notre voisin ».
Sa femme est plutôt choquée, mais ne répond rien.
Quelques minutes plus tard, une autre très belle jeune femme passe devant eux, et le mari ajoute alors:
« Et elle, c’est MA maîtresse ».
L’épouse garde tout d’abord le silence, puis elle dit:
« La notre est mieux! »

.
Si quelqu’un pouvait me dire quel est l’auteur du XIXè qui a rendu célèbre ce trait?

Lorenzo
Lorenzo
20 mai 2011 0 h 16 min
Reply to  D. Furtif

Excellent Furtif ❗ 😉 j’ose une réponse,ces gens sont prêts á tout pour conserver des interêts de fric et de classe,une aisance de vie qui vaut bien des petits sacrifices 😆
comme quoi rien n’a changé depuis le XIX siécle chez ces gens lá 😐

Lorenzo
Lorenzo
20 mai 2011 0 h 55 min

🙄 😯 un million de dollards cash, plus cinq millions de garantie et hop dehors, mais en laisse et DSK était
le favori des français de gauche :mrgreen: un truc m’échappe 😆

asinus
Membre
asinus
20 mai 2011 7 h 57 min

yep , bonjour toutes et tous
je souffre depuis 6 jours je me retiens sur ago j ‘ai envie de cogner sur le notable bourgeois qui croyait que son intelligence le sauverait mais la simple idée de retrouver un de mes post aux cotés de certain
délire antisemite me font refuser l’entrée dans un club qui accepte de tel propos .

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
20 mai 2011 8 h 27 min
Reply to  asinus

Yep Asinus. Riches bourgeois , bureaucrates et chrétiens prétendus fervents j’en ai rencontré qui se croient tellement à part.
Doués et attentifs à appliquer aux autres les règles qui les servent; ils ne s’y croient pas soumis comme le vulgaire qu’ils toisent.Le malheur veut que ces prétendus maitres ne sont pas en peine de trouver des valets bénévoles bien pires qu’eux.
Économique et social le renversement attendu sera évidemment moral.

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
20 mai 2011 14 h 53 min
Reply to  D. Furtif

Info sportive
Au jeu de la flèche en l’air et de la cible mouvante, une cible totalement inattendue est venue car elle se sentait visée.
Contrairement aux flèches le nombres de crétins qui se croient visés est infini.

COLRE
COLRE
21 mai 2011 18 h 14 min

Je ne sais pas si Lapa prépare sa revue de presse de la semaine, mais j’espère qu’il a regardé de bout en bout l’émission spéciale, jeudi soir, sur France2 avec Pujadas : un grand moment de télé, une émission qu’il faut regarder, garder et analyser dans 10 ans dans les écoles de journalisme !

Un incroyable marigot, ou Jurassic park au choix des prédateurs déchus : la fin des derniers dinosaures… ou plus pitoyable : la basse-cour, avec ses coqs passablement défraîchis et déplumés, montés sur leurs vieux ergots émoussés, qui tentent désespérément de faire leur dernier numéro à leur avantage…

Un Visconti de farce, une tragicomédie en 3 actes :
I. les derniers rugissements des vieux mâles dominants qui s’entredéchirent : le vieux monde menacé…
II. arrivée du jeune mâle, grosse colère sur-jouée, il se frappe la poitrine avec en fond d’écran la vidéo de la cour de NY : secousse, riposte, déni, révolte, mensonges…
III. arrivée des jeunes femelles. Effondrement généralisé des vieux dominants, sidération, mea culpa, « oui c’est vrai qu’on a eu tort »…

COLRE
COLRE
22 mai 2011 12 h 35 min

DSK… suite.

J’évoquais hier les 4 grands dinosaures qui s’étripaient sur le plateau de Pujadas, jeudi (FOG, Joffrin, Rioufol et Badinter), mais il faut en rajouter bien d’autres. Il y aura un dommage collatéral énorme en marge de l’affaire DSK : le journal Marianne dans son ensemble.

Sans parler, même, de l’innommable sortie « gloussante » de JFK sur le « troussage de femme de chambre » (il s’est excusé ensuite, mais ça montre qu’il ne faut pas trop gratter le vernis de belle moralité), il faut absolument lire le Marianne d’hier.

L’affaire DSK est bel et bien, comme je l’ai pensé aussitôt, un fait de société exemplaire, un très puissant révélateur des moeurs de notre société, autant sur son sexisme profond que que les liens inavouables entre le politique et le médiatique.

Je suis en train de lire Marianne : l’article de Domenach et Szafran (titre : « une tragédie française ») est proprement inouï. Une lamentation digne d’Homère, un vrai cri de désespoir… c’est dingue.… Un hymne à l’amour perdu du Grand Homme.

Quant à la narration (enfin !) révélée du déjeuner de fin avril avec DSK… alors là, on est dans la compromission absolue. Faut lire ça ! c’est un éclairage rétrospectif de ces dernières années du monde médiatique qui a changé d’âne, entre Sarko et DSK, et qui s’est mis corps et âme au service de l’homme et de ses ambitions.
On aurait bien aimé être tenus au courant !!!!

Déjà que j’avais été révoltée à la lecture de « Off » des mêmes journalistes, les connivences au profit de Sarko, voilà que ça continue, ou plutôt ça continuait, au profit de DSK. Je dis « continuait », car c’est au passé désormais.
Merci à la police/justice américaine d’avoir stoppé en plein vol ces petits arrangements entre amis sur notre dos.

Cette affaire n’a pas fini d’exhaler les mauvaises odeurs de la soupe que nous servent nos élites médiatico-politiuqes… aïe aïe aïe…

Buster
Membre
Buster
22 mai 2011 13 h 50 min

Bonjour COLRE,
As-tu vu cet article de Philippe Sage ?
Il complète ton commentaire sur Marianne, que je vais acheter de ce pas.

COLRE
COLRE
22 mai 2011 14 h 03 min
Reply to  Buster

Bonjour Buster,

Oui, je l’ai lu. Je n’appréciais pas tellement cet auteur (je ne me souviens plus des détails), mais je dois dire que cet article est excellent : factuel, sourcé et presque « sobre ». Vraiment intéressant. Tout cela nous montre les arrières-cuisines où se mitonnent les stratégies politiques.
On le sait bien que ça se passe comme ça, mais là : ils nous mettent sans vergogne le nez dans la marmite : et ça pue.

Si on est dans l’arrière-cuisine d’un parti politique ou d’une agence de com : ok, c’est normal, mais pas d’un journal qui nous vend son extrême-centre JFKhanien, qui se prétendait plutôt barrouiste, qui cognait sur le PS, et qui s’apprêtait pourtant à dérouler (en douce) le tapis rouge à son champion proclamé par toutes les officines de bourrage de crâne sondagières…
Trop, c’est trop.

Buster
Membre
Buster
22 mai 2011 21 h 26 min
Reply to  COLRE

Ils sont nombreux – Journalistes – Intellectuels – Politiques – à se sentir cocus de DSK.
Et assurément ils sont bien plus cocus qu’Anne Sinclair qui semblait surtout miser et financer un cheval de course et qui nourrissait les plus grands espoirs pour le Grand Prix de l’Arc de Triomphe.
Espoirs déçus, illusions perdues… Les amis d’hier risquent de se trouver prochainement parmi les plus féroces bourreaux.
Humain. 🙁

Heureusement qu’il reste Hervé Morin, qui, tel un Roc, une Montagne, poursuit imperturbablement son ascension vers les sommets ! 😉
(l’image du roc ou de la montagne qui « ascensionnent » est un peu osée, je l’ose malgré tout)