Mise à jour 12 fevrier 2016 :
L’Institut des cultures d’Islam (ICI) perd la tête. En désaccord avec la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, Jamel Oubechou, le président de l’établissement culturel et cultuel de la rue Stephenson (XVIIIe) et Elsa Jacquemin, la directrice générale, ont démissionné ce vendredi ensemble.
La raison de ce double départ ? La décision annoncée voici quelques mois par la maire de renoncer à la construction, pourtant votée par le Conseil de Paris, du second bâtiment de l’ICI, qui devait voir le jour rue Myrha.
Voir ici, les raisons-bidon que donne Anne Hidalgo. C’est à pleurer …
Personnellement je trouve que c’est une grande victoire de la laïcité, ( et elles ne sont pas si nombreuses !) et qui confirme mon propre point de vue, que j’ai eu l’occasion de développer dans l’article ci-dessous.
Mise à jour, le 24 décembre 2015.
Un contribuable parisien a attaqué la décision de la mairie de Paris concernant l’ICI et a obtenu gain de cause…. Les détails ici.
Si nous republions cet article aujourd’hui ( très légèrement modifié) , c’est qu’il y a du nouveau à propos de cet ICI :
- Les travaux de démolitions préparatoires à la construction ont commencé.
- Mais le montage financier qui est prévu pour contourner la loi de 1905 bat déjà sérieusement de l’aile.
Au terme de cet accord, les associations cultuelles musulmanes qui devaient payer à la mairie de Paris 7 millions d’euros pour devenir propriétaires des espaces de prières, devaient verser le premier million avant la fin de l’année 2011. Or, à 15 jours de l’échéance il apparaît qu’elles ne l’ont pas. ( On n’arrive pas à savoir exactement si le prix total des mosquées est finalement de 6 ou 7 millions d’euros).
Elles compteraient soi-disant sur des banques pour leur avancer la somme.
On verra bien, mais si, comme cela est possible, sinon probable compte tenu du contexte financier actuel très défavorable, ce prêt n’est pas obtenu, la Mairie de Paris va se trouver à financer la construction d’une mosquée payée par le contribuable, ce qui met tout le projet dans l’illégalité au regard de la loi de 1905.
Si le prêt bancaire est effectivement obtenu ce sera, à n’en plus douter, uniquement parce que, au terme de cet accord, il est prévu que la ville de Paris en sera caution. Et comme il apparaît désormais assez probable que cette caution sera mise en oeuvre, cela reviendra, à nouveau à faire payer cette mosquée par le contribuable….
Il reste la solution que les Wahhabites saoudiens s’en mêlent et décident de financer le projet, comme ils le font partout où ils le peuvent; mais avec les conséquences et les contreparties que l’on imagine… Alors, l’objectif affiché par Daniel Vaillant de promouvoir à travers cet ICI un « islam modéré et tolérant », verra en réalité l’introduction de celui qui vient de décapiter à coup de sabre une femme accusée de sorcellerie en Arabie Saoudite…
Ici une vidéo de l’association des contribuables qui s’est constituée un peu autour de RL et qui a interpellé le Maire de Paris sur la question. Sans d’ailleurs avoir obtenu la moindre réponse sérieuse.
A suivre donc….
L’article d’origine, qui date de 20/XII/2011
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et Daniel Vaillant, maire du XVIIIe ont fortement poussé à la construction d’un Institut des cultures de l’islam dans le quartier de la Goutte d’or. Le principe en a été adopté en 2010 et en décembre un vote du Conseil de Paris a décidé le commencement des travaux pour 2012. ( Précisons tout de même que depuis 2006, installé dans une ancienne école maternelle de la rue Léon, une préfiguration sous le nom d’ Institut des cultures musulmanes existe déjà, mais ne comportant aucun espace de prières.)
Même en étant ouvert, tolérant, accueillant, tout ce que vous voudrez, on est légitimement fondé à émettre de sérieuses réserves, pour ne pas dire plus, au regard du droit comme des principes, sur les circonstances qui entourent cette décision qui semble très dérogatoire aux principes de la loi de séparation de l’église et de l’Etat de 1905.
Examinons le “ pourquoi ”, d’abord : qu’est ce qui justifie cette décision ?
On ne va pas faire état de ce qui ressemble à un caprice du maire de Paris qui, en raison des ses origines tunisiennes souhaitait un outil de « dialogue interculturel ». On fera juste remarquer qu’il existe déjà un magnifique “ Institut du monde arabe ” à Paris, mais on me chipotera sans doute que “ arabe ” et “ musulman ” ce n’est pas la même chose. Admettons…
Non, le véritable argument avancé, notamment par Daniel Vaillant, est le manque de lieux de cultes qui soi-disant “ obligent les musulmans à prier dans la rue ”. Faisons rapidement un sort à cet argument fallacieux : il ne manque pas de place dans la plupart des lieux de prières musulmans sauf en de très rares endroits, et encore… A Paris seule la rue Myrha et les rues adjacentes sont concernées. Mais que l’on m’explique pourquoi la solution de plusieurs services, proposée par Mohammed Messaoui, président du CFCM et pratiquée par les évangélistes qui se sont aussi trouvés confrontés au problème de manque de place, a été refusée par ces musulmans ? Et comment expliquer la présence, lors de la prière, de musulmans venus de banlieue, parfois d’assez loin ?
Alors, venons-en au fond : pourquoi donc la collectivité publique devrait-elle fournir aux musulmans des “ lieux de culte décents ” au prétexte de les aligner sur les moyens dont disposent les chrétiens et particulièrement les catholiques ? Les premiers chrétiens priaient dans des catacombes, des cimetières, chez des particuliers qui avaient de grandes maisons, ou chez eux tout simplement. C’était un “ christianisme des caves ” et il a fallu des siècles pour bâtir ce patrimoine immobilier d’églises, de temples et de chapelles. Au nom de quoi l’islam qui débarque depuis si peu de temps en France devrait-il avoir nécessairement des beaux et grands lieux de culte comme les chrétiens qui ont un millénaire d’Histoire derrière eux ? Est-ce vraiment une raison suffisante de remettre en question une loi importante de la République ?
Voyons maintenant le “ comment ? ”
Revenons un peu sur cette loi de 1905 .
Art2 : “ La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ”. C’est clair, simple et limpide. Sauf que…
Sauf que la République prend généralement à sa charge l’entretien des bâtiments destinés au culte construits avant 1905. (C’est le cas pour les 87 cathédrales et en principe pour tous les autres lieux de culte, mais les communes peuvent en attribuer l’usage et l’entretien à des associations cultuelles).
Et sauf que…
Sauf que si le principe de laïcité consiste à séparer le temporel du religieux et impose une neutralité de la République en matière religieuse, elle comporte un autre volet : “ La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes ”. C’est évidemment là que des interprétations différentes sont possibles. Soit cet article 1e de la loi consiste seulement à ne mettre aucun obstacle matériel, légal ou réglementaire à la pratique religieuse autre que les nécessités de l’ordre public, soit cette obligation suppose que l’Etat doive aller plus loin, dépasser une liberté qui ne serait que formelle et la rendre réelle en fournissant ou facilitant l’acquisition des moyens matériels qui permettent l’exercice de ce culte et, notamment, des lieux de prière adaptés.
A l’évidence, c’est ici la deuxième orientation qui a été choisie. En effet le projet se présente ainsi :
Comme il n’a pas été possible de trouver dans ce quartier un emplacement unique assez grand pour le projet culturel et cultuel, il sera construit en deux bâtiments, l’un rue Stephenson pour remplacer la mosquée de la rue Myrha, l’autre à la place de la mosquée Polonceau actuelle, située à quelques centaines de mètres de l’autre. Le projet, sur le plan architectural présente d’ailleurs l’originalité que les deux bâtiments se répondent et adoptent un code visuel identique.
A gauche le projet Polonceau, à droite le projet Stephenson.
Ah, se dit-on, l’un sera le centre culturel, l’autre le centre “ cultuel ” (= la mosquée) !
Nenni, chacun des deux bâtiments comportera une partie “ culturelle ” et une salle de prières. Là se situe la magouille destinée à financer un lieu de culte.
En effet le projet est établi ainsi : l’ensemble coûtera 28 millions d’euros dont soi-disant 22 pour la culture et seulement 6 pour le culte. Si l’on avait décidé d’affecter un bâtiment au culte et l’autre à la culture on aurait tout de suite vu le déséquilibre et pu vérifier que la somme destinée au culte est beaucoup plus importante qu’annoncée. Mais là, en n’affectant pas chaque bâtiment à une destination unique, personne ne pourra vérifier une fois qu’ils auront été construits et aménagés, que ce qui est destiné au culte coûte réellement cinq fois moins que ce qui est destiné à la culture. Ni vu ni connu je t’embrouille….
D’ailleurs les surfaces prévues sont les suivantes 2000 m² pour la prière et 2500 m² à la culture ce qui mettrait le m² culturel à trois fois le prix du m² de la prière. Est-ce crédible ? Certainement à vérifier en tous cas.
Venons-en maintenant au financement lui-même.
Le montage financier est le suivant : la ville de Paris finance la totalité des 28 millions d’euros nécessaires à sa construction, mais revend la partie « mosquées » en VEFA (Vente en l’état futur d’achèvement) à une association cultuelle qui la paiera à l’aide d’un prêt dont on ne sait rien sinon qu’il proviendrait de fonds privés, mais dont le remboursement sera garanti par la ville de Paris (!). Avec ce léger détail que 2000 m² vendus six millions d’Euros, cela signifie que la Mairie de Paris a évalué la m² à 3000 € dans un quartier où le prix de l’immobilier varie entre 5000 et presque 8000 € le m². (Probablement aux environs de 7500 € à cet endroit.).
Sommes-nous dans le cas du financement d’un lieu de culte sur de l’argent public ? Stricto sensu, peut-être pas. Mais cela y ressemble fort tout de même…
En revanche on apprend incidemment que la collectivité va prendre en charge, le coût de fonctionnement de cet institut, la bagatelle de 0, 7 millions d’euros par an. Or la loi n’autorise comme prise en charge par la République, pour les lieux de culte, que les frais d’entretien des bâtiments et seulement pour ceux construits avant 1905. (A l’exception du régime concordataire de l’Alsace et de la Moselle). L’argent public peut en revanche, parfaitement financer des associations ordinaires, culturelles, sportives etc : on comprend alors comment des lieux mixtes (culte-culture) permettent de camoufler une subvention à une religion sous une subvention à la culture. Lorsque l’institut achètera des corans pour les distribuer à des fidèles, ce sera du culte ou de la culture ? Lorsqu’il organisera des « veillées du ramadan » comme le fait déjà l’ICM, ce sera du temporel ou du religieux ? D’ailleurs, compte tenu de la spécificité de l’islam, de l’imbrication du religieux dans tout, la distinction sera de la pure rhétorique…
Ce montage ne peut tromper personne… D’ailleurs, cherche-t-on réellement à le faire ? On ne s’en cache même pas… Depuis qu’on nous a expliqué en haut lieu que » l’instituteur ne remplacera jamais l’imam ou le curé », pourquoi se gênerait-on ?
Donc résumons, la République, bonne fille, fait visiblement une entorse à ses principes en faveur des ces pauvres musulmans empêchés de pratiquer leur culte par manque de place. Que peut-on en penser ?
- Mon athéisme personnel ne va pas jusqu’à souhaiter l’interdiction d’un culte ni prôner l’éradication (probablement impossible) des religions, ce n’est d’ailleurs pas dans l’esprit de la loi de 1905.
- Dans la continuité d’une tradition d’accueil de la République française (dont énormément de familles de Français actuels ont bénéficié dans le passé), on pourrait éventuellement être d’accord pour aider ces musulmans à se sentir bien au sein de la nation - même s’il faut pour cela un peu tricher avec les principes. Soyons “ pragmatiques ” et pas des idéologues laïcards bornés…
Sauf que…
- Qu’est-ce que les musulmans offrent à la République, à la société française en échange de cette bienveillance ? A-t-on entendu parler d’une “ contrepartie ” ? Je ne sais pas, moi, une fatwa contre le port du hijab par exemple ? Ou la renonciation aux exigences de menus halal dans les cantines ? L’acceptation sans réserve du principe de laïcité ? Non, rien de tout cela : donnez-nous des mosquées et allez vous faire voir… On continuera à voiler nos femmes, à circoncire nos garçons, à réclamer qu’on maintienne l’abattage rituel des animaux, à vouloir des dispenses de cours de gym et des horaire spéciaux pour les piscines, à nous marier entre nous et à exiger des médecins femmes pour examiner les nôtres… Donc, à part cesser ces prières dans la rue qui sont, de toutes façons, contraires à la loi, rien. Soyons plus précis : on finance des mosquées dans ce quartier mais a-t-on des garanties sur ce qu’on y dira, notamment lors des prêches ? Comment l’association cultuelle qui héritera des locaux a-t-elle été choisie ? Quelles précaution a-t-on prises pour qu’elle ne soit ni aujourd’hui ni demain aux mains de salafistes ? S’est-on seulement préoccupé de la question ?…
- Chaque fois que de l’argent public est dépensé, on est bien obligé de se poser la question des priorités et de la généralité des destinations. Surtout en période de restrictions budgétaires, des sommes dépensées ici ne pourront pas l’être ailleurs… Alors, est-il raisonnable que la ville de Paris se colle sur le dos 0,7 millions d’euros de charges annuelles supplémentaires supportées par les contribuables parisiens (qui ont vu leurs impôts augmenter de 9 % ) lorsqu’il manque tellement de places de crèches ? Ayons en tête que le coût de fonctionnement d’un crèche pour un enfant revient à 15 000 € par an, ce qui veut dire que cet Institut des Cultures de l’Islam va coûter chaque année, autant que 50 enfants en crèche…
On peut s’étonner et même se mettre en colère : on n’a pas d’argent pour payer des profs, des infirmières ou des policiers, mais on en a pour financer un Institut des cultures de l’islam ? – lesquelles “ cultures ”, d’ailleurs, ont encore à apporter la preuve qu’elles soient compatibles avec les valeurs de la si généreuse République, notamment en ce qui concerne le statut des femmes ?
Ces dernières seraient, d’ailleurs, en droit de s’indigner tout particulièrement que la ville de Paris finance ce qu’elles pourraient légitimement considérer comme un instrument de leur asservissement à la place de crèches qui, au contraire, libéreraient les mères en leur permettant de travailler … [Signalons, au passage que la Mairie de Paris n’a pas eu l’argent pour financer une maison des femmes à Paris, “ La cité des femmes ”…. ]
Il faut donc absolument s’opposer à ce projet qui constitue une violation manifeste de la lettre et de l’esprit de la loi de séparation des églises et de l’Etat. Signalons la constitution d’une association, l’Union de défense des citoyens et des contribuables ( UDCC) dont le but est de lutter contre les abus dans l’utilisation de l’argent public et qui s’est emparée de ce dossier.
Pour reprendre le mot de H. Pena-Ruiz, « La religion n’est pas un service public », arrêtons les délires et revenons sur terre…
Lectures :20389
C’est amusant de relire les commentaires de l’époque, et toujours utile de suivre une affaire de bout en bout. J’aimerais bien savoir où en est l’histoire des attentas de Karachi pour lesquels nous avons une belle page en signets, mais apparemment il n’y a pas de nouveau, ou alors on nous le cache soigneusement…
Un rappel de la loi de 1905
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Article 2 : La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’ Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrits aux dits budgets les dépenses relatives à des services d’aumôneries et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.
Ainsi, affirmer que « la République ne reconnaît aucun culte » est effectivement un principe républicain fort découlant directement de l’égalité en droits. La laïcité est donc contradictoire tant avec un culte d’Etat qu’avec la mise en œuvre d’un quelconque pluralisme.
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Toutes la magouilles de la laïcité ouverte ou de ceux qui nous traitent de laïcards passent obligatoirement pas la remise en cause de l’article 2
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Il n’y a donc pas plus de cultes respectables que de cultes reconnus
Il n’y a donc pas de racisme anti musulman