Le mondial de la baballe-au-pied démarre demain. Pendant un mois on va nous saoûler avec les exploits des mercenaires milliardaires à crampons poursuivant un ballon rond autour duquel notre bonne vieille Terre va se retrouver satellisée pour un mois. J’en profite pour vous proposer l’unique article qui m’a été refusé par Agoravox pour des raisons que je n’ai pas comprises.
Je reviens d’un séjour dans un minuscule hameau perdu dans les montagnes du Haut-Doubs, ceinturé d’alpages entourés de denses forêts de sapins : une merveille de dégradés de verts contrastés. Tintement envoûtant des clarines des douces vaches au pelage blanc et marron, brumes matinales nimbant les cimes des arbres d’un halo de fraîcheur, fraîcheur de l’air à l’intérieur des épais murs de pierre d’une vaste maison sans télé, sans radio ni ADSL…
Au moment des tirs au but, aucun bruit, aucun hurlement, aucune clameur dans le petit village à cinq ou six kilomètres de là. Même les tracteurs ne klaxonnaient pas : c’est dire. Juste le haut et verdoyant silence de la nuit jurassienne tintinnabulé de vaches brouteuses dont la défaite des Bleus n’a en rien affecté la qualité du lait. D’ailleurs, la victoire de la Squaddra Azzura, je ne l’ai apprise qu’à mon retour en ville et dans la civilisation médiatique. En ouvrant le journal et en regardant les couleurs, j’ai eu une pensée pour ce rédacteur d’Agoravox (qui n’abusait pas encore, à l’époque, de métonomies intericoniques), qui avait écrit un article intitulé Pourquoi les Bleus sont-ils Noirs ?. Je venais de m’apercevoir qu’en fait les Bleus étaient Blancs. Euh, je veux dire que les vrais Bleus étaient italiens, vu que les Bleus français avaient des maillots blancs. Tandis que les clarines des vaches blanches et ocre résonnaient encore dans ma tête, je me suis demandé pourquoi les Bleus Noirs étaient Blancs… Faut dire que j’ai jamais eu la télé. Même en noir et blanc.
Bon… Ouf ! la Coupe du Monde 2006 est enfin terminée. La pollution footballistique arrive à bout de souffle. Plus qu’à attendre la fin des métastases du coup de boule zidanesque – qui donne déjà lieu à des tacles racistes et des dérapages politiques – et on en aura fini pour un temps avec les commentateurs de ballon rond : hystériques journalistes sportifs évidemment, hommes politiques opportunistes de tous bords – et néanmoins lecteurs voraces de L’Equipe avant même de feuilleter Le Monde, je le sais bien – en veine de racolage électoraliste, mais aussi l’hallucinante cohorte d’écrivains, de cinéastes, de sociologues, d’artistes, de chanteurs, de philosophes qui ont filé la métaphore footeuse sur tous les tons et se sont obscènement répandus dans tous les média (pour moi, les média audio) pendant plus d’un mois.
Sensation d’écœurement, de nausée, de gueule de bois devant le spectacle de cette invraisemblable et pitoyable hystérie collective. Indigestion de ballon rond. Overdose de nationalisme footeux communiant aveuglément avec des mercenaires milliardaires transnationaux n’ayant aucun problème de régularisation du moment qu’ils tapent bien dans une baballe (immigration choisie ?). Accablement devant ce matraquage publicitaire indécent.
Ce vert-là n’a rien à voir avec le vert profond des forêts de sapins et le vert clair des pâturages du Haut-Doubs.
Lectures :7140
Tiens c’est marrant, j’étais moi aussi dans le Haut-Doubs ce weekend.
A part ça, je vois venir avec consternation cette f… coupe du monde dont je me tamponne comme de ma première chemise. J’avais été tout simplement ravi que la France soit privée d’organisation des JO (2012, c’est bien ça ?), nous épargnant par la même occasion une pénible couverture médiatique pendant des mois, des pubs à la gomme ad nauseam, et des emm… de circulation à n’en plus finir. Et bien content que ce soient les anglais qui s’y collent (avec ce que leur coûte la crise financière, ils doivent maintenant regretter d’avoir décroché les JO).
Pas de bol ! Y’aura du foot en France en 2016, une coupe de je sais plus quoi
J’ai rien contre le foot : c’est juste que ça m’intéresse pas. Et même si ça m’intéressait, ce serait de voir des matchs bien joués, du beau jeu, quoi… Pas je ne sais quelle fièvre plus cocardière que sportive, qui me fait penser aux jeux du cirque chez les Romains.
Ce coup-ci, je caresse l’espoir que les Bleus se fassent éliminer dans les plus brefs délais… mais on va bien nous bassiner ensuite avec les cyclards et le Tour de France juste après.
Le pire, c’est que tout ce battage parvient à en lasser plus d’un par avance. Parce qu’après tout, c’est quand même du sport de haut niveau, avec des joueurs dont on peut penser que ce sont les tous meilleurs. Plus on nous en rebat les oreilles, moins j’ai envie de faire partie de cette foule qui ne pense plus qu’à se planter devant la TV dans l’attente de pouvoir coqueriquer à la Victoire.
Heureusement, il y a des sports moins courus où les grandes rencontres ne déclenchent pas l’hystérie collective.
Attendons patiemment la fin de tout ce cirque, et profitons-en pour revisiter nos bibliothèques.
Oui, mais l’article a été écrit en 2006, lors de la dernière hyper-hystérie footballistique. Mais je vais souvent là-haut, j’adore ce coin. Au sujet de la baballe, lire cet excellent article de Fergus, Mémoires d’un gardien de but raté… Il va droit au buuuuuUUUUUUUUUUUUT !
Bouh, vous n’êtes que des grincheux. Je suis sûr qu’on verra de beaux matches. Bon, pas avec l’équipe de France, mais on s’en fout ! 😯
Ma fibre nationalo-footistique vibre… pour l’Uruguay. Qu’ils mettent vite la pâtée aux mercenaires de Domenech et qu’on n’en parle plus. Et pour la bonne bouche, un peu de Desproges : A mort le foot “Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j’entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu’ils existent, subissent à longueur d’antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur le gazon l’honneur minuscule d’être champions de la balle au pied. Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s’abaisser à jouer au football. Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l’esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de boeufs éteints. Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester sa libido en s’enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grand coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d’usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois ? Je vous hais, footballeurs. Vous ne m’avez fait vibrer qu’une fois : le jour où j’ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J’eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu’à la fin du tournoi. Mais Dieu n’a pas voulu. Ca ne m’a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu’on fasse et où qu’on se planque, on ne peut y échapper. Quand j’étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l’école ou dans la rue. On me disait : « Ah, la fille ! » ou bien : « Tiens, il est malade », tellement l’idée d’anormalité est solidement solidaire de la non-footabilité.… Lire la suite »
Sinon, samedi, il y a France-Afrique du Sud, mais en rugby! 😆
Le rugby, j’aime pas non plus. Sauf avec Eleanor !
Pfff.. 😆 Quelle misère !
N’est-ce pas ? Desproges était un vrai dieu du stade oral, fallait voir comment il descendait les ballons sur son temps de bouche, j’en ris goal encore. Voir aussi le site officiel anti-foute. Et cet autre site officiel tout aussi anti-foute. La secte fleurit même sur Wikipédia. N’oublions pas au passage les dialogues socratiques sur ce sujet. Et encore moins les courageuses femmes résistant à cette infâmie sphéroïde.
Paraîtrait même que l’univers a la forme d’un ballon de foot. Pas étonnant que les hommes qui y habitent se comportent pour la plupart comme des hooligans !
Hé, mais faut les donner à Ranta pour son catalogue des sites originaux! Le pauvre, personne ne lui donne plus rien pour l’enquête ….
Bon, c’est pas le foot en tant que sport qui est à mettre en cause mais le traitement médiatique. je me souviens que gosse des matchs à la télé on les comptait sur les doigt d’une mains, pas celle à Django mais presque? Depuis 20, 25 ans on est dans l’overdose.
J’essayerai de faire un article sur la contradiction que je vis avec ce sport : j’ai un DEF j’exerce, pendant des années j’ai été formateur au niveau de la ligue et des districts, je viens de quitter un club pro (au niveau de la préfo, donc jusqu’au 15 ans) et pourtant le football pro m’emmerde profondément…. et la coupe du monde, je regarderai qq matchs et comme d’hab je partirai avant la fin….
Allez, un peu de métaphysique sphéroïde : Eloge du mauvais geste d’Ollivier Pourriol. A lire après L’angoisse du gardien de but au moment du pénalty. C’est du culturel. J’ai pas lu le premier mais le deuxiième, oui. Bon bouquin. Pas écrit par un foutebaleure.
Salut Marsu
J’ai surtout l’impression que cette coupe du monde est partie pour faire un flop fabuleux malgré l’hystérie médiatique…
La France en crise a réalisé que les idoles black-blanc-beur étaient des anancéphales surpayés qui ne pensaient qu’au fric et aux putes, Raymond fait passer Guy Roux pour un gentleman-dandy, la passion artificielle s’efface devant les dures réalités…
De toutes façons c’est traditionnellement un mauvais moment à passer : quoi de plus chiant que la série Roland Garros- coupe du Monde – Tour de France
Heureusement avec le satellite j’ai le choix entre 300 chaînes …
Mais je plains les vrais amateurs de foot comme Ranta. La dégénerescence de ce milieu est-elle vraiment à l’image de celle de notre monde ?
il est facile de comprendre pourquoi cet article n’a pas été publié… extrait:
En ouvrant le journal et en regardant les couleurs, j’ai eu une pensée pour ce rédacteur d’Agoravox (qui n’abusait pas encore, à l’époque, de métonomies intericoniques)
interdit de critiquer le « rédacteur en chef ».
@ Lapa
Euh… Pas de conclusions abusives. La phrase entre parenthèses « qui n’abusait pas encore, à l’époque, de métonomies intericoniques », je l’ai rajoutée juste avant de publier cet article ici. J’aurais dû le préciser. A l’époque Popaul de chez Béa ne se prenait pas encore pour l’apôtre métonymique intericonique de l’école de Palo Alto. D’ailleurs, il la ridiculise complètement, cette école de Palo Alto. Quand on pense que ce guignol prétentieux se réclame de Watzlawick, on croit cauchemarder…
ah désolé alors 😀 les articles sur le sport en modération sont généralement mal notés niveau quorum, même si je pense que beaucoup ne lisent que le titre… c’est sans doute l’explication alors.
« Le foot est une porte de sortie merveilleuse pour les gens qui ont des souçis ». Jacques Vendroux sur France-Inter à 17h32 ce vendredi. Sans commentaire…
Je comprends ce que tu veux dire Marsu, je ressens la m^^eme chose chaque année pour le festival de Cannes.
Léon,
J’ai eu plus de chance lors de la parution de mon seul article sur les sports.
Cela s’appelait
Accepté en plus sur AV.
J’aime faire certains sports comme le vélo ou le jogging, la natation, mais jamais la compétition et toujours en « stand alone ».
Alors, regardez les autres en faire, c’est encore plus emm…
Quel est le but, de courir après une balle et quand on l’a de l’envoyer vers d’autres. 🙂
Quand j’ai quelque chose, je le garde…. hahaha
Désolé, j’ai adressé mon dernier commentaire à Léon.
C’est à vous l’honneur, Marsu. Je rectifie.