Il y a au sein d’une partie de la gauche, une imposture autour de la question du racisme.
Certaines de ces raisons peuvent relever d’une psychologie de déni ou de compensation assez simple. Par exemple lorsqu’on est un bon Français installé au Maroc pour sa retraite, on surjoue la proximité quasi-familiale (donc antiraciste) avec sa domestique locale pour se déculpabiliser de l’écart de niveau de vie et du tarif auquel on l’exploite. Ou lorsqu’on est un « souchien » marié à une africaine ou une maghrébine et qu’on se comporte avec elle comme un odieux tyran domestique, on doit redoubler de zèle, adopter des postures humanistes et proclamer à grand bruit des convictions de gauche, comme l’anti-racisme et l’anti-colonialisme, tellement dans la vie quotidienne cela pourrait ne pas sauter aux yeux…
Au-delà de ces histoires individuelles, les raisons principales sont idéologiques, sauf qu’ici elles prennent une configuration quasi-religieuse. Ces gens-là sont terrorisés à l’idée qu’ils pourraient ne pas être des anti-racistes irréprochables, le racisme étant considéré par eux comme l’attitude la plus honteuse, la plus immorale, la plus dégradante qui soit et, pour tout dire, la plus pècheresse. L’anti-racisme est alors la vertu suprême par laquelle on marque son «ouverture d’esprit » son « progressisme», son « humanisme » et surtout son appartenance à la gauche –mais aussi sa distance par rapport à la « droite », devenue une sorte d’allégorie du diable.
- D’abord ils vont essayer de nier des informations statistiques qui seraient défavorables aux « potes », avec des arguments du genre « on peut faire dire ce que l’on veut à une statistique », en critiquant la méthode ou, plus généralement, la source ( un grand classique, c’est le fameux point momo), ce qui permet de rejeter l’information sans l’examiner.
- Quand les preuves statistiques s’accumulent ( par exemple la surreprésentation des étrangers, plus spécifiquement des maghrébins et des africains parmi les détenus dans les prisons françaises ), et qu’ils ne peuvent plus nier les faits, ils tiennent alors le discours du déterminisme exogène.
On doit admettre que jusque dans les années 60, l’essentialisme, le déterminisme, l’atavisme, le destin et la fatalité définissaient le statut et le comportement dans une société de classe où chacun, chacune, était tenu de garder sa place. La société dans son ensemble, faisait peu de cas du déterminisme socio-économique. Toute lumière ayant sa part d’ombre, les intellectuels et leurs émules arrivées au pouvoir sont passés de l’absence d’analyse des causes sociales à un excès de leur prise en compte — avec comme conséquence un déni des réalités sociétales : ce sont les délinquants qui sont devenus des victimes…
À gauche on invoquera donc la pauvreté, le déterminisme socio-économique. Et au sein de cette gauche dont il est question ici, c’est la seule explication que l’on admettra.
Personne, absolument personne de raisonnable, ne peut nier la pertinence de ces facteurs. Et, tant qu’on se limite à ces explications-là, on est dans la norme de la gauche bien-pensante, avec toute les intenses vertus morales qui sont supposées y être associées.
C’est que plus personne, ou presque, ne pense le racisme pour ce qu’il est, à savoir le rejet de personnes au nom d’une supposée infériorité génétique, biologique du groupe auquel elles appartiennent. Dans la construction mentale de l’antiraciste compulsif d’aujourd’hui, c’est la culture qui remplace les gènes.
Pourquoi cet aveuglement ? parce qu’il faudrait reconnaître qu’il pourrait y avoir dans la culture de l’autre quelque chose de critiquable, ce qui, contrairement à ce qu’ils affirment, obligerait aussi à évaluer la sienne. Attitude qui va jusqu’à l’absurde, jusqu’à ne pas oser affirmer que l’excision est une monstruosité, y compris dans les pays où elle est une habitude, une norme culturelle… Jusqu’à refuser de caractériser un délinquant, sauf s’il est riche et blanc. (Je ne sais s’ils le font encore, mais les journaux de gauche s’interdisaient de publier dans la rubrique « faits divers » les noms des auteurs de délits lorsqu’ils étaient à consonance africaine ou nord-africaine « pour ne pas stigmatiser…. ».)
Trop de gens de gauche récitent des mantras dégoulinant de bons sentiments: tous les hommes sont bons surtout s’ils sont pauvres et exploités, les arrière-petits enfants des colonisateurs ont une dette envers les arrière-petits enfants des colonisés, toutes les cultures sont bonnes, surtout celles des autres… Ils font un tort considérable à la gauche qui en perd logiquement son ancrage populaire.
Un exemple : Marine Lepen propose d’interdire la double nationalité, interdiction qui est, d’ailleurs, plutôt la norme dans le monde, bien que minoritaire dans les pays développés. La gauche dont je parle va évidemment hurler. C’est un vieux débat. Pourtant, dans le contexte actuel français, Marine Lepen pourrait avoir raison. L’assimilation, celle qui intègre totalement quelqu’un dans une communauté nationale ne peut se faire sans une certaine violence vis à vis de sa culture d’origine. Et je soutiens que l’assimilation est le meilleur rempart contre le racisme.
Lectures :16037
« De mon point de vue la question morale et politique du racisme ne coïncide pas parfaitement avec celle de l’immigration. Ce qui nous conduit quand on évoque l’une à entendre les falsifications au sujet de l’autre. »
Furtif, je suis d’accord avec toi, c’est pour ça que je préfère parler de « xénophobie » que de « racisme », car le rejet envers les migrants se niche dans un rejet envers le différent, l’inconnu, l’autre, l’étranger, qu’il soit « rital », « polak » ou musulman, et pas seulement noir, blanc, jaune, juif ou arabe…
« Mais seule cette « gôche là » convoque le racisme pour masquer ses motivations réelles.Les autres qui s’en tamponnent laissent dire bien entendu puisque ça les sert. »
Tu veux dire que « gôche » et « medef », c’est bonnet blanc et blanc bonnet ?… Je ne pense pas que ce soit au départ pour les mêmes raisons : la gôche, c’est par habitude et paresse intellectuelle, la droite par intérêt de caste financière. Tu me dis, au final, cela revient au même…
Je te répondrai comme Wolinski : « moi, entre deux cons, je choisis le communiste »
Bonsoir tout le monde , me revoili… Excellente la boutade de Wolinski, je ne la connaissais pas !