La véritable histoire de l’affaire Kerviel

Voici une petite parodie qui avait circulé sur le net suite à l’affaire Kerviel début 2008. Avec l’ouverture de son procès, je pense que ce texte mérite d’être rediffusé.

« Réunion extraordinaire des membres du directoire de la Société Générale

Bon, les gars, on déconne, on déconne, mais on s’éloigne des vrais problèmes. Qui veut un calva ? J’ai du 80 ans d’âge que je fais venir directement de la ferme. Une rareté.

– Qui a pris les cigares ? Jean-Eudes, faites pas le rat, renvoyez les havanes par ici.

– Messieurs ! Quand vous aurez fini de vous torcher, on en reviendra au sujet du jour. Où est Roger ?

– Aux toilettes, monsieur le président, il a du mal à digérer la purée de céleri.

– Bon, puisque notre directeur financier est malade, je vais moi-même rentrer dans le sujet.
Peuf… Peuf… (il allume un cigare). Messieurs, comme je le disais, l’heure est grave. Merci pour le calva, Pierre-Henri. Les calculs faits par ma stagiaire cette nuit montrent que nous avons perdu entre 5 et 9 milliards par la faute de ces gros ploucs d’amerloques.

– Font chier, ces yankees. On ne peut plus faire confiance à personne!

– Silence, Charles-Edouard ! Il est trop tard pour nous lancer dans une analyse de risques approfondie. La question du jour est : qui va porter le chapeau ?

Silence général. Tout le monde se regarde bizarrement.

– Non, ne vous inquiétez pas, on n’en est pas encore à foutre des cadres dirigeants à la porte. Le plan social, on le fera sur les guichetiers, faut pas que déconner. Non, mais sérieusement, faut trouver un cIampin à faire dégager rapido. De préférence, un qu’aucun d’entre nous ne connaît, histoire de dire qu’on n’était pas au courant.

– Oui, monsieur le président, mais qui ?

– Je sais pas moi, je suis pas là pout tout faire, non plus. Y’a personne que vous voulez virer ? Un trou de balle, un minus, mais avec une bonne gueule de psychopathe, qu’on pourrait montrer à la télé en disant « tout est de sa faute » ?

– Oui, comme les anciens hébreux chargeaient un bouc de leurs péchés avant de l’envoyer dans le désert…

– Charles-Hubert, vous nous les pétez menu avec vos histoires de cureton. C’est pas parce que vous avez passé 15 ans chez les jèzes qu’il faut la ramener à chaque codir. La dernière fois, c’était Saint-Paul à Damas pour illustrer le moment où Bernanke a compris qu’il était dans la merde, et la prochaine fois, vous nous faites quoi ? Sodome et Gomorrhe ? Le Déluge ? Allez, on y va, on me donne un nom.

– Mais, président, on ne les connaît pas, les noms des collaborateurs. On leur parle à peine, et encore, seulement pour les engueuIer.

– Bon, OK, je vois, c’est encore moi qui vais tout faire. Pierre-Matthieu, passez-moi votre portable. Le trombi de la boîte, il est où ?

– Ici, monsieur le président.

– Putain, ces tronches de tarés qu’ils ont ! Eh, aux RH, vous avez jamais pensé à donner des consignes, genre « éviter d’embauchés des demeurés » ? Bon, on va pas s’en sortir, je clique au hasard… Tiens, celui-là, Bernard Hurningh, vos en dites quoi ?

– Il est conseiller clientèle à Dole, monsieur, personne ne croira jamais qu’on a perdu 5 milliards à cause de lui.

– Même en magouiIIant avec la Suisse ?

– C’est plus ce que c’était, monsieur, la Suisse. Le secret bancaire n’est même plus garanti, ils seraient foutus de nous prouver qu’on raconte des craques.

– Mouais, va falloir taper dans le lourd. Celui-là, Marc Brice, à votre avis ?

– Directeur financier d’une sous-filiale  spécialisée dans le prêt agricole, monsieur. C’est la bourse qui craque, pas le marché du purin.

– Faites le malin, Jean-Edouard, foutez-vous de ma gueule. Bon, celui-là, il a une vraie tronche de vainqueur. C’est mon dernier mot, vous vous sortez les doigts du cuI et vous me le mouillez à mort. Jean-Guy, en tant qu’ancien membre du cabinet de l’Elysée sous Mitterrand, les barbouzeries, ça vous connaît, non ?

– Oui, on peut magouiller un peu le système informatique, histoire de faire croire qu’il nous a truandés. Faites voir le nom ?

– Kerviel, Jérôme Kerviel. Encore un de ces petits merdeux qui croient qu’ils vont devenir riches parce qu’ils passent des ordres de bourse toute la journée sur leur écran. On dirait des hamsters sous acides, ces branIeurs. Allez, celui-là paiera pour les autres.

– Mais, monsieur, 5 milliards sur le dos de ce trou de balle, personne n’y croira jamais !

– Je vous signale, mon petit Charles-Edouard, 80% des français se sont déplacés il y a un peu plus de six mois pour départager une dinde hystérique et un velléitaire complexé par sa taille, alors vous savez, le sens critique de ces gIandus… Bon, on y va. Plan média, bidonnage informatique, communiqué de presse, plan social en backup, je veux tout ça sur mon bureau demain matin. Et vous me supprimerez le coupon de cette année, ça fera les pieds à ces connards d’actionnaires. Quelqu’un reveut du champ’, on va se saouler la gueule pour fêter ça ? »

Lectures :7151
9 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments
Léon
Léon
9 juin 2010 7 h 51 min

C’est exactement ça : j’y étais….

ranta
ranta
9 juin 2010 8 h 48 min

C’est tous des menteurs : la preuve, un calva de 80 ans d’âge et en prime qui vient direct de la ferme !… Nous prennent vraiment pour des cons 😈

Emile Red
Emile Red
9 juin 2010 8 h 50 min

Je me suis toujours demandé, après qu’on nous ait dit et répété que Kerviel avait perdu 5 milliards, combien il avait fait gagné au long de sa carrière à cette reconnaissante banque au dessus de tout soupçon…

ranta
ranta
9 juin 2010 8 h 56 min
Reply to  Emile Red

J’ai un pote, plus qu’un pote un ami, qui était(je dis bien était) cambiste à Genève, ses revenus avoisinaient le million d’euros et même pas chef ! et même pas radin non plus, il a inondé de pognon sa commune. Il suffisait qu’un maçon vienne chez lui pour qu’il lui dise monte ta boite je vais t’aider à le faire et il le faisait.

Papy
Papy
9 juin 2010 10 h 22 min

Merci pour l’illustration 😉

ranta
ranta
9 juin 2010 10 h 51 min

On est dans un monde, pas seulement la banque mais l’ensemble, complètement délirant. En résumé ça me fait penser à ça : « tu tues un homme t’es un assassin, t’en tues des milliers t’es un conquérant ».

Fantomette
Membre
Fantomette
9 juin 2010 11 h 21 min

C’est drôle et en plus ça fait froid dans le dos… impression bizarre de n’être qu’un grain de sable.

Lapa
Administrateur
Lapa
9 juin 2010 11 h 57 min

autant en rigoler tant qu’on le peut encore!
merci Papy!

finael
finael
10 juin 2010 14 h 36 min

Caricature amusante … et peut-être pas aussi éloignée de la réalité que ça !

Ca me rappelle ma période de travail à la « grande bleue » (le siège de la S.G à la Défense) au niveau des mentalités.

Pour info et pour avoir travaillé à l’informatique de sociétés de bourse : Il est physiquement impossible à un trader quel qu’il soit de passer un ordre sans que cela soit fiché, que cela réponde à des critères qu’il est physiquement impossible d’outrepasser (informatique), contrôlé et avalisé, alors !