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Couvrir 6 siècles d’histoire en évitant le gouffre d’une érudition étouffante et l’écueil des oublis est toujours une entreprise présomptueuse. Mais pour comprendre la Syrie d’aujourd’hui et se faire une idée de son avenir , on ne peut faire l’économie d’un minimum de connaissance de son passé
La Syrie Mameluk
Saladin, ancien émir kurde de l’armée zankide de Mossoul, devenu vizir puis maître de l’Egypte dès 1169, fait son entrée à Damas en 1176. Si le Caire demeure la capitale, Damas du fait de sa situation stratégique, constitue un bastion face à la menace croisée et son contrôle est essentiel. C’est de là qu’il lancera ses opérations vers Hattin et la prise de Jérusalem en 1187. Malgré les tensions, la ville de Damas est florissante au cours du XIIIe siècle, elle devient un centre intellectuel et commercial de première importance . La cour entretient la prospérité d’une foule d’artisans, elle veille aussi à la bonne circulation des caravanes et conserve à la ville son rôle de plaque tournante redistributrice de l’Asie vers l’Europe
L’Orient reste l’Orient même s’il s’éteint peu à peu .
L’œuvre de Saladin ne dure pas. Les divisions font rage au Caire et les nouveaux venus de la lointaine Asie se présentent face à des arabes divisés. Face aux Mongols Damas tombe en 1260 comme Leignitz en 1241 et Mohi la même année . Mais la victoire inespérée des Mamelouks à Bataille d’Aïn Djalout en septembre 1260 change la donne.
Les mamelouks ces esclaves blancs originaires du Kiptchak imposent leur loi depuis si longtemps. Ils commandent les armées, gouvernent les provinces et quand l’envie leur prend renversent le calife quand celui ci leur déplaît. À la fin du IXè siècle l’un d’entre eux est le véritable souverain de l’Égypte. Emportés par leurs succès contre Saint Louis qu’ils battent et capturent puis de leur victoire d’Aïn Djalout ils démettent les descendants de Saladin et instaurent leur propre dynastie. Bagdad est en feu , le calife décapité par les Mongols, rien ne s’oppose à ce que les maîtres du Caire installent un nouveau calife de la famille Abbasside au Caire sous leur contrôle.
Ils sont devenus les chefs des croyants.
Mais ils restent des Mameluks ces superbes guerriers professionnel hors de prix, frondeurs exigeants et ravagés par les querelles internes . La seule règle constante est la « Loi du Sabre »
La question des royaumes latins ( Croisés) est définitivement réglée en 1291, l’intermède Mongol aura retardé d’un siècle l’échéance.
Damas se relève et retrouve sa prospérité. Elle est la cité N°2 de l’empire Mameluk. Les artisans de Damas fabriquent des étoffes et des armes d’une qualité unique, de la vaisselle de verre émaillé et doré et des objets en cuivre incrustés d’or et d’argent, très prisés parmi les élites mameluks et… européennes. Se trouver au carrefour des routes EST<=> Ouest des caravanes et
Nord<=>Sud du pèlerinage à La Mecque l’expose à la Grande Peste du XIVè siècle.
La Syrie connaît un effondrement économique et démographique .
Mais le grand commerce méditerranéen se relève très vite les marchands italiens s’installent à Damas et alimentent les cours de l’Occident en produits damascènes
Mais l’Orient demeure et ses usages aussi.
Le mode de succession des mamelouks est des plus violents . Damas deuxième ville de l’Empire est un tremplin vers le Caire. On voit souvent ses chefs aspirer au poste de chef de la première ville . Les conflits sont fréquents , ce qui n’est très inopportun quand , vers les 1400, les troupes de Tamerlan viennent remplacer les Mongols.
Un garçon curieux ce Tamerlan un délicat ami des arts qui capture systématiquement les artisans des villes qu’il prend pour les envoyer à Samarkande conquiert et qui tue les autres habitants pour en faire des pyramides de cranes
Malgré les conséquences de l’invasion tatare, une fois encore la cité marchande se relève et se développe. La ville s’enrichit de nouveaux caravansérails et se pare de mosquées nouvelles. Si sa capacité de production a baissé en raison de la crise économique, de la déportation des ouvriers et des massacres, Damas conserve néanmoins des artisans de haut niveau.
Mais fatalitas ils doivent désormais faire face à une concurrence européenne de plus en plus vive. Les ateliers de Murano savent imiter égaler et surpasser les verreries syriennes.
En outre, Damas dans la seconde moitié du XVe siècle, perd une partie de son commerce au profit d’Alep qui, plus proche du marché ottoman, est en plein essor. Par ailleurs la déflagration Vasco de Gama 1496 fait très vite sentir ses effets. Le commerce d’extrême orient est capté par les Potugais pour sa part le plus fructueuse : le commerce des épices . La pression des Ottomans sur sa frontière nord, va conduire le sultanat Mamelouk à engager des troupes, toujours plus coûteuses, mettant ainsi en péril sa propre stabilité. . Le sultan Turc Selim 1er entre à Damas en octobre 1516 et écrase les dernières troupe Mamelouks sous les murailles du Caire en 1517.
Trois siècle plus tard Bonaparte les dédit aux pieds des Pyramides et en 1811 le Khédive Mehemet Ali les massacrera.
La Syrie Ottomane __ « La Sublime porte »
Après la Chute du Caire en 1517 la plus grande partie des pays arabes passe sous le contrôle des Turcs et cela pour 400 ans
La Syrie, connue chez les Arabes comme le pays du «Nord» (Cham), comprenait approximativement les États actuels de la Syrie, du Liban et de la
Jordanie, ainsi que la Palestine d’avant 1948. Sous les Ottomans, elle fut divisée en trois provinces administratives (eyālets): la province de Damas (Cham), qui comprenait toute la Palestine, la vallée de la Beqaa et le mont Liban, la province d’Alep et la province de Tripoli. En 1660, une quatrième province, celle de Sidon (Sayda), fut découpée dans celle de Damas.
Les premiers gouverneurs de Syrie , anciens dignitaires militaires recasés, s’adonnèrent avec bonheur à une politique de prestige par la construction de Mosquées , madrassas et autres édifices religieux dans les villes . Un mandat de 5 ans leur laissait le temps. Avec le déclin de la puissance ottomane ( échecs répétés en Europe ( Vienne et Kahlenberg) et le tarissement des tributs apportés traditionnellement par la guerre), Istambul manque d’argent . Pendant la seconde moitié du XVIIè siècle puis au XVIIIè , la fonction de gouverneur commença d’être mise en vente, et les titulaires changèrent fréquemment. Ce qui fait incontestablement penser à la vente des offices de la Couronne de France.
Mais en Syrie la situation florissante de l’économie , tout particulièrement pendant les deux premiers siècles de la domination ottomane, justifia la construction de plusieurs caravansérails
La vie économique
L’intégration de la Syrie au vaste ensemble de l’Empire ottoman et à son marché contribua à accélérer le rythme de l’activité commerciale dans le pays. Les marchands syriens, qui se livraient surtout au négoce de textiles, en profitèrent . Les soieries et les cotonnades d’Alep étaient fameuses dans tout cet empire et au-delà. L’acheminement de marchandises en transit prospéra également dans la mesure où Alep recevait des soieries de Perse pour les exporter vers l’Europe, notamment par le port d’Alexandrette. Les produits manufacturés sur place étaient destinés principalement à l’Anatolie mais aussi à d’autres pays voisins. Les marchands européens, comme les Anglais, les Français et les Hollandais, s’étaient surtout établis à Alep et à Tripoli au cours du XVIè siècle pour partager avec leurs prédécesseurs venus des cités-États italiennes le florissant commerce de la Syrie, tant local que régional ou lointain.
Les privilèges commerciaux ( capitulations) octroyés par les Ottomans aux nations européennes facilitaient leurs échanges commerciaux qui s’effectuaient sur place, en partie par voie de troc et en partie moyennant l’importation de monnaies d’argent. Les consuls européens étaient eux-mêmes marchands ou agents de compagnies commerciales comme la Compagnie anglaise du Levant (établie à Alep vers le début des années 1580) et la Chambre de commerce de Marseille (dont les consuls s’étaient installés à Alep pendant les années 1540).
Capitulations et Consuls http://www.cosmovisions.com/ChronoCapitulations.htm
N’allait pas s’établir dans le Levant qui voulait; spécialement en France, des précautions très minutieuses étaient prises; il fallait être autorisé par le gouvernement, fournir un cautionnement. Les colonies européennes étaient donc minutieusement choisies, peu nombreuses; en outre, elles étaient matériellement séparées de la population turque avec laquelle elles entretenaient les rapports strictement nécessaires pour le commerce. L’autorité des consuls avait pour but de faire régner l’ordre dans ces petites colonies, non de faire échec à l’autorité locale; les abus étaient rares. La situation a changé du tout au tout par la suite. Chaque pays a supprimé les anciennes restrictions et laissé ses nationaux s’établir librement en Turquie. Le nombre des étrangers y a donc singulièrement augmenté et ils se sont mêlés à la population.
Tout ce petit monde résidait surtout dans les caravansérails où il traitait ses affaires. On trouve encore, dans la région d’Alep, nombre de ces
édifices. Ils servaient de marchés où l’on négociait des marchandises de valeur, on passait commande et établissait des relations de tout ordre dont parfois l’espionnage.
L’activité économique de la Syrie était largement fondée sur les guildes (connues localement, à cette époque, dans les registres des tribunaux, sous le nom de tā’ifas — groupes).
Les guildes remplissaient des fonctions variées. Elles réglementaient et contrôlaient la production, les services et la distribution. Elles faisaient respecter une certaine division du travail, répartissaient les matières premières entre leurs membres, garantissaient la qualité des produits, fixaient les prix
et percevaient les impôts de leurs membres pour le compte du gouvernement. Comme les guildes européennes, les guildes syriennes avaient trois échelons hiérarchiques.
- Au sommet était le maître artisan autorisé à posséder un atelier à lui.
- Au-dessous venait le compagnon et
- tout en bas l’apprenti
L’ouverture d’un atelier semble avoir été une entreprise difficile, car le maître devait détenir une licence et l’équipement approprié à son métier. Comme en Europe les corporations, les Guildes ottomanes bien que plus souples étaient un frein à la modernisation et l’innovation.
Le gouvernement ne semble pas être intervenu dans les affaires intérieures des guildes sauf en de rares occasions.
Avec le renforcement du rôle des guildes dans l’économie urbaine de la Syrie, tout particulièrement aux XVIIè et XVIIIè siècles, certaines corporations s’opposèrent aux réglementations traditionnelles qui limitaient leur expansion.
Démographie, Diversité et Religion
Jusque aux années1800, la Syrie semble n’avoir enregistré aucun accroissement démographique significatif. La croissance de la seconde moitié du XVIè siècle a été compensée par le déclin du siècle suivant. Les séismes et les épidémies de peste prélevaient leur tribut tout comme le taux élevé de la mortalité infantile. L’espérance de vie était stable correspondant à la moyenne générale de l’occident autour de trente ou quarante ans . Ce qui n’a guère de sens on le sait, sauf pour les démographes.
La monogamie semble avoir été la règle dominante, comme corollaire ?peut-être ? de la brièveté de la vie. Selon les inventaires homologués qui fournissent des informations détaillées sur les héritiers et les biens des personnes décédées, les filles en bas âge étaient moins nombreuses que les garçons mais le rapport s’inversait au moment de l’adolescence.
Selon des estimations démographiques fragmentaires, le territoire de la Grande Syrie (c’est-à-dire tel qu’il était antérieurement à 1914) n’abritait pas plus de 2 millions d’habitants au temps de la conquête ottomane.
Quatre siècles plus tard, au début des «mandats» français et britanniques, selon les recensements les plus sérieux pour l’époque , la Syrie avait une population de quelque 3,5millions de personnes. Cette augmentation résultait surtout de l’introduction de la quarantaine destinée à combattre la peste et de l’amélioration progressive des conditions d’hygiène.
La diversité avait toujours été l’un des principaux caractères de la société syrienne depuis l’antiquité. Les minorités les plus anciennes étaient chrétiennes ou juives. Elles côtoyaient les groupes ethniques kurdes, turkmènes ou maghariba (immigrants venus du Maghreb) qui vivaient chacun dans son propre quartier en lui donnant son nom . Les communautés religieuses tendaient
à se rassembler autour de leurs rares lieux de culte (les minorités ne furent pas autorisées à en créer de nouveaux jusqu’au xixe siècle).
Les mariages restaient cantonnés à l’intérieur de ces mêmes communautés, ce qui contribuait à l’isolement de celles-ci.
Pourtant le bazar et sa mixité sociale effaçaient les clivages des ethnies et des minorités religieuses dans la mesure où leurs membres exerçaient la même profession et appartenaient aux mêmes guildes.
Par exemple, on trouve dans les registres des tribunaux, tant à Alep qu’à Damas, des délégués désignés par les membres musulmans et juifs les plus âgés de la guilde des droguistes . Les guildes des maçons et des tailleurs comprennent des chrétiens et des musulmans; quant à la guilde des boulangers, elle inclut des membres des trois communautés. Par contre, les
effectifs de la guilde des bouchers étaient entièrement musulmans et juifs en raison des préoccupations religieuses des deux communautés, soucieuses de procéder à l’abattage des animaux selon un rituel particulier.
La population rurale elle était victime de toutes sortes de prédateurs:
- les collecteurs d’impôts,
- les bénéficiaires de timar (concessions foncières octroyées par le gouvernement sur les terres domaniales en échange de services militaires),
- les créanciers urbains et
- la soldatesque dévastatrice.
La population rurale composée de paysans et de bédouins nomades était fière de son mode de vie et nourrissait le sentiment d’être injustement traitée par le reste de la société. En même temps, le besoin d’échanger ses produits rapprochait les citadins et les villageois malgré les difficultés de transport. Des marchés saisonniers ou hebdomadaires se tenaient dans les campagnes, où se mêlaient des commerçants urbains . Inversement les ruraux venaient à la ville lors de marchés spécialisés.
Un mouvement millénaire d’exode rural contribuait à la désertification des campagnes pour gonfler les faubourgs des villes.
En tant qu’éléments déplacés, souvent misérables, ils contribuaient à l’instabilité urbaine et étaient les jouets des aventuriers militaires ou des libres-penseurs religieux qui défiaient l’ordre établi.
Les titulaires d’un timar, soucieux de ne pas voir diminuer leur cheptel contribuable, faisaient pression sur les cadis( juges) pour que ceux-ci ordonnent aux paysans fugitifs de rentrer dans leur village. Pour ajouter au désespoir , ceux qui n’avaient pas fui étaient impatients de voir revenir les « déserteurs » pour que soit allégée leur part du fardeau des impôts collectifs. En gros les miséreux se dénonçaient entre eux.
Cette agitation sociale servait de support à une expression théorique (forcément religieuse) de la contestation.
Les oulémas des villes, comme le mufti (juriste) damascène hanafite cheik Abd al-Ghani al-Nabulsi , intervinrent en faveur des villageois fugitifs en rappelant que le prophète Mahomet lui-même avait émigré de La Mecque à Médine pour s’affranchir des persécutions de ses adversaires Mecquois. Quelques oulémas incitèrent même les paysans à résister et à tuer leurs oppresseurs. Guidés par le désespoir certains recoururent au banditisme en attaquant des convois et des dépôts de fournitures du gouvernement.
Les minorités religieuses installées sur les basses terres des campagnes vivaient habituellement dans des villages où la population était mélangée. Ailleurs, particulièrement dans les régions montagneuses, chaque communauté vivait isolée et résistait aux tentatives du gouvernement qui souhaitait les diriger de plus près. Tel était le cas des Druzes, des chiites et des chrétiens maronites du mont Liban. En temps de paix, leurs chefs étaient reconnus par le gouvernement qui en faisait des collecteurs d’impôts et des sous-gouverneurs de districts.
Les chrétiens
L’activité des missionnaires européens en Syrie, au cours des trois premiers siècles de la domination ottomane, se limitait essentiellement à celles des ordres catholiques. Le principal d’entre eux était celui des jésuites qui opéra sur place à partir du début du XVIIè siècle.C’est ainsi que les Chrétiens maronites basculèrent pour Rome en 1736 quand ils acceptèrent la suprématie du pape.
Une autre scission intervint en 1725 dans l’Église orthodoxe grecque quand certains de ses membres qui s’étaient convertis au catholicisme se séparèrent du patriarche « antiochien » de Damas, et choisirent un patriarche local arabe . Ainsi ils constituèrent une très curieuse communauté catholique grecque.
Hélas ou tant pis…ou tant mieux , ni les autorités de l’Église mère grecque ni les autorités ottomanes ne reconnurent la nouvelle communauté. Persécutés par les unes et par les autres, ses membres gagnèrent l’Égypte où ils se consacrèrent au commerce et à l’industrie puis, au XIXè siècle à la littérature, au journalisme et à l’administration.
Des schismes similaires se produisirent aussi dans les autres communautés chrétiennes orientales de Syrie. Aux catholiques s’ajoutèrent plus tard les protestants qui abandonnèrent à leur tour les Églises orientales au XIXè siècle.
L’enseignement public resta inexistant au cours des trois premiers siècles de la domination ottomane. Les écoles traditionnelles (madrassas) étaient généralement fondées à cette époque par des gouverneurs et des administrateurs portés sur la religion . Ils leur affectaient des waqf (dotations pieuses) pour assurer leur entretien. Ces madrassas enseignaient les sciences religieuses de l’islam. Les sujets religieux les plus pointus étaient eux traités par
des oulémas qualifiés dans les grandes mosquées.
Agitation et contestation
Quand les Ottomans conquirent la Syrie en 1516, le peuple, opprimé depuis longtemps par les mamelouks, ne leur manifesta ni son appui ni son opposition. Après avoir pris Le Caire et éliminé le sultanat mamelouk en 1517, le calme régna pendant tout le XVIè siècle tandis que l’administration était réorganisée, la législation ottomane introduite et l’essentiel des monuments architecturaux ottomans édifiés.
C’est à la fin du siècle qu’intervint une dévaluation de la monnaie d’argent ottomane: l’akçe, résultant d’un afflux d’or et d’argent en provenance des Amériques passant par Séville et l’intermédiaire des commerçants européens. À la vieille recette de diminuer la quantité d’argent pur par akçe s’ajouta alors une flambée générale des prix.
Un corps tout particulier se trouva frappé au premier chef , le premier corps des fonctionnaires d’état: les Janissaires.
Après avoir été la terreur des ennemis extérieurs et avoir conduit l’empire ottoman à l’apogée de sa puissance, les janissaires ce corps d’élite, devenu une non-valeur militaire et la pierre d’achoppement de toutes les réformes, finissent par être la terreur des sultans eux-mêmes et une perpétuelle menace de ruine pour le pays.
Leur histoire , sauf quelques brillants faits d’armes, n’est qu’une suite de révoltes, d’assassinats de vizirs, d’aghas et autres dignitaires. On renonce à compter leurs actes de brigandage, d’affreuses atrocités de toutes sortes, à tel point qu’ils avaient fini par être bien plus redoutables aux sultans et à la population paisible que l’ennemi extérieur. À la fin , en vrais prétoriens, ils s’arrogeaient le droit de détrôner leurs maîtres et de les faire périr.
Ce fut le sort de Bayézid II (1512), de Mourâd lII (1595), d’Osmân II (1622), d’Ibrahim Ier (1648), de Moustafa II (1774), de Selim III et de Moustafa IV (1808).
On subissait cette soldatesque aussi coûteuse que dangereuse . Les tentatives de la réformer avaient complètement échoué voire provoqué, au contraire, de sanglantes révolutions.
Le sultan Mahmoud II (1808-39) fut le premier qui réussit enfin à les exterminer .
Ces troupes salariées, atteintes par l’ amenuisement de leur solde fixe, commencèrent à lever des impôts supplémentaires sur la population pour la compléter. Quand le gouvernement inquiet d’une révolte toujours possible de ses janissaires tenta de contraindre les contribuables à payer, il y gagna un soulèvement populaire.
Une révolte de ce type se produisit en Syrie pendant la dernière décennie du XVIè siècle, bien que sous une forme moins aiguë que dans d’autres parties de l’Empire ottoman.
Quand certains chefs des janissaires de Damas eurent imposé des impôts supplémentaires aux paysans dans la région d’Alep, dans les années 1590, le gouvernement, pour calmer les esprits, en exécuta plusieurs, d’origine roumie (ottomane) ou kurde.
L’action gouvernementale contre le haut commandement janissaire se poursuivit de façon sporadique jusque vers les années 1650. Les vides creusés dans les rangs des janissaires de Damas furent alors comblés par des contingents locaux. Ce processus connut son apogée en 1660 quand ces derniers, principalement des marchands céréaliers de Damas, se substituèrent au corps des janissaires de la ville, qui prit alors le nom de yerliyya, c’est-à-dire janissaires locaux. Le sultan envoya aussitôt, d’Istanbul à Damas, des troupes fraîches de janissaires impériaux . Les deux corps s’affrontèrent constamment par la suite jusqu’à ce que les formations de janissaires fussent dissoutes, dans tout l’empire, en 1826.
À Alep, la population locale ne fut pas capable de dominer le corps des janissaires, mais il y avait sur place une autre source de pouvoir, celle du clan arabe Achrāf (les descendants du prophète Mahomet) qui demeura en conflit avec les janissaires jusqu’en 1826.
Parallèlement aux conflits entre les corps de soldats, la Syrie connut des révoltes menées par des chefs locaux, comme celle d’Ali Pacha Janbulat à Alep, en 1605–1607 . Cultivant une tradition arabe bien connue ces conflits ne pouvaient aboutir en raison de rivalités permanentes entre factions __ l’héritage des anciennes tribus arabes.
On pouvait même constater des dissensions entre Druzes du Mont Hauran et Druzes du Mont Liban
Lorsque l’Empire ottoman dut faire face à de grandes épreuves extérieures, au XVIIIè siècle, le besoin d’affirmation de la population locale grandit à l’intérieur de la Syrie. Une famille d’origine locale, celle des Ażm, elle affirma son importance et assuma par intermittence le gouvernorat de Damas et d’autres provinces syriennes pendant plus de soixante ans, au XVIIIè siècle.
Les autorités ottomanes toléraient cet état de choses tout spécialement parce que les gouverneurs Ażm veillaient à la sécurité du pèlerinage de La Mecque (Hadjdj) au départ de Damas, événement annuel important pour l’Empire ottoman car des dizaines de milliers de pèlerins y participaient, en provenance de toutes les provinces du Nord. Dans d’autres cas, le pouvoir ottoman étaient tout bonnement incapable, pas de taille à relever les défis à son autorité.
Ainsi les tribus de Bédouins Anaza qui remontaient de la péninsule Arabique vers le désert de Syrie s’assurèrent-ils sans opposition des droits sur la route commerciale qui reliait Damas à Bagdad au XVIIIè siècle. De même, à la faveur des luttes entre les janissaires yerliyya et les janissaires impériaux , les membres des guildes de Damas s’armèrent pour se protéger. La jeunesse urbaine en fit autant
Les critiques du gouvernement ottoman et des pratiques ottomanes vinrent des oulémas qui représentaient l’élite intellectuelle de l’époque. Ils s’opposaient à la rapacité de son administration , entre autres à la perception de droits par les tribunaux de la charia en cas de transactions telles que les contrats de mariage.
La domination ottomane sur la Syrie rencontra ses premières difficultés sérieuses avec le lancement de l’expédition de Napoléon en Égypte, en 1798–1799. Le succès des Ottomans à Saint-Jean-d’Acre en 1799 bloquant les forces françaises dans leur remontée vers le Nord ne fut rendu possible que grâce au soutien de l’Angleterre.
Dès lors, l’intervention politique et économique des puissances européennes ne cessa de croître jusqu’au moment où fut imposée une domination coloniale pleine et entière sur la Syrie en vertu des «mandats» de 1920. L’année 1799 marque donc la fin de la période purement ottomane de l’histoire syrienne et le début du passage à l’ombre du colonialisme. L’Orient voit son crépuscule s’aggraver.
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On peut consulter
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L’Histoire, avant Furtif, c’était chiant.
Maintenant c’est bien plus sympa !
Heu, je comprends pas là :
« Les mamelouks ces esclaves blancs originaires du Kiptchak imposent leur loi depuis si longtemps. Ils commandent les armées, gouvernent les provinces et quand l’envie leur prend renversent le calife quand celui ci leur déplaît. «
Comment des esclaves imposent leur loi, renversent le calife, et ont des postes de commandements ?
C’est curieux mais c’est ainsi.
Un islamien ne peut porter les armes contre un autre islamien.
Aussi un corps d’esclaves très coûteux et très compétent est-il formé par la dynasties Abbasides puis par les autres…
Et roule ma poule….Ils se mettront à leur compte.
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Les Ottomans feront la même chose avec les Janissaires….
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Notre jeu concours
Une question quelle est la différence capitale entre Mamelouks et Janissaires au plan militaire?
Le sujet n’était ni l’empire Mamelouk ni l’empire Ottoman et ….pas les causes mondiales de leur affrontement.
C’était la Syrie , rien que la Syrie.
Alors en savoir un peu plus sur ce qui n’a pas été traité mais qui répond à Ranta en une page pas trop longue peut expliquer ce qui reste obscur.