Nous avons tous été confrontés, un jour ou l’autre, à ces contrats rédigés dans un style sibyllin, avec des additifs à rallonge, écrits dans un langage incompréhensible et sous une taille de police dont seuls les juristes semblent disposer sur leur pupitre.
Lire un contrat à la loupe est déjà en soi déstabilisant ; alors que dire des contrats de notaires, de bailleurs immobiliers et des actes d’huissier… sinon qu’ils ont pour effet que de nous plonger dans un abîme de perplexité et d’angoisse, et de nous faire ployer sous la menace de leur glaive fatal.
Rien que le terme « exploit d’huissier » m’énerve au plus haut point. Le seul exploit que je connaisse de ces gens là est, plus souvent, de pourrir le sommeil des honnêtes gens.
L’opacité, c’est aussi la propension de certaines entreprises à faire croire qu’elles prospèrent dans les affaires, alors qu’elles ne font que communiquer sur elles-mêmes, en prospérant même parfois sur la naïveté humaine et au détriment des précaires.
Ainsi, nombreuses sont les entreprises qui laissent croire qu’elles recrutent, alors qu’elles ne font que mentir à leurs actionnaires et/ou, se constituer un vivier de candidatures à bon compte.
Parmi, ces nouveaux profiteurs, et dans l’ombre des grands groupes qui préfèrent les encarts de la presse ou les grands forums d’emploi, on trouve des organismes de formation, des entreprises de travail temporaire spécialisées dans les services à la personne, lesquelles profitent des moindres failles du système pour faire parler d’elles à peu de frais et « bouiner leur petite teurgoule » au mépris de la morale ordinaire.
Les entreprises publiques, elles, se font prier pour faire de la figuration sur les forums d’emploi. Et si elles n’ont souvent pas le choix de s’opposer à leurs tutelles, elles n’ont pas grand chose à offrir non plus.
Ainsi, à Paris, il existe cinq Maisons de l’Emploi et de l’Economie (MDEE), toutes financées par la Mairie de Paris, qui offrent gratuitement leurs espaces et leurs moyens en communication aux structures et aux entreprises qui se proposent de recruter, ici en contrat de professionnalisation, là pour des emplois d’auxiliaire de vie, de ménage ou de coups de main dits « du coeur ».
Or, ce qui transparaît, c’est que bon nombre de ces entreprises profitent des largesses des MDEE pour faire leur petit marché à bon compte, sans pour autant offrir de réels emplois derrière. Bien souvent, ces officines font miroiter des contrats en alternance, alors qu’elles n’ont pas l’once d’une entreprise partenaire, ce qui pourtant est formellement interdit par la Loi, mais très rarement réprimé.
Le but, faire déplacer un maximum de chercheurs d’emploi, quitte à tricher sur les pré-requis de l’annonce, qui parfois frise l’opacité. La prime est bien sûr donnée aux postulants naïfs, jeunes et battants, qui feront tout pour quérir et convaincre une entreprise à même de signer le fameux contrat de professionnalisation, lequel profite immédiatement à l’organisme de formation recruteur. Et tout cela, sans débourser le moindre centime pour recruter, puisque c’est la Mairie de Paris qui fait le job gratuitement.
Même punition pour ce secteur des services, tant vantés par jean Louis Borloo, et qui au demeurant, fait plus de vent que de recrutement. Nombreux sont les pigeons qui se plaignent de n’avoir reçu aucun coup de téléphone suite à ces journées de recrutement, et certains confient même que la société Tartempion n’avait en fait aucun poste à proposer ce jour-là.
A en croire ces malheureux pigeons, ces recruteurs véreux ne connaissent qu’une seule phrase : « on vous rappellera… ». Outre le fait que ce secteur des services à la personne est devenu une trappe à pauvreté, on fait déplacer des chômeurs en suscitant de l’espoir, alors que les embauches réelles se compteraient sur les doigts de la main.
Récemment, une de ces personnes confiait à un agent de Pôle emploi avoir perdu une après midi de tests pour s’entendre dire qu’elle était trop vieille pour convaincre un employeur de l’embaucher en contrat de professionnalisation. Nulle mention d’âge sur la communication officielle, et pour cause, cela frise la discrimination. Des recruteurs qui semblent pourtant prêts à toutes les vilénies pour parvenir à leurs fins.
Quel gâchis, quel temps perdu et surtout, quel mépris affiché par ces recruteurs-menteurs!
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Bonjour Yohan
Hélas, même s’il y a une réglementation, qui va se soucier de la faire appliquer puisque ça nuirait aux paradis officiels, aux edens modernes, aux nirvanas de l’économie: les entreprises, alpha et omega de la prospérité et du bonheur pour tous et accesssoirement chéries de not’président qui a besoin d’elles pour ses campagnes électorales et ses croisières-retraites mystiques…
Cependant et même toutefois, sans oser par ailleurs qui est controversé mais moins néanmoins que par contre, une phrase me trouble comme l’eau le pastis: « bouiner leur petite teurgoule » Qu’est-ce donc là ?
Mais à quelque chose mystère est bon: si on cherche sur Gogole « bouiner leur petite teurgoule », quelle est la première réponse ? Hum ? 😆
Bonjour Yohan et Philippe,
Philippe, comme vous je suis allée sur Gogole, et j’ai rien entravé. Ca veut dire quoi, peut-être se bourrer la gueule ou plutôt le portefeuille avec le fromage que l’on pique aux autres. Le corbeau et le renard quoi. Expliquez-moi svp.
Très bien vu Yohan.Prof dans le Professionnel, j’ai vu tourner pendant 30 ans les Charognards du Greta qui malgré les bonnes intentions du départ se transforma peu à peu en machine à justifier les salaires de ses membres.
Les stages de formation professionnelle se transformant en stage de formation aux stages. » D’adaptabilité aux stages »
J’ai ainsi enseigné les rudiments du Bled à des quadragénaires contraints de venir qui dormaient dans ma salle.Contraints par les recruteurs qui veillaient scrupuleusement à leur présence celle ci conditionnant leur salaire à eux.
Les petits accommodements de ce temps là les feraient passer aujourd’hui pour des Franciscains en comparaison avec les structures énormes mises en place pour pomper la finance détournée de son but: la formation professionnelle .
Un autre problème , rencontré par mon frère , hachtement qualifié en Bâtiment, les agences d’intérim lui reprochaient soit d’être trop vieux , soit pas assez ( Un gars entre 55 et 60 ans ) fait ce qu’il peut , il ne va pas trafiquer ses propres papiers !
À la fin , il a compris pourquoi. Un agence lui ayant demandé : » Vous ouvrez à quoi » ❓
Il a compris que certaines entreprises ne s’intéressaient pas du tout à sa qualification mais aux subventions auxquelles « il ouvrait » qu’elles se partageaient avec l’agence et pendant ce temps mon frère aurait fait un boulot de cadre espérant se faire embaucher définitivement, pour même pas un Smig payé par l’entreprise.
Pour ce mirage , il aurait risqué de perdre ses allocations chômage bien supérieures à son salaire .Mirage dans lequel il aurait accepté de plonger si on s’était donné la peine de lui mentir un peu mieux.
Bouiner est une expression normande qui veut dire « touiller », « traficoter » et la « teurgoule » est un dessert également normand. L’association des deux étant de mon cru : en gros « faire sa petite cuisine » 😆
Aaaaaaaaaahhh un point de linguistique éclairci !
Le tout de ton cru, voilà. 😉
la teurgoule,c’est un gâteau de riz qu’on laisse pratiquement se carameliser sur le coin du fourneau .
Bonjour Yohan, très belle photo. Bon les huissiers je vous les laisse
Là où c’est bien opaque aussi, c’est le secteur recherche d’emploi. Des entreprises privées récupèrent les chômeurs que pole emploi leur envoie, le grand débarras quoi! c’est carrèment l’arnaque, certaines de ces entreprises sont : accompagnement des chômeurs vers l’emploi, centre de formation ET fonds de placement côtée en bourse : tout ça avec l’argent de l’Etat.
Il y a quelques temps j’ai travaillé comme secrétaire en interim pour une entreprise de services à la personne : environ 300 femmes la plupart africaines, sont exploitées par cette boîte pour faire le ménage surtout chez des personnes âgées. En fait, ce ne sont pas des entreprises mais des associations « loi 1901 reconnue d’utilité publique », ce qui est un véritable scandale vu les prix qu’ils prennent aux petits vieux et les salaires pratiqués. Dans celle où j’ai travaillé (6 mois), le responsable était un patron d’entreprise du bâtiment.
Et puisque qu’on parle d’opacité, l’Opac est devenu Paris habitat-Oph (dommage l’ancien nom lui allait si bien)
😀
un p’tit poème normand
Amin, à fène forche
qué d’ marchi touot seu,
t’as les gaumbes qui lochent
et reide freid oû quoeu.
Guette doun vei, achteu,
te v’ la malhéreus.
Vyins dauns ma maisoun.
Espère ma caunchoun.
Marcel Delarun
Pfff… s’il faut pa
Pfff… s’il faut parler le normand, maintenant, pour lire Disons…
Sinon, j’ai connu aussi les petits arrangements avec la formation professionnelle. C’est qu’il y a beaucoup d’argent là-dedans, et qui est bien mal employé en général. Il y aurait un sérieux ménage à y faire…
Oui on ne sait plus qui gère quoi?
Afpa ; Greta + un rapport 2006
(en français le poème)
Ami, à force de t’épuiser
à marcher seul,
tu as les jambes qui tremblent
et très froid au coeur.
Regarde donc, maintenant,
tu es malheureux.
Viens dans ma maison.
Attends que vienne ma chanson.
Marcel Delarun
L’AFPA et les GRETA ne sont pas les pires représentants de la formation professionnelle, loin de là. La seule chose qui pouvait leur être reprochée était d’être trop souvent en position dominante par rapport à leurs concurrents. Je crains bien plus ceux qui sont en train d’écraser le marché en bradant les prix et considèrent leur public comme leurs formateurs comme des marchandises sans valeur