Les Grandes Jorasses
En 1928 commence la véritable conquête de la face nord des Grandes Jorasses et elle se soldera en 1935 par une « demi-victoire » : la paroi a comme particularité d’être aussi large à sa base qu’en son sommet, émaillée de plusieurs cimes et celle gravie en 1935, l’éperon Croz , n’est pas la plus haute. Dans l’esprit de beaucoup, tout reste à faire. Ligne frontière entre la France et l’Italie, comme l’est le Cervin entre l’Italie et la Suisse, les grandes Jorasses présentent une formidable barrière de rochers et de glace de plus de deux kilomètres. La prestigieuse pointe Walker, haute de 4208 mètres, domine le glacier de Leschaux de ses 1200 mètres d’à -pic. Puis, de gauche à droite, la pointe Croz à 4108 mètres, et les pointes Héléna, Margarita et Young sont les différents sommets secondaires. Les plus remarquables sommets sont l’éperon Walker, l’éperon Croz et l’éperon Margarita. Ainsi, le versant Français n’offre aucune défaillance, c’est un jet continu d’éperons successifs et verticaux.
L’histoire de la conquête de cette paroi est liée à l’évolution marquante de l’alpinisme, Ricardo Cassin l’illustrera à l’éperon Walker plus que quiconque, dans cette période. Jusqu’à la fin des années 1920, on note des reconnaissances peu poussées s’expliquant par la curiosité que confère cette paroi et, malgré tout, l’attirance que ne manque pas de susciter une grande face encore vierge parmi l’élite alpine de l’époque.
A partir de 1928 des assauts, de plus en plus agressifs, vont se succéder. Tout d’abord isolés, ils vont rapidement prendre l’aspect d’un véritable siège. Entre 1928 et 1934, Armand Charlet, considéré comme l’un des meilleurs alpinistes Français du moment, fait cinq tentatives. Ses échecs font hésiter, puis reculer bien des postulants à cette première. Il est à noter que dès le début Charlets’attaque à l’itinéraire le plus direct : l’éperon Walker, mais il n’a jamais rencontré autant de difficultés accumulées sur une aussi grande longueur. En Juillet 1931 deux bavarois, Heckmair – le futur vainqueur de l’Eiger – accompagné de Kröner se lancent dans le grand couloir entre la pointe Walker et l’éperon Croz. Mais ce couloir draine les déjections des chutes de pierres de la partie centrale de la face, et ils ne s’élèvent guère plus de cent mètres au dessus de la rimaye. Le 08 Août de la même année, Bhehm et Rittler, eux aussi Munichois, payent de leur vie une tentative dans ce même couloir. Cet accident fera renoncer Heckmair et Kröner lors d’un second essai, quand ils découvriront les corps de leurs deux compatriotes au bas du couloir.
Entre 1932 et 1935 défilent alors les meilleurs alpinistes du moment. C’est une véritable compétition internationale qui débute, et on est certain maintenant que le point « faible » de la face est l’éperon Croz. Mais ce sont, en 1933, les Italiens Gervasutti et Zanetti qui les premiers parviendront réellement à s ‘élever au dessus de la base de l’éperon, malheureusement stoppés à 3500 mètres par l’orage.
L’année suivante semble être la bonne. Il y a foule cette année là, les conditions climatiques étant réunies. Ces fameuses conditions si rares dans cette paroi orientée nord. Le 3 juillet, pas moins de quatre cordées de deux alpinistes sont engagées dans la face, toutes en compétition : une Allemande, une Autrichienne, une Italienne et une Française. Les Bavarois Peters -le futur vainqueur- et Haringer sont déjà hauts lorsque s’élancent la cordée Gervasutti/Chabot. Deux Autrichiens sont là aussi sans grand espoir, puis la cordée Charlet/Bellin arrive et dépasse tous le monde, passant juste à côté du bivouac des Allemands endormis. Peters se réveille en sursaut, reconnait Charlet et hâte son compagnon à la poursuite du Français. Ce dernier semble stoppé et renonce. Gervasutti à son tour redescend.
Seuls les Allemands s’obstinent grâce à une judicieuse répartitions des taches: Haringer reste en chaussures pour les passages où le rocher et sec et Peters en crampons pour les pentes de glaces et les rochers verglacées. En haut d’une pente verglacée très redressée Peters laisse la tête à Haringer, c’est le passage qui a rebuté Charlet. S’obstinant, Haringer force le passage. Désormais, ayant forcé le passage-clé ils savent le sommet à leur portée. Après un second bivouac la tempête s’invite, ils attendent longtemps avant de comprendre que le salut est dans la fuite. Sous la neige les rappels s’enchaînent toute la journée, à la nuit ils sont épuisés et transis de froid. En bas d’un ultime rappel, Haringer lâche la corde pour rechercher un emplacement de bivouac… Sous la neige, la glace ! Sans crampons il glisse et tombe. Peters reste seul dans la paroi,son compagnon est mort; désemparé il est sauvé par une cordée de secours dirigée par…. Franz Schmid lui même… le vainqueur du Cervin!
Mais il sait que le sommet lui appartient, et l’année suivante il revient et attaque à nouveau en compagnie de Martin Maier. Comme de juste, la paroi est encombrée de deux autres cordées, les français Frendo et Chaix et les genevois Greloz et Roch. Roch, l’épaule démise doit renoncer et redescendre. Les Français et les Suisses laissent la victoire à Peters. Ce dernier reconnait les passages, retrouve ses pitons et dans la journée est au sommet. Personne ne le sait encore, et plus bas deux autres cordées, dont Gervasutti, attaquent ensemble l’éperon. Le lendemain, tous les quatre sont au sommet. Au cours de la descente, versant Italien, des traces dans la neige, et là ils comprennent : la première leur a été soufflée par Peters et Maier ! La face nord est vaincue mais pas son plus haut sommet; les choses n’en resteront pas là.
La Walker.
Fin juillet 1938, un certain Riccardo Cassin, Italien de Lecco, arrive à Grindelwald, bien décidé à faire son affaire de la face nord de l’Eiger , il s’est entraîné toute l’année pour, le Duce revendiquant sa part de gloire lui aussi. Il parvient dans la station pour apprendre que la face nord est déjà de l’histoire ancienne, qu’elle vient d’être réalisée [ Article prochain]. Dépité il rentre à Lecco. Un ami lui rappelle qu’il reste les grandes Jorasses, que la Walker est encore vierge.
Les Grandes Jorasses sont complexes; en gravissant l’éperon Croz les alpinistes ont gagné le droit d’accéder au « deuxième monde ». Un « deuxième monde »comme dans un jeu vidéo et aux Jorasses le » deuxième monde » c’est la Walker. Et pour se sortir des pièges de ce deuxième monde il faut un candidat hors normes. Ce candidat c’est Riccardo Cassin. Des alpes occidentales Cassin ne connait rien, son terrain de jeu ce sont les alpes orientales : les Dolomites.
Les dolomites… Nom magique, des falaises de calcaires d’une hauteur et d’une difficulté inconnue ailleurs à cette époque, des voies que seuls les meilleurs peuvent réaliser. Et Cassin, se dirigeant vers les Grandes Jorasses, emporte avec lui une nouvelle technique. Une technique mise au point dans son terrain de jeu et à laquelle il va donner ses lettres de noblesses, l’antithèse du libre. Mais qu’on ne s’y trompe pas, Cassin est exceptionnellement fort aussi en libre c’est juste que dans les Dolomites si on veut passer il a fallu développer cette nouvelle technique. Et l’histoire qui suit frise le cocasse. Cassin ne connait pas le massif du Mont Blanc, et des grandes Jorasses il ne possède qu’une carte postale. Le 30 juillet il est à Courmayeur, se fait indiquer le col du géant et monte au refuge Torino. Il laisse dernière lui une sensation d’incrédulité lorsqu’il demande aux gardiens, d’abord du Torino puis du refuge du requin, le chemin, avec sa carte postale, de la face nord des grandes Jorasses. Arrivé au pied, Cassin, accompagné de Tizzoni, cache son matériel sous un bloc et remonte au Torino accueillir Esposito.
Le 1er Août, le français Pierre Allain franchi la rimaye avec Leininger. Il revient après une tentative avortée la saison précédente, avortée pour cause de glace dans la paroi, de rocher insuffisement sec. Pierre Allain c’est l’amateur star du moment, c’est « L’alpiniste d’exception, considéré comme le plus talentueux de son époque » c’est « la pure lumière ». Mais au dessus des premières dalles, ils sont stoppés par le verglas.
Le 04 Août Cassin Tizzoni et Esposito arrivent au pied de la paroi . Sans doute que Cassin aura dû utiliser sa carte postale pour repérer l’éperon Walker. Au pied de la rimaye il jauge le défi, examinant calmement cette face qu’il voit pour la première fois. Son regard balaie de haut en bas les 1200 mètres de rocher et de glace qui attendent son vainqueur. Et lui ne va pas s’embarrasser de détails et considération éthiques, un étrier par ici, un piton par là. Son expérience du mauvais temps dans le Badile, son sens de l’itinéraire, sa maîtrise des parois perpétuellement déversantes des Dolomites lui ont donné une aisance dans tous les terrains. Après seulement deux bivouacs, un temps étonnement rapide, la cordée sort au sommet de la pointe Walker le 06 Août 1938 à 15heures sous la tempête, comme il se doit pour une vraie première et une montagne d’exception.
Lorsque les Dolomitards viennent se promener dans les Alpes occidentales pour une première, il n’y a qu’une chose à faire : s’écarter.
Furtive qui ne les avait jamais vues a été très enchantée l’été dernier de voir les grandes Jorasses.
Il a fallu qu’exceptionnellement la pluie gâche les heures passées sur l’aiguille du midi .
Vain Dieu c’est pas donné j’aurais dû me trouver une poire pour nous le faire offrir.
Quoi ? Quoi pique assiette?
Ca coûte combien maintenant pour monter à l’aiguille Furtif ?
60/80 euros ?
Maintenant quand je vais là-bas,- dans la famille- j’emmène mes deux gars en face dans les aiguilles rouges.
Pour trois raisons :
– on est vite aux pieds.
– Ce n’est pas compliqué pour eux qui ne grimpent presque pas.
– et ça le reste juste assez pour moi qui en voudrait mais qui n’en peut.
Si je me souviens bien c’est plus de 80Euros avec inclus la montée à la mer de glace.
Tarif groupé obligé.