Sans entrer dans le détail de cette question, plus complexe qu’il n’y paraît [1], on peut relever une bizarrerie.
In fine, ce qu’ils craignent évidemment, c’est que les Etats soient à ce point endettés que leur croissance ne puisse permettre le remboursement des créanciers. On parle ici de ce que l’on appelle la dette souveraine, c’est-à-dire de celle des administrations publiques, des obligations émises par elles sous forme de bons du trésor. Ceux-ci représentent un masse financière colossale dans le monde, de très loin la plus importante, aussi un défaut de paiement généralisé serait autrement plus grave que la faillite, même de très grandes banques.
Donc, déjà, le montant ou la proportion de la dette par rapport au PIB doit être mis en rapport avec les perspectives de croissance. Mais celles-ci comportent une bonne part d’indétermination et si les économistes s’appuient sur un certain nombre de données statistiques, ne nous leurrons pas, ils travaillent aussi beaucoup au doigt mouillé… Mais cela explique, par exemple que les 63 % de la dette du Portugal inquiètent plus que les 79 % de la dette allemande : les perspectives ou anticipations de croissance de l’Allemagne étant sans commune mesure avec celle du Portugal.
Ensuite, une analyse un peu rigoureuse de la dette devrait s’attacher à l’endettement net et non brut. Autrement dit, non pas à ce que je dois, mais à la différence entre ce que je dois et ce que l’on me doit avec que je possède. Car les administrations publiques, si elles sont endettées, détiennent à leur tour et dans des proportions variables des actifs négociables ( par exemple des actions d’entreprises privées ou publiques où l’Etat est actionnaire), des créances, mais également des actifs physiques, comme des terrains ou des bâtiments. Toutefois, on évite en général de faire rentrer dans le calcul de l’endettement net autre chose que les éléments financiers.
L’endettement net, ainsi recalculé, a une toute autre allure. Pour la France par exemple, la dette (au sens de Maastricht) était, en 2006, de 63,6 % du PIB. Si l’on soustrait à cette dette, les actifs financiers, on obtient la dette financière nette qui n’est plus que d’environ 40 % du PIB. (Et si l’on calcule le patrimoine public, en intégrant l’ensemble des actifs physiques, le solde est positif, d’environ 38 % du PIB, mais, encore une fois, la valeur de revente de ces actifs non financiers est très sujette à caution et, en principe les marchés les ignorent (à combien évaluer le château de Versailles ? Peut-on vraiment compter sur la vente de ce bien immobilier pour honorer des bons du Trésor arrivés à échéance ?).
Il y a à cela trois raisons.
- La quasi-totalité de la dette japonaise est détenue par les japonais eux-mêmes: les ménages japonais pour 96% et des institutionnels tout aussi japonais pour le reste.
- L’Etat japonais, contrairement à ceux de la zone euro n’a pas abandonné sa souveraineté monétaire et la banque centrale japonaise dispose de l’atout de pouvoir, éventuellement, rembourser son peuple de créanciers en faisant marcher l’improprement nommée « planche à billets ». Compte tenu des effets inflationnistes possibles, sinon probables d’une telle mesure, des risques que cela ferait peser sur les exportations et donc sur les taux de change du yen, cette solution est catégoriquement écartée. Pour l’instant.
- Le Japon a un taux de prélèvements obligatoires faible, 27 %, ce qui lui laisse de la marge pour recueillir les sommes dont il aurait besoin pour payer sa dette. Mais on remarquera que cela reviendrait à un jeu à sommes nulles : le contribuable japonais devrait mettre la main à la poche pour se faire rembourser de ce qu’il aura prêté à l’Etat…
Bonjour,
Beaucoup de choses à dire sur cette dette japonaise qui vient elle-aussi d’être dégradée ….
En complément un intéréssant article des Echos
Oui, c’est un article qui est intéressant et qui complète bien. Mais à mon avis il comporte une inexactitude : la hausse des impôts, compte tenu de la faiblesse du taux moyen d’imposition est encore possible.
Très intéressant.
Je viens de lire: La France doit-elle suivre l’exemple grec en privatisant ?
Pour le député UMP Patrick Devedjian, l’Etat pourrait dégager de 15 à 20 milliards d’euros en cédant une partie des titres qu’il détient dans les grandes entreprises françaises.
Balancer le bien public pour (parce que c’est bien de cela qu’il s’agit) pour faire plaisir aux financiers ?
On a déjà vu ce que cela donnait : multiplication des prix, délabrement des structures,…) allez demander ce qu’ils en pensent en Angleterre à propos de leur réseau ferroviaire, aux Californiens qui ont vu le prix de l’électricité multiplié par 5 …
C’est exactement la position des « néo-libéraux » et les résultats sont désastreux pour les pays qui suivent leur politique (Relisez Stiglitz)
Si je suis globalement d’accord, je pense que votre troisième point sur le taux de prélèvement n’est pas pertinent :
L’Espagne a pratiquement le même … et on voit où elle en est (même s’il est probable que ce taux soit relevé très prochainement). Les pays d’Europe du Nord, qui connaissent un taux de prélèvements obligatoires qui vont jusqu’à plus du double se portent très bien … merci pour eux.
Par contre il y a un autre facteur très important : l’économie REELLE du pays qui va avoir bien du mal à se remettre du tremblement de terre et du tsunami géants du début de l’année.
Je regrette que sous l’effet de l’intoxication médiatique tout le monde se met à confondre l’économie (que je suis obligé d’appeler « réelle » ici) avec la finance.
Voici ici, de quoi trouver 52 milliards d’euro
Excellent Finael! Comme il y a près de 500 niches fiscales, du coup il y en a trop pour qu’on les connaisse toutes et cet article est utile.
Finael, le taux de prélèvements en Espagne a presque 10 points de plus qu’au Japon. Seuls les USA ont un taux aussi faible. Cette possibilité d’augmenter les impôts constitue une garantie éventuelle de remboursement de la dette publique.
D’accord avec vous en revanche pour pointer les problèmes très sérieux que le Japon a devant lui. La démographie, le coût des reconstructions etc
C’est vrai, mais la Suisse aussi 😉 il faut ajouter que les prélèvements obligatoires en Espagne ont doublé en 30 ans.
Quant à l’état de l’économie japonaise un point de vue ici
La référence aux prélèvements obligatoires n’a d’intérêt que si on la compare à l’évolution des dépenses publiques
En France Les dépenses publiques sont passées de 44% du PIB à 56 % entre 1978 et 2009
A l’inverse les pays qui aujourd’hui n’ont pas de problème on fait des efforts considérables pour les réduire : la Suéde est passée de 72,4 % à 53,8 % entre 1993 et 2008; dans le même temps l’Allemagne passait de 49,3% à 44,3%.
C’est beaucoup plus compliqué que cet ébauche d’article sur Wikipédia ne peut le suggérer.
Déjà, au seul vu des quelques chiffres que vous donnez on voit que la Suède est arrivée à peu près au même niveau que la France.
Mais surtout il faut considérer en quoi consistent ces dépenses la documentation française propose une vision nettement plus nuancée.
Cela n’a rien de compliqué : Il n’y a pas d’autre choix que de réduire la dépense publique …
Quand à la Suède, elle a réduit ses dépenses publique de 25% les ramenant à 3 points de PIB sous celles de la France
Et la réduction portera inévitablement aussi sur les dépenses sociales qui ont explosé depuis 30 ans : la prime aux loquedus 😆
Bien sûr qu’il y a d’autres choix, l’idéologie du TINA (There Is No Alternative) est un des chevaux de bataille des néo-libéraux … et je vois que c’est aussi la vôtre.
Diminuer les dépenses sociales c’est diminuer le pouvoir d’achat des « loquedus’ comme vous dites … et donc diminuer la consommation donc ralentir l’économie réelle augmenter le chômage, … c’est ce qui est en train de se passer aux USA et aussi en Europe.
Dans cet article vous verrez comment la diminution de ces dépenses entraîne une diminution de la croissance économique, et ce depuis fort longtemps.
Mais je constate que vous ne serez guère attentif à ce genre d’analyse, tout persuadé du Yaka dominant que vous êtes.
Un détail : Je fais partie de ceux que vous appelez si gentiment des « loquedus » : depuis plus d’un an je ne touche plus que les ASS (de 461 à 476 euros par mois), je vis dans un mobil-home dans un camping, ce que j’ai encore c’est ce qu’il me reste de mon ancien statut et, tout comptes faits, j’ai versé largement plus en cotisations chômage au long de ma carrière que ce que j’ai reçu.
Je me demande ce que vous direz quand votre tour viendra